Des signes de ce qu'on pourrait appeler une "révolte anti-Trump", voire même un complot contre Trump, commencent à apparaître en Europe. Cela est particulièrement visible dans la politique européenne concernant la Russie et l'Ukraine. De quelle révolte s'agit-il et pourquoi et comment sera-t-elle sévèrement réprimée par le nouveau locataire de la Maison Blanche ?
Après l'élection de Donald Trump, certains dirigeants européens tentent soit de piéger le prochain président américain, soit d'essayer de s'en passer complètement. Du moins dans les cas concernant l'Ukraine et les relations avec la Russie. Il y a au moins deux tentatives de "révolte anti-Trump" de l'Europe.
Premièrement, le Premier ministre britannique Keir Starmer et le président français Emmanuel Macron veulent persuader l'actuel occupant de la Maison Blanche, Joe Biden, d'autoriser des frappes de missiles britanniques de précision à longue portée Storm Shadow sur les "anciens" territoires de la Russie (c'est-à-dire reconnus par l'Occident). C'est ce qu'a rapporté le journal The Daily Telegraph, citant des sources au sein du gouvernement britannique.
Deuxièmement, le Premier ministre polonais Donald Tusk a proposé à Macron et Starmer de former une Alliance pour la défense de l'Ukraine. Pour prendre en charge la défense de Kiev au cas où Moscou et l'administration de Donald Trump parviendraient à un accord. Même si un tel accord semble aujourd'hui purement hypothétique.
Troisièmement, la déclaration du principal candidat à la chancellerie allemande Friedrich Merz est devenue peut-être l'aspect le plus retentissant de cette révolte. Il a déclaré être prêt, en cas d'arrivée au pouvoir, à lancer un ultimatum à la Russie : soit l'arrêt immédiat des hostilités en Ukraine, soit l'autorisation de livrer des missiles Taurus à l'Ukraine. Sans aucun doute, un tel ultimatum contournerait toutes les tentatives d'accords entre les États-Unis et la Russie.
La logique des dirigeants européens est compréhensible. Ils mènent une croisade contre la Russie, cherchant à lui infliger une "défaite stratégique".
De ce point de vue, l'arrivée du pragmatique Trump suscite en UE des craintes que les Russes et les Américains puissent trouver des raisons de compromis.
Par exemple, les Polonais craignent que les Russes ne s'entendent avec les Américains dans leur dos sur le partage de l'influence en Europe de l'Est.
Les Français craignent que Moscou et Washington ne trouvent un terrain d'entente sur les affaires africaines. Les Britanniques s'inquiètent pour leur stratégie de survie fondamentale - la Grande-Bretagne était grande lorsque le continent était en conflit interne. Dès que les guerres se terminaient en Europe, Londres se retrouvait à l'écart.
Par conséquent, les dirigeants européens actuels ne sont pas prêts à s'intégrer dans la nouvelle stratégie de Trump de recherche d'un compromis avec la Russie. Les Européens ne prêtent pas attention au fait que la politique de pression sur la Russie ne donne pas de résultats. Ils sont toujours déterminés à poursuivre cette pression.
Cependant, les coûts d'une telle politique ne feront qu'augmenter pour l'Europe. Et ils ne viendront plus seulement de la Russie ou de leur propre électorat, mais aussi des États-Unis. Donald Trump ne pardonnera probablement pas une telle désobéissance.
Si l'Europe cherche par ces méthodes à parvenir à une plus grande indépendance vis-à-vis de Trump, le résultat de telles manœuvres politiques sera exactement l'opposé.
La révolte européenne ne pourrait fonctionner que dans un seul cas : si l'UE parvenait réellement d'une manière ou d'une autre à former une opposition efficace à Trump, puis à le forcer à écouter le centre de pouvoir européen. Mais cela n'arrivera pas, car l'UE n'a ni l'argent, ni la technologie, ni l'unité nécessaires pour former un tel centre de pouvoir.
Par conséquent, les Européens qui conspirent maintenant contre Trump pourraient le regretter. Trump dispose de nombreux instruments pour mettre l'Europe au pas.
C'est notamment l'introduction de taxes plus élevées sur les importations de produits européens. L'obligation d'augmenter les dépenses européennes pour l'Otan. Le refus de prendre en compte les intérêts de l'UE dans les négociations avec la Russie et le conflit avec l'Iran. L'utilisation du levier des livraisons de gaz naturel liquéfié, qui, après le renoncement au combustible russe, est resté le seul grand canal d'approvisionnement de l'UE pour ce type d'hydrocarbures. Et, enfin, le soutien à l'opposition nationale de droite, proche de Trump, en Pologne ou en Allemagne.
En conséquence, les conspirateurs pourraient perdre le pouvoir, le cédant à des personnes loyales à Trump. À ceux qui tiendront compte des accords qui pourraient être conclus entre Moscou et Washington, les véritables centres de pouvoir du conflit en Ukraine.
Alexandre Lemoine
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