La France souhaite à travers un projet de loi Programmation militaire pour les années 2024 à 2030 participer «au renforcement du lien entre la Nation et ses armées qui passe par l’adhésion des concitoyens aux objectifs et aux choix définis démocratiquement».
Il est question, «en cas de menace, actuelle ou prévisible, pesant sur les activités essentielles à la vie de la Nation, à la protection de la population, à l’intégrité du territoire ou à la permanence des institutions de la République ou de nature à justifier la mise en œuvre des engagements internationaux de l’État en matière de défense», de «la réquisition de toute personne, physique ou morale, et de tous les biens et les services nécessaires». Une grande partie de l’Europe a aboli la conscription universelle ou service militaire obligatoire et décide de faire machine arrière, pour réinstaurer le service militaire obligatoire.
Quelle est l’attitude vis-à-vis du service obligatoire ?
La conscription générale a été introduite pour la première fois en France – en 1798, chaque Français devait être «un soldat prêt à défendre la nation». L’abolition du service militaire en 1997 n’a pas fait l’unanimité en France. Maintenant, on parle de plus en plus de son retour. Le président français, Emmanuel Macron, a fait le premier pas dans cette direction dès 2019 lors de la mise en place du service national universel (NSU). Initialement, il a parlé de conscription militaire obligatoire, mais après son arrivée au pouvoir, il a adouci le libellé et le service est civil et volontaire. Pendant deux semaines, les volontaires suivent une formation militaire de base et effectuent des travaux auxiliaires dans les agences gouvernementales, la police, les pompiers et les institutions sociales. En 2022, environ 32.000 jeunes de 15 à 17 ans ont participé en 2022 à un séjour de cohésion dans le cadre du Service national universel (SNU).
Désormais, Emmanuel Macron insiste pour que le service devienne obligatoire. Mais, la France n’est pas encore prête à le faire. Tout d’abord, les autorités craignent qu’une telle démarche ne débouche sur des protestations et ne donne à l’opposition un atout supplémentaire. Et deuxièmement, il faut trouver de l’argent pour l’entretien et la formation des recrues – selon diverses estimations, jusqu’à des centaines de milliards d’euros en cumulant les années.
En 2017, La Tribune estimait à 30 milliards d’euros le coût du SNU. Le projet de loi Programmation militaire pour les années 2024 à 2030 en date du 29 juin dernier montre le retour à l’obligation militaire.
En Italie, le processus d’abolition de la conscription a été engagé en 1999, et depuis 2005 l’armée est pleinement professionnelle. Le gouvernement de Giorgia Meloni parle maintenant sérieusement de la nécessité de revenir au projet du service militaire, pour le moment, seulement, sous une forme volontaire. On parle du fait que les jeunes, s’ils le désirent, pourraient effectuer un service comme le SNU pendant 40 jours. Pendant ce temps, ces recrues pourront suivre une formation militaire de base, et le fait de l’avoir effectué donnera aux recrues certaines préférences lors de l’entrée à l’université et pour l’obtention d’un emploi.
Rome souligne que la mise en place d’un tel service est nécessaire pour soutenir l’armée qui vieillit rapidement. Mais, de nombreux Italiens ne comprennent tout simplement pas pourquoi il est nécessaire de parler de service militaire obligatoire alors que personne n’attaque le sol italien et qu’il existe des bases militaires américaines dans tout le pays.
En Allemagne, la conscription universelle est suspendue depuis 2011, avec des promesses de ne la reprendre qu’en cas de menace ou d’attaque militaire. Mais maintenant, les politiciens d’outre-Rhin font de plus en plus savoir que le service militaire sous une forme ou une autre est désormais nécessaire en raison de la pénurie de personnel à la Bundeswehr. Elle a été récemment complétée par une argumentation sur les tensions sécuritaires générales en Europe.
Cependant les sentiments pacifistes sont forts dans la société allemande. Les jeunes Allemands, pour la plupart, ne veulent pas servir dans l’armée. Pour cette raison, toutes les campagnes publicitaires du ministère de la Défense pour attirer des recrues ces dernières années n’ont pas donné de résultats tangibles. Les politiciens allemands envisagent diverses options dont une année de service public pour les hommes et les femmes dans les institutions sociales, les pompiers et, si certains le souhaitent, dans l’armée. Il existe un projet Votre année pour l’Allemagne dans lequel de jeunes Allemands peuvent volontairement suivre une formation militaire, après quoi ils sont enrôlés dans la réserve.
