Vice-président des LR, Mansour Kamardine est député honoraire de Mayotte. Depuis de nombreuses années, il dénonce la submersion migratoire que subit l’île et réclame l’abolition locale du droit du sol. Avec le passage du cyclone Chido, le laxisme de l’État français et la pression migratoire comorienne ont provoqué des morts innombrables dans les bidonvilles. Entretien avec un lanceur d’alerte.
ÉLÉMENTS : Le cyclone Chido a si durement frappé Mayotte que préfet et ministre de l’Intérieur s’avouent incapables d’en dresser le bilan humain et matériel. Qu’avez-vous observé sur le terrain ? Les pouvoirs publics assurent-ils correctement les secours d’urgence ?
MANSOUR KAMARDINE. Mayotte est dévastée du Nord au Sud, d’Est en Ouest. L’ensemble de l’agriculture est ravagé. Les établissements publics sont touchés à 75 %. Les communications sont difficiles, certains villages sont encore totalement isolés. L’eau courante ne sera accessible au mieux que deux fois 8 heures par période de trois jours. La situation économique, sociale, sanitaire et humanitaire est effroyable. Tous les bidonvilles ont été soufflés. Des dizaines de milliers de personnes manquent à l’appel à ce jour. Le décompte malheureusement macabre est impossible actuellement car les services publics essentiels dont l’état civil et l’hôpital fonctionnent en service dégradé. L’État fait ce qu’il peut, ce que je salue, mais il le fait avec les moyens du bord qui sont notoirement très insuffisants. Nous sommes très éloignés d’une gestion de crise idéale en raison d’une planification stratégique indigente depuis des années, ce que j’ai dénoncé bien avant le passage du cyclone Chido, notamment dans un rapport sur la sécurité civile outre-mer en 2021 et plus récemment lors des travaux de la commission d’enquête parlementaire sur les risques naturels outre-mer que j’ai présidé en 2023 et 2024. Tout était écrit d’avant, les risques et l’incapacité à répondre efficacement à un évènement majeur.
ÉLÉMENTS : Certes, mais dans votre communiqué de réaction au cyclone, vous soulevez le problème de l’immigration clandestine comorienne. Ces deux phénomènes sont-ils liés ?
MANSOUR KAMARDINE. Les dizaines de milliers de personnes qui se sont volatilisées (nous ne savons pas ce qu’il est advenu d’eux) habitaient, pour la plupart, dans les dizaines de bidonvilles qui sont répartis sur le territoire de Mayotte, bidonvilles qui ne sont plus que des endroits de désolation. Pour la plupart, ils étaient peuplés de Comoriens en situation irrégulière vivant dans des habitations précaires sans droit ni titre. À Mayotte, la population est composée d’environ un tiers de Français, un tiers de Comoriens en situation régulière et un tiers de Comoriens en situation irrégulière. L’immigration clandestine engendre une croissance démographie de 4 % par an, ce qui rend impossible le développement durable du territoire et entrave la bonne mise en œuvre des politiques publiques. Par exemple, de 2012 à 2017, l’habitat indigne en tôle est passé de 30 % à 40 % de l’habitat total et les conditions d’accès à l’eau potable régressent avec des périodes de coupure de plus en plus longues depuis 2017, coupures désormais permanentes depuis plus d’un an. Lorsque la nouvelle station de désalinisation sera mise en service fin 2025, le réseau sera déjà saturé du fait de la croissance démographique. En outre, il manquait 800 salles de classe de primaire en 2017. En 2024, il en manque 1 200 pour scolariser correctement les enfants. J’ajoute à cela qu’il faudrait en outre construire une classe par jour pour scolariser les enfants issus de trente parturientes clandestines qui accouchent à Mayotte quotidiennement. En quelques années, la délinquance et la violence induites par l’anarchie qui se développe a transformé le 101e département français en coupe-gorge. Il est donc vital pour Mayotte de stopper l’immigration clandestine. À cette fin, il convient de couper toutes les pompes aspirantes de l’immigration clandestine. Pour ce faire, nous devons supprimer le droit du sol (il n’existe à Mayotte que depuis 1994), limiter l’accès gratuit et illimité aux soins, revenir sur l’obligation de scolariser quand les capacités d’accueils sont dépassées dans les communes. Bref, la notion d’intérêt général doit reprendre le pas sur les droits individuels des personnes étrangères entrées en infraction sur le territoire.
ÉLÉMENTS : C’est au nom de l’intérêt général que l’État a lancé les grands projets « Mayotte 2025 » ainsi que le Plan pour l’avenir de Mayotte. La métropole et l’Union européenne y ont déversé des centaines de millions d’euros… en pure perte ?
