Louis Albert SERRUT a écrit un long article « La dialectique macronienne ». On y trouve cet extrait : « Pour Macron, dont la dialectique est la forme de sa pensée, celle-ci est non dialogique, fermée et sans l’issue de la synthèse. Son hypothèse première d’une dialectique ouverte avec sa formule « en même temps » s’est refermée sur le silence, c’est-à-dire l’impuissance. Le faire, qui est le propre de gouverner, ne serait alors que le faire croire, comme le professait Machiavel. Car les contradictions entre le dire et le faire sont nombreuses (essentielles ?) dans la pratique du pouvoir par Macron ». Pour le dire, c’est arrogance et le pédantisme. Pour le faire c’est le bonneteau et le diabole.
Dans les colonnes de l’hebdomadaire allemand Der Spiegel, Emmanuel Macron, à peine élu en 2017, avait dit ne pas céder face à ceux qui développent, selon lui, des réflexes de jalousie typiquement français. Il fustigeait les "jaloux des riches" après l'avoir fait pour “les cyniques”, “les fainéants”, “les sceptiques", "les fatalistes”, mais aussi “ceux qui foutent le bordel”. Dans l’hebdomadaire allemand du 14 octobre 2017, il déclarait en outre : “Je ne suis pas arrogant, je dis et je fais ce que je veux”. Pourtant il s'est plus d'une fois montré arrogant et a même jugé utile de s'excuser hypocritement de la peine qu'il avait pu occasionner. Il dit et il fait ce qu'il veut ! Quel aveu et quelle mégalomanie ! Selon lui, au lieu d'être maladivement jaloux des riches, les chômeurs, les smicards, les pauvres, les petits salaires devraient accepter leur sort et remercier les riches du ruissellement de leurs richesses jusqu'à eux nourris au goutte à goutte. Il est pathologique et malsain de lorgner sur l'assiette d'un patron du CAC 40. Ce serait donc "la jalousie qui paralyse la France" et on peut ainsi assimiler le mot "jalousie" à celui de syndicalisme. D’ailleurs, selon lui, les riches n’ont pas besoin de président contrairement aux pauvres. Il l’a dit ! Macron avance à mots couverts. Il a même trouvé l'expression "premier de cordée" pour donner une image sportive et montagnarde de la théorie libérale du ruissellement. Imaginez Bernard Arnault en premier de cordée avec ses salariés encordés par le cou ! Ce premier de cordée tirerait donc un peuple jaloux et ingrat, lorsque l'on va au bout des dires du Chef de l'Etat. Il sera donc le président des jaloux et des ingrats. Quel sort leur réserve-t-il ? La casse du code du travail et du salaire brut avec ses cotisations sociales. De quoi les rendre encore plus dépendants de la violence économique, encore plu soumis. Donc moins jaloux et moins ingrats, c’est-à-dire moins revendicatifs. On sait comment Macron traite les manifestants. Les gilets jaunes en témoignent.
Entre arrogance et pédantisme, Macron charlatanise et nous joue des parties de bonneteau... L'éditorialiste Denis SIEFFERT avait repris cette métaphore et écrit justement dans un article sur le site Politis. « On voit bien l’idée. Notre société serait construite à partir de hiérarchies immuables dont la verticalité est aussi abrupte que la face nord des Grandes Jorasses. Pour guérir de cette envie pathologique qui aigrit les cœurs et mine le corps social, le chômeur, le smicard, le salarié feraient donc mieux d’accepter leur sort une fois pour toutes. À le refuser, ils font du mal à la France. Voilà où nous en sommes ! Quand Montesquieu parlait de « jalousie », n’était-ce pas pour louer un peuple « jaloux de sa liberté » ? C’est toujours la même histoire : quand les concessions faites aux riches sont énormes, immédiates, et ruineuses pour le budget de l’État, les contreparties promises aux plus modestes sont, au contraire, pour des lendemains incertains. Comme l’augmentation des salaires des fonctionnaires, budgétée, puis reportée. Ou encore ce marché de dupes : une augmentation bien réelle de la CSG, appliquée sans délai, mais une suppression de la taxe d’habitation renvoyée à plus tard, et qui a appauvri les collectivités territoriales, lesquelles, d’une façon ou d’une autre, le feront payer à leurs résidents : explosion des prix du stationnement en ville, sans parler d’une prévisible détérioration des infrastructures. Au total, la politique d’Emmanuel Macron ressemble de plus en plus à une partie de bonneteau. Les perdants sont toujours les mêmes ».
