L’activité en Chine continue de décevoir : le PMI du secteur des services a replongé de 57,1 vers 53,9 en juin, après une hausse aussi rapide qu’éphémère de la demande consécutive à la fin des mesures sanitaires.
Le PMI non manufacturier se retrouve aujourd’hui au plus bas depuis fin 2022, alors que le secteur immobilier reste un frein évident à la croissance : les prix continuent de baisser, ce qui plombe le « sentiment de richesse » (et la Bourse chinoise n’est pas dans de meilleures dispositions).
Le chômage des jeunes (16-24 ans) a atteint un niveau record en mai de 20,8%, selon les chiffres officiels publiés le jeudi 15 juin par le Bureau national des statistiques. Cela représente un nouveau record dans le pays pour le XXIè siècle (c’était déjà le cas en avril avec 20,4%). Ce taux n’était que de 18% il y a un an, ce qui représente une progression de 16%, malgré un taux de diplômés « employables » de plus en plus élevé dans les zones urbaines où l’éventail des métiers est le plus diversifié.
Les entreprises chinoises recrutent moins depuis l’été 2022 du fait de la baisse mondiale – et surtout occidentale – de la demande de biens manufacturés.
En sens inverse
Pékin fait énormément de publicité sur la mise en place de mesures de soutien « qui vont permettre d’atteindre et dépasser l’objectif des 5% de croissance », avec l’accélération du lancement de grands projets, la réduction des réserves obligatoires des banques qui accroît leur capacité à distribuer du crédit… et la PBOC (la banque centrale chinoise) est la seule d’un pays développé à baisser ses taux directeurs.
Elle peut se le permettre, puisque le premier semestre a été marqué par une baisse de l’inflation alors que la boucle prix/salaires reste très maîtrisée.
A tel point que les symptômes d’une possible déflation se mettent en place : consommation, emploi, revenu et prix des matières premières restent sur une trajectoire descendante sur les 12 derniers mois et une photographie instantanée ne saisirait pas plus de 3 ou 3,5% de hausse du PIB.
Mais une baisse de taux, et un crédit plus abondant, quand il y a moins de demande extérieure, moins d’embauches, toujours moins de libertés individuelles mais toujours plus de contrôle (notamment de la façon dont les chinois consomment et communiquent), cela ne suscite ni l’euphorie, ni cette forme de légèreté qui incite à dépenser avec la ferme conviction que l’argent va bientôt rentrer, que son patrimoine immobilier va se valoriser.
Embargo contre embargo
En ce qui concerne la bourse, la minorité de chinois qui possèdent un portefeuille ne voient pas la sortie du tunnel : le CSI-100 et le CSI-300 affichent une performance négative depuis le 1er janvier (-0,6% et -0,1% respectivement), le Hang-Seng de Hong-Kong chute de 3,4% (mauvaise tenue des valeurs bancaires et des groupes immobiliers) et Shenzhen sauve l’honneur grâce au bon comportement de quelques « technos » avec +4,2%.
Cependant, de grosses interrogations subsistent sur la suite des événements, notamment du fait de l’embargo américain sur les semi-conducteurs haute performance. Cela concerne par exemple ceux produits par Nvidia, dont le cours progresse pourtant de près de 200% en six mois, comme si la Chine allait demeurer un de ses gros clients.
En réponse, Pékin a décidé cette semaine de réduire ses exportations de gallium (métal rare indispensable au secteur des semi-conducteurs et des batteries) à destination des Etats-Unis. La mesure semble être assez efficace pour faire réagir, puisque la secrétaire d’Etat au Trésor, Janet Yellen, débute une visite diplomatique de trois jours en Chine.
La seule véritable bonne nouvelle des derniers jours pour l’empire du Milieu, c’est qu’il va héberger une des 24 étapes du championnat de F1 en 2024, tandis que la France n’a pas retrouvé la sienne, déjà remplacée cette année… mais espère se rattraper avec les Jeux olympiques, si jamais ils peuvent avoir lieu.
Rédigé par Philippe Béchade
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