samedi 14 décembre 2024

Foie gras bulgare, magret polonais… Les éleveurs français crient au scandale

 

@Jean-Pierre Goetz/Unsplash
@Jean-Pierre Goetz/Unsplash
Ce mercredi 11 décembre, la Coordination rurale s’est rendue dans un supermarché de la ville de Fenouillet, en Haute-Garonne. Armés de leurs bonnets jaunes, les agriculteurs du syndicat se sont intéressés aux produits vendus dans cette grande surface de la région toulousaine.

Surprise (ou pas) ! Ils y ont découvert des magrets de canards polonais, congelés en août 2023 pour être mis sur les étals en cette période de fêtes de l’année 2024, de la viande venue tout droit d’Uruguay, des cuisses de poulet sans indication d’origine géographique, des tomates marocaines…

Concurrence déloyale

De quoi, à juste titre, mettre en colère ces paysans. Lionel Candelon, l’un des agriculteurs présents dans la grande surface, confie à BV : « Les supermarchés n’en ont rien à faire, des agriculteurs français. » Cet éleveur de canards n'hésite pas à parler de « concurrence déloyale ». Selon lui, les agriculteurs français qui ont « toutes sortes de normes agroalimentaires à respecter » ne peuvent pas rivaliser avec les concurrents étrangers qui ont moins de contraintes : pas de vaccination contre la grippe aviaire, pas de directive nitrate sur le fumier… Moins contraints, ces derniers font moins d’investissements et sont donc moins chers. Ils deviennent naturellement les partenaires privilégiés des grands groupes agroalimentaires qui, pour marger et satisfaire la demande, tirent les prix.

L’agriculteur ne peut l’accepter : « Je veux bien qu'on nous impose tout ça mais, dans ce cas, ce qui ne répond pas à nos normes ne rentre pas sur notre territoire. » Comment lui donner tort ? Pour des raisons économiques évidentes, mais aussi pour des questions de santé publique. Lionel Candelon est formel : dans les réfrigérateurs des supermarchés, il y a des produits en provenance de « pays qui piquent aux hormones ».

Tromperie internationale

Les Français en ont-ils conscience ? Savent-ils que les bonnes affaires qu’ils mettent dans leurs Caddie™ sont des produits de piètre qualité et potentiellement dangereux pour leur santé ? Rien n’est moins sûr. D'une part parce que le citoyen lambda n’est pas nécessairement au fait des pratiques agricoles des autres pays, de l'autre car l’étiquetage est parfois trompeur. L’éleveur donne un exemple : « Sur les étiquettes des foies gras bulgares, il peut y avoir un drapeau bleu, blanc, rouge. C’est légal. »

Producteurs ou consommateurs, les Français sont dupés et sacrifiés. Demain, avec le Mercosur, ce sera encore pire. Cédric Viallemonteil, éleveur dans le Cantal, s’en inquiète auprès de BV : « Ils vont autoriser l’import de viande avec antibiotique, sans traçabilité… On ne peut pas tolérer ça. Si ça doit se faire, je ne veux plus voir un contrôleur chez moi. »

Tous les agriculteurs français, sans exception, attendent un réveil politique. Ils demandent que des décisions soient prises pour protéger les filières françaises. D’une certaine manière, ils souhaitent que naisse une sorte de nationalisme agricole, car en agriculture aussi, l’absence de frontières cause la perte de la France.

Sarah-Louise Guille
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