Macron est de plus en plus arrogant et souvent pédant. Il ne connaît les gens du peuple qu'à travers les préjugés d'un fils carriériste d’une bourgeoisie vaudevillesque. Il ne se soucie pas de la compréhension de ce qu'il dit par le plus grand nombre mais veut briller aux yeux d'une élite intellectuelle. C'est ainsi qu'on relève dans des entretiens l'usage de mots réservés à cette élite, des formules d'apparence savante que le petit peuple ne comprend pas, même en se servant d'un dictionnaire. Son pédantisme est le corollaire de son arrogance. L'un ne va pas sans l'autre et témoigne de l'enracinement bourgeois de ce fils de notables provinciaux. Nous avons relevé quelques exemples de mots précieux utilisés par Macron. C'est ainsi que le 11 novembre 2017, il déclarait : "Je ne céderai pas à l'irénisme naïf" et la semaine suivante il parlait de "disruption sur le plan scientifique et industriel". Le 4 janvier 2018, dans ses vœux à la presse, il évoquait plusieurs régimes politiques tentés par l'illibéralisme. Qu'a-t-il voulu dire dans cette formule savante : C’est une grammaire de la paix et de l’espérance qu’il nous faut aujourd’hui réinventer dans nombre de continents ? On a pu encore entendre dans sa bouche pincée des termes comme ipséité et palimpsestes. Il va chercher des mots rares lorsqu’il ne détourne pas des mots et des expressions comme « révolution », « réforme », « soldats de l’An II »… etc. Il abuse des symboles et de l’histoire de la France. Il a ressorti des mots du vieux monde dont il est secrètement nostalgique. Après la « poudre de perlimpinpin », le « croquignol » et la non moins désuète « antienne », est venu le temps de la carabistouille. On peut rappeler aussi croquignolesque, galimatias… et j’en passe.
On connaît maintenant le goût de Macron pour les tournures de phrases archaïques et les mots d'un autre temps. J’ai lu dans le premier roman policier de Cécile de Roany : « Le langage universel de la bourgeoisie tient dans quelques coups de glotte bien placés » ( Les beaux mensonges, 2023 Pocket). Macron joue de sa glotte. Quittons la forme ! Sur le fond, on le connaît aussi pour sa politique réactionnaire qui nous fait régresser et revenir à une société individualiste et ultralibérale.
Macron est un jeune vieux qui a épousé une femme de 20 ans son ainée. Les Picards disent : « Ce que femme veut, Dieu en tremble ». On peut imaginer l’influence de Brigitte sur le petit Quinquin Emmanuel. Tous les deux sont issus de la bourgeoisie picarde qui n’a pas la réputation d’engendrer des révolutionnaires. Un dicton picard dit bien que les chats ne font pas des chiens. D’autres dictons locaux vont bien à Macron. Il arrive souvent comme le Magnificat aux Vêpres. Il a le diable dans la paillasse. Pour lui la mauvaise humeur est lorsqu’il se lève du pied gauche. Il a une bonne tapette (il a la langue bien pendue). C'est toujours l'âne le plus laid qui passe la tête par-dessus la haie, ce qui signifie qu’il se met toujours en avant par vantardise. Macron est un rejeton de cette bourgeoisie qui possède le pouvoir économique et l’influence politique. Il cherche à se distinguer en singeant les habitudes culturelles de l’aristocratie. On a l’impression qu’il a grandi sous la IIIème République, dans le culte de la société de classes.
Les Ambiens ont laissé leur nom à la ville d'Amiens ainsi qu'à sa région, le grand Amiénois. Ce peuple celte vivait sur le territoire actuel de la Somme. Ambien dérive du mot celtique Ambo signifiant Gué avec le sens de « ceux qui sont des deux côtés » (de la Somme) en référence à la géographie de leur territoire, ou bien « de part et d'autre » des deux nations comme en témoigne leur historique . Tout un symbole lorsque l’on évoque le « en même temps » macroniste. Macron est des deux côtés, de droite et de gauche, a-t-il finalement choisi de faire croire. Indépendamment de ses choix doctrinaires ou idéologiques, il s’est affirmé pro-capitalisme, l’homme des entreprises et d’une économie orthodoxe. Que du vieux !
Louis Albert SERRUT a écrit un long article « La dialectique macronienne ». On y trouve cet extrait : « Pour Macron, dont la dialectique est la forme de sa pensée, celle-ci est non dialogique, fermée et sans l’issue de la synthèse. Son hypothèse première d’une dialectique ouverte avec sa formule « en même temps » s’est refermée sur le silence, c’est-à-dire l’impuissance. Le faire, qui est le propre de gouverner, ne serait alors que le faire croire, comme le professait Machiavel. Car les contradictions entre le dire et le faire sont nombreuses (essentielles ?) dans la pratique du pouvoir par Macron ».