MANSOUR KAMARDINE. Les centaines de millions d’euros évoqués sont avant tout des annonces pour venir calmer les crises successives à Mayotte et donner le gage à l’opinion publique nationale lorsque le sous-développement du 101e département, patent et indigne de la France, crève les écrans en métropole. À cet égard, le rapport de la Cour des comptes de 2022 sur les politiques publiques à Mayotte est sous-titré « mieux répondre à la démographie, à la départementalisation et aux attentes des Mahorais ». Qui sait traduire la langue administrative pourrait synthétiser ce rapport par « inefficacité de la lutte contre l’immigration, je-m’en-foutisme de l’État et absence de prise en compte des aspirations des Mahorais ». Dans les faits, le plan d’avenir évoqué, d’un montant facial d’1,6 milliard d’euros, correspond à un effort réel de l’État de 85 millions par rapport à ses obligations et compétences propres. Une goutte d’eau lorsque l’on connaît le sous-investissement historique de l’État à Mayotte ! D’autre part sur les 950 millions de part de l’État dans ce plan, 850 millions sont consacrés à la gestion des conséquences l’absence de maîtrise des frontières, dont il est utile de rappeler qu’il s’agit d’une compétence exclusive et régalienne de l’État : 500 millions pour scolariser les enfants issus d’une immigration largement clandestine et 350 millions pour loger ces familles. Ainsi, beaucoup est fait pour les étrangers, peu l’est pour les Français de Mayotte. Le temps est venu de répondre aux aspirations des Mahorais qui sont français depuis près de deux siècles.
ÉLÉMENTS : Malgré tout, la départementalisation de Mayotte décidée par Nicolas Sarkozy fût-elle une erreur ?
MANSOUR KAMARDINE. Absolument pas ! Les quatre principaux appels d’air à l’immigration clandestine sont l’accès à la nationalité, l’accès à l’école gratuite pour tous, l’accès à la santé gratuite pour tous et un droit en contradiction avec l’aspiration populaire de maîtrise de notre destin. Aucune de ces quatre pompes aspirantes n’est la conséquence de la départementalisation. C’est la volonté délibérée, sous François Hollande, de laisser se développer la submersion migratoire de Mayotte à partir de 2012, l’activité ambigüe du Quai d’Orsay vis-à-vis des Comores et l’échec de l’indépendance de ce pays qui ont rendu la situation difficile. Les origines de la pression migratoire sont totalement extérieures à la départementalisation. Nous pouvons donc parachever la départementalisation de Mayotte, tout en coupant les quatre principales pompes aspirantes de l’immigration. C’est même un devoir républicain. J’ajoute qu’il convient de rendre impossible la régularisation à Mayotte des personnes arrivées clandestinement à Mayotte, de détruire systématiquement et immédiatement les constructions informelles et les bidonvilles.
ÉLÉMENTS : Concluons par une polémique. Le chef du Parti communiste Fabien Roussel a déclaré que Comoriens et Mahorais formaient « un seul et même peuple ». Marine Le Pen lui a répondu en dénonçant une « vision raciale nauséabonde ». Où vous situez-vous dans ce débat ?
MANSOUR KAMARDINE. Je ne me situe pas dans le débat entre eux deux puisque je l’ai moi-même abordé depuis des années, dans la presse nationale comme dans l’hémicycle de l’Assemblée nationale. Il fut un temps, les « leaders » de la gauche possédaient une culture historique et portaient haut la notion de nation. J’observe que désormais la couleur de peau et la religion dominent le creuset républicain lorsqu’il s’agit de définir le peuple ! Le racisme de la gauche morale et de l’extrême gauche, notamment à l’égard des Français « racisés » qui aiment la France, montre à quel point ils sont devenus les petits télégraphistes du wokisme. Leur obsession pour la destruction de la nation marque l’emprise de la pulsion de mort sur eux. Mais nous ferons face à la déchéance intellectuelle de cette gauche. Je n’oublie pas non plus qu’un élu LFI des Antilles m’a traité il y a tout juste un an de « nègre », avec le soutien jamais démenti de sa présidente de groupe, considérant probablement qu’un élu mahorais n’avait pas vocation à présider une commission d’enquête alors que Mayotte était le territoire le plus exposé à un événement naturel dévastateur.
Si les bonnes âmes immigrationnistes avaient l’indignité de protester de l’attachement des Mahorais à la France, à son hymne, à sa devise et à son drapeau, nous ne manquerions pas de leur rappeler la très lourde responsabilité de leur idéologie mortifère dans le bilan humain qui s’annonce effroyable et qui me peine tant. Errare humanum est, perseverare diabolicum !
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