vendredi 8 novembre 2024

Karl Popper et la théorie de la réfutabilité : une arme contre la pseudo-science

 

Né en Autriche en 1902, Karl Popper est l’un des philosophes les plus influents du XXe siècle. Sa contribution majeure à la philosophie de la science réside dans sa théorie de la réfutabilité, une méthode révolutionnaire visant à distinguer les théories scientifiques des pseudo-sciences. Contrairement au vérificationnisme promu par le Cercle de Vienne dans les années 1930, Popper propose une approche opposée qui privilégie la possibilité de réfuter une théorie pour la considérer comme scientifique.

La réfutabilité comme critère de scientificité

La réfutabilité, selon Popper, établit qu’une théorie ne peut être considérée comme scientifique que si elle est susceptible d’être contredite par des preuves empiriques. Dans son ouvrage Die Logik der Forschung (1934), traduit en anglais sous le titre The Logic of Scientific Discovery en 1959, Popper explique que même un grand nombre d’observations positives ne peut prouver la validité ultime d’une théorie. Par exemple, observer des cygnes blancs ne prouve pas l’absence de cygnes noirs. Seule une preuve contraire – l’observation d’un cygne noir – pourrait réellement contredire l’hypothèse initiale.

Critique des pseudo-sciences : le cas du marxisme et du freudisme

Popper applique sa théorie pour démontrer que certaines doctrines, comme le marxisme et la psychanalyse freudienne, relèvent de la pseudo-science. Selon lui, ces systèmes sont immunisés contre la réfutation : quelles que soient les données observées, elles peuvent être interprétées pour confirmer la théorie. Par exemple, si le prolétariat s’appauvrit, cela valide le marxisme ; s’il s’enrichit, cela peut aussi être expliqué par la théorie. Pour Popper, cette incapacité à être réfutée empêche ces doctrines d’être classées comme scientifiques.

Dans le contexte actuel, Popper pourrait être un guide face à certaines affirmations idéologiques qui dominent les sphères académiques et médiatiques. Les discours autour de la diversité, notamment, sont souvent présentés comme des vérités indiscutables. Par exemple, des études soutiennent que la diversité ethnique et de genre améliore les performances des équipes. Toutefois, il est rarement permis de questionner ces résultats ou d’envisager des conclusions contraires, ce qui va à l’encontre du principe de falsifiabilité de Popper.

La théorie poppérienne pourrait inciter à une plus grande rigueur en exigeant que les recherches sur des sujets sensibles, tels que les bénéfices de la diversité, soient véritablement ouvertes à la réfutation. Sans cette possibilité, de nombreuses « vérités » académiques risquent de devenir des dogmes, plus proches de la croyance que de la science.

L’impact de la réfutabilité pour une science plus authentique

L’exemple de Roland Fryer, un économiste américain dont les recherches contredisaient certaines idées dominantes sur le racisme institutionnel, illustre bien les risques pour ceux qui osent défier le consensus. Ses travaux, qui montraient que les Afro-Américains n’étaient pas plus susceptibles que les Blancs de subir des violences policières létales, ont été vivement critiqués. Fryer a par la suite été confronté à des accusations disciplinaires, laissant penser que certaines conclusions sont indésirables dans le cadre universitaire actuel.

Une application stricte de la théorie de Popper pourrait aider à restaurer une véritable diversité d’opinions dans le monde académique et au-delà. En assurant que chaque recherche est exposée à la possibilité d’une falsification, on garantirait une démarche scientifique honnête et éviterait de transformer la science sociale en un simple véhicule d’idéologie.

La réfutabilité reste aujourd’hui un outil puissant pour promouvoir une science qui cherche la vérité plutôt que l’adhésion idéologique. L’adoption d’un « néo-poppérisme » dans le monde académique pourrait ainsi aider à rétablir une culture de la vérification et de la confrontation des idées. Cela permettrait non seulement de redonner à la recherche scientifique toute son authenticité, mais aussi de lutter contre les dogmes qui émergent dans certaines disciplines sociales.[cc] Breizh-info.com, 2024, dépêches libres de copie et de diffusion sous réserve de mention et de lien vers la source d’origine

https://www.breizh-info.com/2024/11/07/240054/karl-popper-et-la-theorie-de-la-falsification-une-arme-contre-la-pseudo-science/

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire