jeudi 10 octobre 2024

Septembre 70 : l’anéantissement de Jérusalem

 @Paolo Villa/Wikimedia commons

@Paolo Villa/Wikimedia commons
Il y a presque deux milliers d’années, le peuple juif rentrait en rébellion contre son oppresseur, la toute puissante Rome. Cependant, au terme de quelques années de lutte courageuse, cette révolte s’est achevée dans le sang et les cendres, en 70 après Jésus Christ, par l’anéantissement de la ville sainte de Jérusalem et du Temple.

Un royaume dominé et divisé

En 63 avant Jésus Christ, sous la République romaine, les royaumes de Samarie et de Judée sont conquis par l'un des membres du triumvirat qui règne sur Rome : le général Pompée le Grand. Ce dernier transforme alors ces territoires conquis en des états vassaux et alliés de Rome. En -37, un certain juif nommé Hérode, avec l’appui des romains, réussit à renverser l’ancienne dynastie régnante des Asmonéens et à prendre le pouvoir. Devenant roi, il reste néanmoins méprisé par une partie de ses propres sujets en raison de sa cruauté. En effet, ces derniers, prenant au fil des années le nom de Zélotes, restent fidèles à la promesse faite par Yahvé à Abraham qui leur confia la terre d’Israël : « À toi et à ta race après toi, je donnerai le pays où tu séjournes, tout le pays de Canaan, en possession à perpétuité » (Genèse 17:8). Cependant, tous ne s’opposent pas à Rome, comme le Sanhédrin ou les pharisiens, qui s’accommodent même de la présence de l’occupant en Judée avec lequel ils n’hésitent pas à collaborer parfois. Seulement, un esprit de liberté, d’indépendance et de résistance encouragé par les Zélotes, s’empare du cœur de plus en plus de juifs qui, pendant plus d’un siècle, vont attendre l’heure de la renaissance d’Israël.

L’embrasement de la révolte

En 66 après Jésus Christ, un procureur romain du nom de Gessius Florius malmène les juifs par ses décisions injustes et cupides. Un jour, commettant un geste de trop, le romain provoque la colère des Zélotes qui déclenchent une violente révolte et déclarent à tous les habitants de la Judée que l’heure de la libération d’Israël est venue. Les nombreux rebelles sont alors menés par plusieurs chefs comme Jean fils de Lévis, Éléazar fils de Simon et par Simon fils de Giora. Ces derniers, à l’aide de milliers de juifs, réussissent à s’emparer de Jérusalem en chassant les romains et en massacrant leur partisans comme les grands prêtres du Temple. Cependant, Rome ne se laisse pas faire et envoie en l’an 70 le fils de l’empereur Vespasien, le général Titus, en Judée. Celui-ci mène une violente répression contre les juifs qui, par crainte, se réfugient à Jérusalem. La ville alors est un puissante forteresse gardée, selon l’historiographe Flavius Josèphe, par 23 400 rebelles abrités derrière trois séries d’imposants remparts, sans compter la population déjà existante s’élevant à 80 000 âmes. Décidé à faire le siège de la ville sainte, Titus encercle à l’aide de ses quatre légions Jérusalem en avril 70 afin de réduire à néant cette intolérable opposition au pouvoir de l’Empire.

La fin de la rébellion

Le fils de Vespasien réussit au bout de quelques mois à s’emparer successivement des séries de remparts qui défendent les différents quartiers de Jérusalem. Au mois d’août 70, les romains, au terme de nombreux combats, finissent par s’emparer du Temple. Malgré les ordres de Titus de ne pas saccager ce lieu saint d’une grande beauté, un incendie est déclaré et détruit à jamais ce monument sacré. De ce dernier, il ne reste aujourd’hui que l’esplanade, sur laquelle les musulmans ont construit bien plus tard la mosquée al-Aqsa en 637 et le Dôme du Rocher en 692, ainsi un morceau de l’ancien mur d’enceinte, le Mur des Lamentations.

En septembre 70, les derniers combattants juifs de Jérusalem sont vaincus. Titus fait alors raser une partie de la ville, réduit en esclave les survivants et fait exécuter certains meneurs comme Simon, fils de Giora. Rome détruit le royaume de Judée et le réduit à l’état de province afin que nul n’oublie le terrible sort de ceux qui osent la défier. Les fils d’Abraham, d’Isaac et de Jacob subissent ainsi une nouvelle diaspora. Ils devront alors attendre 1948 pour que le souhait des Zélotes de voir un nouvel Israël indépendant et libre puisse s’accomplir, un rêve toujours en péril aujourd’hui.

Eric de Mascureau

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