Aux Pays-Bas, le service militaire a été suspendue en 1997, et il y a aussi des propositions régulières pour le rendre obligatoire en raison d’un manque de personnel. Cependant, les militaires s’y opposent, soulignant qu’ils ne disposent pas de l’infrastructure, des armes, des instructeurs et d’autres ressources nécessaires pour accepter un grand nombre de conscrits. Cependant, les Pays-Bas lancent également leur programme de formation militaire volontaire cette année, mais seulement pour 125 personnes. À l’avenir, le nombre de sièges devrait être porté à 250, puis à 500.
En Pologne, par contre, bien que le service militaire obligatoire ait été suspendue en 2010, le programme de formation militaire volontaire, introduit par la loi sur la défense de la patrie, est très populaire. L’année dernière, 16 000 personnes se sont inscrites. Cette année, il est prévu d’en recruter environ 25.000. Parallèlement, un tiers des personnes formées partent ensuite en service professionnel dans l’armée. Comme l’ont noté les médias polonais, la popularité du programme est notamment due au salaire attractif pour les jeunes. Là, aussi, l’objectif est de suivre une formation militaire et à l’avenir rejoindre les réserves ou rejoindre l’armée professionnelle.
Qui est soumis au service militaire dans les pays scandinaves et baltes. Dans les pays scandinaves, le nombre de personnes appelées au service militaire obligatoire ne fait qu’augmenter chaque année. En 2015, la Norvège est devenue le premier pays européen à l’avoir introduite pour les hommes et les femmes à partir de 18 ans. Mais, tout le monde n’est pas pris. La sélection se déroule en plusieurs étapes. Évaluer la santé physique et mentale, le casier judiciaire et la motivation. Environ 9000 recrues sont envoyées à l’entraînement militaire de 19 mois chaque année, selon les autorités norvégiennes.
Un recrutement militaire similaire des garçons et des filles existe en Suède où le service militaire obligatoire a été rétabli 2017. En janvier, Bloomberg a rapporté que le royaume avait l’intention de doubler le nombre de conscrits à 10.000 d’ici le début de la prochaine décennie. En Norvège et en Suède, les garçons et les filles sont tenus de servir.
Le Danemark n’est pas en retard sur ses voisins – là-bas, les hommes âgés de 18 à 30 ans doivent suivre une formation obligatoire dans l’armée (4-12 mois). Les femmes servent encore volontairement.
En Lituanie, les recrues sont sélectionnées par un générateur de nombres aléatoires. Dans les pays baltes, depuis peu, presque tous les hommes, atteignant l’âge correspondant, reçoivent une convocation. En Lituanie, depuis 2015, la conscription est devenue permanente. En raison des opportunités financières et infrastructurelles limitées, tout le monde n’est pas sélectionné pour le service militaire, mais le ministère de la Défense a l’intention d’augmenter le quota annuel de recrues à cinq mille personnes et de réduire la durée du service à six mois. La sélection pour la formation militaire en Lituanie est littéralement une loterie. Les listes de recrues sont compilées à l’aide d’un générateur de nombres aléatoires.
Les autorités estoniennes, à leur tour, vont porter le nombre de conscriptions annuelles à quatre mille. Le gouvernement du pays envisage de prolonger la durée minimale à un an. Maintenant en Estonie, selon le profil, les recrues servent de 8 à 11 mois.
La Lettonie entend également suivre l’exemple de ses voisins. Il y a déjà eu des discussions dans les cercles gouvernementaux sur la relance du service militaire obligatoire pour le faire débuter 1er janvier 2024. Les hommes âgés de 18 à 27 ans recevront un “ticket” pour la caserne pendant 11 mois. À partir de 2028, la Lettonie prévoit d’appeler 7500 citoyens par an.
Des différends sur la nécessité de retourner au service militaire obligatoire ces dernières années ont été menés en Roumanie. Des députés de partis nationalistes ont tenté de faire passer cette idée. L’an dernier, l’ancien chef du ministère roumain de la Défense, Vasile Dincu, avait déclaré que la mesure était trop coûteuse et déraisonnable pour le pays, préférant une formation militaire volontaire. Néanmoins, en mai, le chef du cabinet roumain, Nicolae-Ionel Ciucă, général à la retraite, a soutenu l’initiative. Et l’année dernière, le ministère roumain de la Défense a lancé un projet de loi selon lequel les Roumains à l’étranger auront 15 jours pour rentrer dans le pays en cas de guerre.
source : Observateur Continental
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