samedi 14 décembre 2024

Le missile IRBM russe Oreshnik rendra-t-il visite à l’Occident ?

 

par Ben Fofana

Orban a eu un entretien avec son homologue russe il y a deux jours. S’il affirme, après sa conversation avec Poutine, que la guerre d’Ukraine a pris un tour dangereux, il vaudrait mieux le prendre au sérieux. Car après une période d’accalmie qu’on a pris pour de la sagesse du côté de l’occident, l’Ukraine vient de reprendre ses bombardements sur le territoire russe à l’aide d’ATACMS. Autrement dit, l’armée américaine a recommencé à frapper la Russie. Si les choses deviennent sérieuses, vous entendrez à nouveau parler de l’arme ci-dessous.

L’apparition du missile balistique à portée intermédiaire Oreshnik a semé l’émoi parmi les commentateurs en occident. Pourtant, cette arme n’apporte rien de nouveau dans le champ des armes hypersoniques russes (Sarmat, Avangard, Zircon, Kinjal) qui par leur vélocité et leur capacité à manœuvrer, n’ont aucun moyen d’interception à l’heure actuelle. Ni par sa portée, ni par sa vitesse.

Ce qui est sans doute nouveau ici, c’est le type de combustible, solide et la manière de les expédier. Ce sont des missiles terrestres, mobiles, qui peuvent donc être cachés. Ce qui n’est pas le cas des silos de missiles dont les sites sont probablement connus de l’adversaire de part et d’autre.

Un coup de semonce à l’OTAN en Europe

Face à ce qui ressemble à un déploiement de missiles à portée intermédiaire par les USA dans leurs colonies européennes, les Russes ont fait savoir de manière explosive à ces dernières qu’elles devaient bien réfléchir aux conséquences de leur bellicisme. Car le temps nécessaire à l’Oreshnik pour frapper les capitales européennes s’exprime en minutes, cinq à trente minutes en fonction de la distance entre le tir et sa cible.

Tous les plans pour un déploiement et une projection de forces massives de troupes de l’OTAN contre la Russie seraient anéantis par quelques tirs de ces missiles balistiques hypersoniques. Centres de commandement, aéroports, ports, infrastructures de communication…tout le système de combat de l’adversaire serait soufflé en une trentaine de minutes maximum.

Un message aux USA

C’est un missile à portée intermédiaire qui peut certes être déployé en Europe comme réponse à un éventuel déploiement américain de tels systèmes dans une de leur colonie en Europe. Mais il peut être également être déployé dans le Pacifique et menacer les bases US en Corée et au Japon. Le ministère russe des affaires étrangères a d’ailleurs été clair à ce sujet. Si des armes à portée intermédiaires américaines apparaissaient en Asie Pacifique, les Russes feraient de même. De plus, une prolifération de ces systèmes pourrait se produire dans le monde à travers les alliés de la Russie et les différents proxys, notamment le Hezbollah et les Houthis.

Les bunkers antiatomiques ne vous sauveront pas

Le choix de la cible du missile n’a pas été fait au hasard. L’usine de Yuzhmash avait déjà subi plusieurs bombardements par l’aviation russe à l’aide de Kalibr (missile de croisière). Malgré l’importance des dégâts, l’usine avait toujours repris son activité après quelques semaines de réparations. Cette fois, tout a été rasé, absolument tout ! il ne reste plus qu’un tas de poussière. Il faut savoir que cette usine, construite du temps de l’Union Soviétique était conçue pour résister aux frappes nucléaires, avec des abris antiatomiques s’étendant sur 3 niveaux de sous-sol, les sources parlent de 70 m. C’est ce bunker par excellence qu’a été soufflé par un seul missile russe, lancé sans charge explosive parait-il. Le message pour les dirigeants occidentaux est on ne peut plus clair : il n’y aura aucun endroit où vous cacher ! Si vous provoquer une guerre, nous vous tuerons ! L’Oreshnik a la force d’impact nécessaire pour détruire tout ce qui se trouve sous lui jusqu’à une profondeur de 200 mètres.

Un autre développement important, c’est que les sites de lancement de missiles à tête nucléaire américains pourraient être pris pour cible dans une «frappe préventive» (slogan américain) dans leur version intercontinentale.

Une révolution de la guerre navale

Là où il aurait fallu plusieurs Kinjal ou Zircons pour couler une flotte américaine entière, avec 2 à 3 missiles (20 à 30 millions USD) pourraient envoyer par le fonds un groupe aéronaval complet, soit un porte-avions et 2 destroyers et 2 frégates plus un navire ravitailleur (on va dire 12 à 15 milliards USD). Le perfectionnement des projectiles hypervéloces rend complètement inutiles les navires de surface et amènent les différentes marines à redéfinir leur stratégie (y compris la marine russe lorsque les USA auront leurs propres missiles hypersoniques).

Il est clair qu’avec l’apparition sur le champ de bataille des missiles hypersoniques en général, nous rentrons dans un nouvel univers en ce qui concerne l’art de la guerre, surtout avec les engins robotisés qui deviennent de plus en plus autonomes.

source : Africa Politics

https://reseauinternational.net/le-missile-irbm-russe-oreshnik-rendra-t-il-visite-a-loccident/

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