Un mariage sous de sombres auspices
Afin de consolider la paix en Europe par des alliances et des mariages, Louis XV accepta de marier son petit-fils et héritier, Louis-Auguste, avec la fille de Marie-Thérèse d’Autriche, Marie-Antoinette. Afin d’éviter tout revirement dans cet accord, un premier mariage est célébré à Vienne, par procuration, le 17 avril 1770. Un mois plus tard, lorsque la future dauphine de France est enfin arrivée dans le royaume, l’union est célébrée, le 16 mai, dans la chapelle du château de Versailles. Après un somptueux souper donné dans le nouvel opéra royal du palais, les nouveaux époux sont invités à rejoindre leur chambre nuptiale. Cependant, contre toute attente, le mariage ne sera pas consommé, cette nuit-là. Il faudra attendre pas moins de sept années pour que cela se produise.
En ce temps-là, un mariage princier n’était pas réglé en une journée. La cérémonie religieuse était suivie de fêtes, bals, banquets interminables, durant plusieurs jours, voire semaines. C'est ainsi que les festivités de ce mariage grandiose s'achevèrent le 30 mai, sur la future place de la Concorde à Paris, avec un magnifique feu d'artifice offert par Louis XV à son peuple. Malheureusement, l’une des fusées allumées retomba sur une réserve de poudre et déclencha un violent incendie. La foule rassemblée prit peur, la panique se propagea au point de provoquer une cohue infernale qui causa la mort de centaines de personnes. Dès lors, l'on vit cet événement comme un signe funèbre planant au-dessus du nouveau couple royal, et notamment sur celle que l'on commença à surnommer « l’Autrichienne ».
Louis XVI, un problème technique ?
Les années passent, le dauphin devient le roi Louis XVI à la mort de Louis XV en 1774. Tout devoir de roi et de reine est de donner un héritier au trône afin de perpétuer la monarchie et garantir ainsi la tranquillité du royaume. Chose plus facile à dire qu’à faire. En effet, après sept années de mariage, toujours aucun enfant n'était en vue. Les théories allaient bon train. Certains avançaient que Louis XVI souffrait d’une malformation au niveau des organes génitaux qui l’empêchait d’accomplir ses devoirs conjugaux et qu'une opération chirurgicale s'imposait. D’autres racontaient que les deux jeunes époux souffraient d’une grande timidité l’un envers l’autre et que l’étiquette étouffante de la cour de Versailles rendait délicat tout rapport charnel entre eux. Selon Marie-Antoinette, « le roi n'a pas le goût de coucher à deux ». On dit même que le propre frère de la reine, le futur Joseph II, serait venu rendre visite au couple royal afin de fournir « des conseils d'une crudité que ne craint pas cette époque », comme le raconte Jean Sévillia dans Les Dernier Jours des reines. Quoi qu’il en soit, le mariage finit enfin par être fécond avec la naissance de quatre enfants : Marie-Thérèse Charlotte, née en 1778, Louis-Joseph, né en 1781 mais qui mourut en 1789, Louis-Charles, futur Louis XVII, né en 1785, et, enfin, Marie-Sophie-Béatrice, née en 1786 avant de s’éteindre avant l’âge d’un an.
Quid des relations adultérines ?
Cette histoire et cette difficulté à engendrer ont pu étonner et même amener à se demander si Louis XVI avait bel et bien hérité du sang Bourbon de ses ancêtres. En effet, il n’est pas un roi de France, durant les deux siècles durant lesquels régnèrent les Bourbons, qui n'avait pas entretenu des relations avec plusieurs maîtresses. Louis XV était ainsi le maître du fantasmé harem du Parc-aux-Cerfs, Louis XIV fut le grand roi aux multiples conquêtes féminines et bâtards, dont certains légitimés. Même le timide Louis XIII se lança dans quelques relations platoniques avec certaines dames, tandis que son père Henri IV avait gagné le surnom de Vert-Galant par ses nombreuses aventures. Ainsi, vous comprendrez que si nous devions dresser une liste de toutes les maîtresses royales, nous en aurions pour un long moment. Même les frères du roi Louis XVI, les futurs Louis XVIII et Charles X qui lui succéderont, ont fait honneur à l’héritage amoureux des rois de France. Ainsi, Louis XVI est le seul roi Bourbon auquel on ne connaît aucun amour extra-conjugal.
A contrario, la reine Marie-Antoinette entretient une relation passionnée avec le jeune comte suédois Axel de Fersen. Cet amour fut tel que ce dernier chercha jusqu’à la fin à sauver le roi et surtout la reine de la Révolution et de sa guillotine en 1793. Néanmoins, c’est durant cette triste période pour la monarchie française que le couple royal aura su faire fi de ses différences pour mieux faire face ensemble aux dures épreuves qui les attendaient. Ainsi, selon Jean Sévillia, « Marie-Antoinette a appris à estimer son mari. Il l'a impressionné par son sang-froid, sa hauteur d'âme, sa bonté. En retour, elle s'est associée à lui dans l'épreuve, refusant de l'abandonner […]. Au temple, la foi chrétienne et la vie de famille sont dorénavant leur seul recours », et ce fut le cas jusqu’à la fin de ce couple si particulier.
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