Aides à l’Ukraine
Le Conseil européen doit se pencher sur la proposition d’un nouveau soutien financier à l’Ukraine, dont les besoins économiques et militaires se chiffrent en dizaines de milliards d’euros. Si l’Union européenne s’était déjà engagée à verser 50 milliards d’euros sur quatre ans, des voix s’élèvent pour dénoncer un dérapage financier. En octobre 2023, Tony Murphy, président de la Cour des comptes européenne, soulignait déjà à plusieurs reprises des « dépenses sans vision claire de remboursement et un contrôle insuffisant des flux financiers ». Une critique qui semble toujours fondée, à l’heure où les États membres doivent se prononcer sur de nouvelles contributions dans un contexte de ralentissement économique en Europe.
Par ailleurs, la solidarité européenne peine parfois à masquer des intérêts nationaux divergents. L’Allemagne, principal contributeur de l’UE, semble déterminée à maintenir l’aide à Kiev, en partie pour des raisons stratégiques énergétiques et industrielles. En revanche, certains pays d’Europe centrale et orientale expriment des réticences, face à une inflation galopante et à des budgets nationaux sous tension. L’absence - contrainte - d’Emmanuel Macron laisse les mains libres au chancelier allemand de renforcer son leadership européen - alors même qu’au niveau national, il est au plus bas.
Emmanuel Macron absent : une chance pour l’Allemagne ?
Outre l’Ukraine, le Conseil abordera la coordination budgétaire européenne. Avec une inflation persistante et des tensions économiques, l’UE doit arbitrer entre solidarité et responsabilité fiscale. Le chancelier Scholz, en représentant la France, s’exprimera également sur des sujets tels que l’élargissement de l’UE et les défis migratoires. Mais sa position pourrait refléter davantage les priorités allemandes, notamment la réticence de Berlin à durcir les règles fiscales.
Cette situation pourrait affaiblir l’influence de la France, alors que le Président Macron s’est souvent érigé en champion de l’autonomie stratégique européenne. En l’absence d’une voix française claire, la représentation allemande pourrait être perçue comme une occasion, pour Berlin, de renforcer son leadership. L’Allemagne, elle-même contributrice majeure, semble toutefois privilégier un soutien inconditionnel, au risque de fissurer le consensus au sein de l’Union. En filigrane, cette posture pose la question : Scholz saura-t-il incarner une vision française plus mesurée ou en profitera-t-il pour affirmer la position allemande ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire