lundi 2 septembre 2024

Mariages forcés au Pakistan : la justification du Monde ne manque pas d’air

 

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On a drôlement raison d’appeler Le Monde « le journal de référence » : il est vraiment le maître étalon de la mauvaise foi médiatique. Un modèle du genre. Le 31 août, dans la rubrique « Planète-climat », ce quotidien si sérieux titrait : « Au Pakistan, les mariages forcés en hausse à cause du dérèglement climatique ». La démonstration est très simple : les moussons étant déréglées, les Pakistanais sont pauvres et n’ont d’autre issue que vendre leur fille.

Est-ce aussi à cause du dérèglement climatique que 1.000 crimes d’honneur (recensés : il y en a sans doute bien plus selon Human Rights Commission of Pakistan), dont les victimes sont quasiment toutes des femmes, sont perpétrés dans ce pays ? Est-ce à cause de la mousson que, de Shahbaz Bhatti à Rimsha Masih, des chrétiens sont régulièrement assassinés ou, comme Asia Bibi, lynchés, calomniés, emprisonnés forcés de fuir clandestinement, que leurs églises sont incendiées, leurs maisons pillées, leurs filles violées, forcées d'épouser leur bourreau en même temps que de se convertir, ou a-t-on le droit d’y voir un élément culturel, religieux, civilisationnel ?

Et quid (pour ne citer qu'elle) d'Afshi Rani ? Originaire du Pakistan, celle-ci a grandi en France. Un été, elle a pourtant été mariée de force à la faveur de vacances au pays, parce que ses manières trop libres faisaient honte à sa famille. À quel moment, exactement, dans cette histoire, intervient le dérèglement climatique ?

Boîte à outils 

Le logiciel du Monde, à l’instar de toute la presse de gauche, est une minuscule boîte à outils homologuée que l’on se doit d’utiliser, à l’exclusion de toutes les autres. Les malheurs du monde sont priés de rentrer docilement au chausse-pied dans ledit bocal bien fermé et de n’en plus bouger. Dans cet attirail, « dérèglement climatique » est la principale pince mutli-fonction, elle sert, comme on le voit ici, à tout, mais en premier lieu à justifier l’immigration, l’Occident étant sommé de se muer en refuge climatique.

Mais il existe aussi, on l’a constaté ces derniers jours pour Éric Comyn dans L’Humanité, le marteau « accident du travail », comme si un refus d’obtempérer s’apparentait à une grue défaillante du fait d’une classe dirigeante capitaliste peu soucieuse de la sécurité de ses ouvriers, ou encore, en cas d’attaque par un « islamiste déséquilibré », l’enclume « services psychiatriques surchargés », parce que le sujet « moyens hospitaliers » est également volontiers porté par la gauche. La réflexion, l’analyse, les leçons à tirer des événements doivent d’une façon ou d’une autre rester contingentées dans cette pensée circulaire auto-alimentée : l'exploration imprudente d’un chemin de traverse non balisé par la gauche serait aussitôt étiquetée d’extrême droite et écartée du revers de la main.

Qui peut jurer qu'avec la canicule de cette fin de mois d'août, le meurtrier en voiture d'Éric Comyn, celui à moto de la petite Kamilya n’ont pas pris un coup de chaud ? Si c’était la touffeur insupportable d'un appartement mal isolé et mal ventilé (ce que c’est, que la vétusté des logements sociaux !) qui les avait incités à prendre l’air sur leur engin ? Pas si absurde, quand on se souvient que le 4 avril 2020, lorsqu’un réfugié soudanais avait tué deux personnes dont un père de famille sous les yeux de son fils de 12 ans, Le Dauphiné libéré avait titré sur la peur qu’aurait éprouvée le criminel d’être atteint du coronavirus, comme si les écrits à caractère religieux, dans lequel il se plaignait de vivre « un pays de mécréants », n’étaient que secondaires.

Tout l'Occident 

Et ce strabisme divergent bien commode est un mal qui affecte tout l’Occident : après l’attentat qui a visé Donald Trump lors de l’un de ses meetings, ce n’est pas la radicalisation des militants anti-républicains qui a occupé les médias mais la législation trop permissive sur les armes à feu permettant ainsi, à la gauche, de tirer la couverture sur un terrain qui lui est familier et propice.

Gare aux quelques médias qui sortent de ce couloir de nage, ils sont aussitôt rattrapés et coulés. La preuve par C8, à laquelle l’Arcom vient de se charger de faire boire la tasse.

Gabrielle Cluzel

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