Les opposants à Macron sont qualifiés d’extrémistes, puis tour à tour de fainéants et de jaloux. Macron défend les premiers de cordée. Entendez les riches ! Toutes celles et ceux qui ne sont pas d'accord avec lui seraient des cyniques, des sceptiques, des fatalistes, des fouteurs de bordel. Macron a dit avoir « la volonté de faire vivre notre Renaissance française ». Ne serait-ce pas plutôt un retour à la féodalité ? Prendrait-il les Français pour des débiles manipulables dans un jeu politique de bonneteau ? A force de se prendre pour un grand manipulateur, jusqu'où ira-t-il encore dans l'arrogance et le pédantisme ?
Alexandre Eyries é écrit dans Forbes : « Dans tous ces cas de figure, la communication politique du Président Macron tient parfois moins du symbole que du diabole : « Le préfixe dia- signifie « en séparant, en divisant ». Diaballein a donc pour sens « disperser », puis « séparer, désunir » et enfin « calomnier ». De celui-ci dérive le nom diabolos, qui désigne d’abord un homme médisant, un calomniateur et, à partir de la Bible des Septante, le diable. Le latin l’emprunta sous la forme diabolus, et, dès les débuts de l’époque chrétienne, nomma ainsi le démon. De ce nom a été tiré l’adjectif diabolicus rendu célèbre par cette phrase de saint Augustin devenue proverbiale, mais souvent incomplètement citée : Humanum est errare, diabolicum est per animositatem in errore manere (« Il est humain de se tromper, mais persister dans l’erreur par arrogance, c’est diabolique ») [10] ». Le diabole est caractéristique de la communication politique macronienne, oscillant sans cesse entre gauche et droite, laïcité et chrétienté ».( article du 13 mai 2022 « Emmanuel Macron ou le diabole comme principe communicationnel ») Ajoutons pour conclure : « Dans la pensée médiévale, on distingue le diabole du symbole : le diabole correspond à l’éparpillement et à la dispersion diabolique, alors que le symbole réunit, fait converger et mène le retour à l’unité. (Jacques Siron, La partition intérieure, Jazz musiques improvisées, p.72)
Philosophie magazine avait exhumé un devoir de philosophie écrit par Emmanuel Macron en 1995. Le sujet portait sur la vérité. L’élève Macron a dressé le plan de son devoir qui est édifiant sur sa relation avec la vérité : « Ainsi, dans un premier temps, nous nous pencheront sur le devoir de vérité, qui anime l’homme de science, le philosophe, l’intellectuel, l’être moral, le citoyen. Dans une deuxième partie, nous verrons avec Hegel que ‘rien de grand dans ce monde ne s’est fait sans passion’, et que l’indifférence à la vérité permet de grandes choses. Enfin, dans un troisième temps, nous chercherons à réconcilier ces deux attitudes contradictoires, et que nous pouvons en même temps être soucieux de la vérité et indifférents à elle. ». Voici la conclusion : « On peut tenir à l’exigence de vérité, ne pas y être indifférent, tout en laissant toute sa place à la passion et les grands engagements personnels. Oui, un discours de vérité est possible. Pour ma part, j’ai toujours essayé de dire les choses comme elles sont, de m’approcher d’une forme de vérité. Il faut le faire, au risque de choquer les fainéants ou les peureux. Mais je sais que c’est un long chemin. Comme le dit Pierre Riqueur, la vérité se dit, elle se raconte, elle se cherche en une quête jamais terminée. On ne peut y être indifférent, mais on sait qu’il ne faut jamais être certain de l’avoir trouvée une fois pour toute. Au fond, la vérité est comme nous : jamais infaillible. Et toujours en marche. »
Emmanuel Macron a un tic : il se touche le nez plusieurs fois lorsqu'il parle en public. Il paraît que c'est le signe du syndrome de Pinocchio. En politique il faut se méfier des faux saints qui chient des diableries en se touchant le nez quand la vérité pourrait leur donner tort. Toutefois, pour Macron, la vérité n’est pas « infaillible ». Elle est « en marche » donc on peut la mettre au pas et ne jamais la rattraper. Autant dire qu’elle est volatile. Macron fabrique du brouillard et veut faire croire qu’il fait le beau temps.
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