Alors que la motion de censure a fait tomber le gouvernement Barnier, Emmanuel Macron tente de reconstruire une majorité. Mais sa décision d’exclure le Rassemblement National (RN) et La France Insoumise (LFI) des consultations pour former un nouveau gouvernement suscite une vive opposition et met en lumière une gestion politique qui ressemble davantage à un simulacre de démocratie qu’à un dialogue inclusif.
Une exclusion qui scandalise les Français
Selon un sondage CSA, 65 % des Français désapprouvent cette mise à l’écart des deux principales forces d’opposition. Cette exclusion soulève une question essentielle : comment prétendre gouverner en ignorant des millions de citoyens représentés par ces partis ? Cette décision renforce le sentiment de mépris ressenti par une partie importante de l’électorat, particulièrement les jeunes (69 % de désapprobation) et les classes populaires.
Les arguments avancés par l’Élysée, tels que l’absence de « logique de compromis » de LFI et du RN, peinent à convaincre. Ce choix est perçu par beaucoup comme une tentative de neutraliser toute opposition réelle, au profit d’un consensus artificiel avec des partis alignés sur les positions présidentielles.
Calculs politiques et consensus biaisé
Emmanuel Macron a convoqué à l’Élysée un éventail de partis allant des Républicains aux Socialistes, en passant par les Écologistes et les Communistes, espérant obtenir un accord de non-censure. L’objectif est clair : affaiblir le rôle d’arbitre de Marine Le Pen et de ses alliés à l’Assemblée nationale. En excluant le RN, Macron espère désamorcer leur pouvoir d’influence tout en consolidant un bloc central prêt à le soutenir.
Cependant, ce « consensus » repose sur des lignes rouges infranchissables. Si les Socialistes et les Communistes réclament un Premier ministre de gauche, la droite refuse catégoriquement toute concession sur des dossiers comme l’immigration ou les retraites. Ces divisions rendent l’accord quasi impossible, exposant l’impasse politique que Macron tente de masquer.
Une démocratie de façade : la stratégie du mépris
L’exclusion systématique du RN, qui représente 11 millions d’électeurs, est dénoncée comme un mépris flagrant pour une partie significative des Français. Jordan Bardella, président du RN, a déclaré : « C’est un aveu de l’irrespect du président, qui fait comme si nos électeurs n’existaient pas. » Cette marginalisation ne fait que renforcer la rhétorique antisystème du RN, qui se positionne comme la seule véritable opposition au « grand parti unique » regroupant la gauche et la droite modérées.
Marine Le Pen, de son côté, a dénoncé un « mépris » qu’elle transforme en argument politique. Cette stratégie d’exclusion risque donc de renforcer la polarisation politique et d’alimenter le ressentiment populaire contre une élite perçue comme déconnectée des préoccupations des citoyens.
Les limites d’une manœuvre politicienne
En organisant des consultations où les principaux opposants sont exclus, Macron ne fait qu’aggraver le sentiment d’un simulacre démocratique. Cette stratégie, loin de favoriser une gouvernance stable, accentue les fractures politiques et sociales. Le RN, en position d’arbitre avec ses alliés, pourrait capitaliser sur ce rejet en renforçant son discours de victimisation et son image de défenseur des laissés-pour-compte.
Quant à LFI, leur refus de participer aux consultations, bien que prévisible, illustre également la difficulté pour Macron de rassembler une majorité solide face à des oppositions idéologiquement opposées.
En excluant volontairement deux grandes forces d’opposition, majoritaires dans le pays à elle deux, et alors que les Français ne veulent plus des Bayrou et autres apparatchiks de la politique comme ils l’indiquent élection après élection, Emmanuel Macron donne l’image d’une gouvernance où la pluralité des voix est sacrifiée sur l’autel des calculs politiques. Cette démarche, jugée antidémocratique par une majorité de Français, pourrait bien se retourner contre lui en renforçant le sentiment d’un fossé grandissant entre les élites et les citoyens. Dans ce contexte, l’idée d’un dialogue véritable semble reléguée au second plan, au profit d’un théâtre politique qui ne convainc ni les partis ni les électeurs.
Illustration : DR
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