Ça bouge en Allemagne à deux mois des élections fédérales de février 2025. Alors que le fougueux Elon Musk estime que seule le parti populiste et identitaire AfD peut sauver l’Allemagne, gouvernement et médias ont lancé un contrefeu en imputant à « l’extrême droite » l’attentat commis par un saoudien sur le marché de Noël de Magdebourg ! Dans cet article – écrit avant l’attentat – Nicolas Faure (notre correspondant Polémia en Allemagne, à ne pas confondre avec l’animateur de la chaîne YouTube Sunrise) analyse les perspectives électorales avant les élections fédérales allemandes de 2025. Il rappelle aussi opportunément que l’Allemagne est la seule démocratie (?) occidentale où le principal parti d’opposition est surveillé par les services spéciaux. Ce qui ouvre la voie a beaucoup de manipulations.
Polémia
Fin 2021, 63% des Allemands sondés se prononçaient pour un gouvernement fédéral dirigé par le SPD, un score bien plus élevé que celui de la CDU/CSU à l’époque. Le SPD, le FDP et les Verts s’étaient alors mis d’accord pour former une coalition, le gouvernement fédéral allemand tricolore rouge-vert-jaune, (socialistes, verts et FDP) ce que l’on appelle communément « l’Ampel – Koalition » en Allemagne.
Au début, la coalition au pouvoir avait un taux d’approbation acceptable.
Puis sont arrivés l’attaque russe contre l’Ukraine et le débat très controversé sur l’aide militaire allemande aux soldats ukrainiens. Cette période correspond aussi au début de la crise énergétique en Allemagne, à la hausse des prix due à une inflation record, et à la fin de la pandémie de Covid.
Même si aujourd’hui en Allemagne la populaire et hebdomadaire question du dimanche, la « Sonntagsfrage », initiée par les différents instituts de sondage ne reflète pas tout à fait le comportement futur des électeurs, celle-ci reste un indicateur important et régulier du climat politique allemand. Sur le long terme, depuis le début de l’Ampel et jusqu’à présent, les trois partis concernés ont connu une baisse de popularité conséquente.
Le SPD est passé de 26 à 16 %, les Verts de 16 à 14 % et la droite « molle » du FDP de 12 à 4 %, bon nombre de ses électeurs s’étant retournés vers l’AfD. L’Alliance Sahra Wagenknecht (le Bündnis Sahra Wagenknecht, abrégé BSW) a quant à lui une chance de faire son entrée au Bundestag en restant stable à 5 %, distançant la gauche de Die Linke qui calent à 3%.
Grande impopularité pour l’Ampel depuis 2022
Peu de temps avant son récent éclatement, l’Ampel enregistrait des taux de satisfaction extrêmement bas : 85 pour cent des Allemands étaient insatisfaits, contre 14 pour cent d’insatisfaits. Ce n’était pas un niveau historiquement bas, mais le cinquième plus mauvais score d’un gouvernement fédéral depuis des décennies.
L’AfD toujours en très bonne position
Selon les instituts de sondages, l’AfD se dirige vers son meilleur résultat à ce jour lors d’une élection fédérale. Elle devrait encore progresser lors de ces prochaines élections, et cela devrait lui permettre d’arriver en deuxième position, juste devant le SPD, en cas de nouvelles élections.
Par ailleurs, L’AfD a déjà désigné sa candidate à la chancellerie pour la première fois dans l’histoire du parti. Weidel, présidente du parti et du groupe parlementaire Alice Weidel doit diriger le parti politique de droite nationale lors des élections du 23 février : elle est créditée de 21% au poste de chancelière, à égalité avec le socialiste Boris, que les électeurs préfèreraient toutefois à Friedrich Merz (candidat CDU/CSU) à ce poste.
Weidel s’est exprimée au Bundestag en sermonnant fermement l’ensemble du gouvernement Ampel, tout en exposant les grandes lignes de la politique qu’elle conduirait une fois à la chancellerie :
« L’AfD veut sortir de l’UE et de la zone euro, exige une politique anti-migratoire stricte, plaide pour un rapprochement avec la Russie, veut restreindre le droit à l’avortement et renforcer les modèles familiaux traditionnels., a-t-elle martelé ».
Et de rajouter : « Nous sommes la deuxième force dans les sondages au niveau national, et nous en déduisons clairement une revendication de gouvernement. »
Le co-président de l’AfD, Tino Chrupalla avait déclaré en septembre qu’il renonçait à se présenter à la chancellerie et avait assuré Weidel de son soutien.
Et de rajouter : « Nous nous voyons comme une équipe avec une attaquante et le porte-parole fédéral Tino Chrupalla comme libéro ! »
En tout état de cause, l’arrivée au pouvoir fédéral de l’AfD, bien que très improbable, serait peut-être bienvenue.
Obstensiblement, il y a partout en Europe, du nord comme du sud, une poussée des partis populistes et identitaires. C’est une tendance lourde. Irréversible sans doute. Mais les capacités de résistance du système sont puissantes : diabolisation, diffamations, censures, provocations policières, répression judiciaire. Et pour cause : l’Allemagne reste le seul pays démocratique au monde dans lequel un parti d’opposition – l’AfD- restant surveillée par un service de renseignement intérieur, en l’occurrence « le Bundesverfassungsschutz », organisme entièrement inféodé aux gouvernements successifs !
Nicolas Faure 22/12/2024
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