Cette semaine, le gouvernement pourrait tomber. Les soutiens du bloc oligarchiste ne reculent devant aucune menace pour tenter d’éviter une telle issue, l’influenceuse du Medef, Agnès Verdier-Molinié, décrochant le comble du ridicule en affirmant que cela pourrait donner l’occasion au président de recourir à l’article 16 de la Constitution. Mais la vraie menace pour notre pays, ce n’est pas la censure, ce serait la poursuite des politiques de nos dirigeants, et le maintien du cadre délétère de la monnaie unique.
L’euro, doublement responsable de nos problèmes
Bien sûr, comme je l’ai développé samedi, nos dirigeants sont largement responsables de l’impasse dans laquelle nous nous trouvons. Et, à ce titre, il est particulièrement révoltant de les entendre appeler à la responsabilité des partis d’opposition, ou à menacer, comme Michel Barnier l’a fait la semaine dernière, d’une grave crise s’il était censuré. Ce sont les politiques qu’ils ont choisies qui nous ont mené, une nouvelle fois, à une grave crise. Et voilà qu’ils nous menacent d’une crise si on ne laissait pas au pouvoir pour gérer, avec les mêmes vieilles recettes du passé, qui ne résolvent rien, la situation dans laquelle ils nous ont mis. Au contraire, nous avons besoin de tourner la page des partis oligarchistes du bloc central, dont l’échec est plus que clair, et passer enfin à autre chose, en espérant que ceux qui leur succèderont sauront sortir du cadre étroit des politiques actuelles qui nous ont menés dans cette impasse.
L’hypothèse d’Emmanuel Macron utilisant l’article 16 en cas de censure est ridicule. Nul doute que tous les partis ou presque s’y opposeraient : on peut même se demander si Gabriel Attal apporterait son soutien à une telle manœuvre abusive, pour prendre le minimum de distance avec ce président si impopulaire. La colère des gilets jaunes pourrait n’être qu’un petit mouvement d’humeur par rapport à ce que déclencherait un tel abus de pouvoir, d’autant plus que le président est responsable de la situation actuelle, ayant tout à la fois largement décidé du cap économique de notre pays depuis plus de dix ans et fait le choix de la dissolution qui a ajouté à l’impasse économique une impasse politique. Des censures répétées pourraient au contraire pousser à sa démission, que la seule issue des législatives pouvait justifier. Et la crise actuelle aura le mérite de mener à une clarification politique sur la base de qui censure, ou pas.
Mais par-delà la responsabilité globale de l’UE dans l’impasse économique actuelle, il faut aussi souligner le rôle majeur de l’euro. De manière très intéressante, comment ne pas voir dans la capacité des pays nordiques à faire progresser le salaire médian, et ainsi assurer une meilleure répartition de la richesse économique créée, une conséquence de leur moindre intégration économique, la Suède et le Danemark n’ayant pas rejoint l’euro, et la Norvège s’étant carrément abstenue de rejoindre l’UE. A rebours complet de la propagande des euro-béats, ne pas faire partie de l’euro apporte de grands avantages économiques. D’’abord, cela permet une adaptation du cours de la monnaie à l’économie. Il est profondément néfaste que l’Allemagne, avec son énorme excédent commercial, et la France, avec son déficit colossal, aient la même monnaie. Celle de notre voisin devrait s’apprécier, quand la nôtre devrait baisser. La monnaie unique impose une politique taille unique qui ne convient à personne et empêche toute adapation par la monnaie.
Deuxième problème posé par l’euro : l’incapacité à mener des politiques de monétisation de la dette publique différente par pays. Libre à l’Allemagne, traumatisée par son passé, d’être très réticente à son usage, mais les autres pays devraient pouvoir suivre l’exemple du Japon. Il est tout de même frappant que constater que le Japon de Shinzo Abe a relancé son économie en 2012, malgré un déficit de 8% du PIB et une dette publique plus de deux fois plus importante que la nôtre. De même, les États-Unis ne se posent pas la question de l’austérité, avec un déficit deux fois plus important que la zone euro. En fait, l’euro pousse intrinsèquement les politiques budgétaires vers une gestion austéritaire. Hors de l’euro, nous pourrions sortir de notre impasse par le haut, en relançant l’économie, avec le soutien de la banque centrale, au lieu de pouvoir couper les dépenses et augmenter les impôts pour réduire le déficit, affaiblissant l’économie…
Loin de nous protéger de quoique ce soit, l’euro est un énorme poids pour la France. Non seulement il est trop cher pour un pays comme le nôtre, avec un fort déficit commercial, et il empêche notre monnaie de baisser pour compenser, du fait des excédents des autres membres de la zone euro. Mais en outre, il limite fortement les possibilités de monétisation qui permettrait d’éviter une austérité très destructrice.
http://www.gaullistelibre.com/2024/12/dette-de-la-france-la-vraie-menace-cest.html
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