Il semblerait que Marine Le Pen suive une trajectoire plus conforme à ce que ses électeurs attendent du RN, que celle affichée bien maladroitement par son poulain. Elle se dit prête à voter une nouvelle motion de censure, tandis que Bardella se retient d’exiger la démission de Macron, au motif que rien n’oblige institutionnellement le président à le faire. C’est exact, pour autant au soir des élections européennes il a bien demandé la dissolution de l’assemblée nationale et rien ne forçait Macron à s’y plier non plus. Mais passons sur cette erreur de jugement, le plus intéressant c’est bien la volonté de MLP de ne plus s’en laisser compter, et de se placer systématiquement sur la ligne non pas la plus dure, mais la plus cohérente qui soit, à savoir refuser les compromis à la petite semaine qui permettraient la mise en place d’un budget n’ayant toujours pas comme objectif la réduction des dépenses superflues ou même totalement inutiles.
Ce n’est que par cette posture qui rompt avec l’habituelle soumission au prétexte de respectabilité ordonné par ses adversaires, qu’elle parviendra à se démarquer de cette classe politique apeurée à l’idée de perdre ses privilèges, ses avantages, en suivant aveuglément les directives imposées par Bruxelles à savoir : plus d’impôts, plus de taxes, plus d’immigration, etc. Ne pas demander la démission de Macron, mais tout faire pour l’y contraindre, voilà ce qui nous convient tout autant au RPF. Toutes les tentatives pour atteindre ce but sont les bienvenues et il n’y a qu’ainsi que Macron, poussé dans ses derniers retranchements, acculés, fera la faute de trop et devra quitter le pouvoir, ou être poussé dehors, lui qui est actuellement la seule goupille qui empêche le système républicain de fonctionner. Rêve éveillé ? Les obstinés nous dirons qu’il a dit qu’il resterait jusqu’au bout, oui, il avait aussi dit qu’il ne dissoudrait pas ! La seule chose qui est certaine, c’est qu’en ne tentant rien, il ne se passera rien. Or le problème est bien incarné par l’homme lui-même. On pourrait nous rétorquer que nous exagérons, soit, tournons nos regards vers l’extérieur, que disent nos voisins sur notre président ? Les Suisses par la voix du Tages Anzeiger qualifie Macron de « saboteur de la Vème république », ironisant jusqu’à s’interroger sur « comment demander au roi de descendre de son trône ou au soleil de quitter le ciel ». L’Italie par l’intermédiaire de Avvenir, n’est guère plus tendre. Macron est « le président le plus narcissique de tous, et ne croit pas la défaite possible alors qu’il l’a sous les yeux ». Le Portugal y va de ses lazzis en saluant les « exploits » de Macron, cet « accélérateur de l’ascension de MLP » capable d’avoir créé un Premier ministre censuré par l’extrême gauche et l’extrême droite en même temps. Enfin, terminons avec le New York Times qui se contente de parler de la future inauguration de Notre Dame par Macron, qui cherche désespérément « une gloire qui lui échappe ».
À côté de cela, et pour expliquer le fameux chaos, des éditorialistes bien de chez nous, pensent que c’est la faute à cette génération demeurée coincée à l’ère gaullienne, y voyant donc une tare générationnelle, là ou le monde entier observe un malade mental qui salit et détruit son pays avec une hargne qui confine à l’obsession jouissive. Mais entre ces brillants journalistes, désormais qualifiés par le grand public de « journaleux », et leurs homologues étrangers, bien entendu, il n’y a qu’eux qui sont éclairés. Ils sont comme Macron, c’est d’ailleurs pour cela qu’ils durent et restent, pour leur capacité à obéir à un pouvoir omnipotent qui interdit la remise en question, et rejette toute responsabilité des échecs sur les autres. Ce ne sont pas eux, responsables de ne faire que de la propagande au détriment d’une analyse juste et sincère, les artisans de cette montée du ras le bol dans la population, non ! C’est la faute à ce peuple de gueux incapable de comprendre les bienfaits d’une mondialisation heureuse, d’un progressisme formidable qui fait que nos enfants sont désormais plus informés sur l’art de la fellation que de la règle de trois ! Oui Marine Le Pen a raison de soutenir l’idée que les motions de censure pourront être votées à chaque fois que l’intérêt des Français sera en jeu. Oui, elle a raison de se moquer des postures de ses adversaires qui la dénigrent et tente encore de discréditer ses actes au profit d’une respectabilité imaginaire, qui consisterait à faire les mêmes erreurs, notamment budgétaires, que celles qui ont conduit les LR, à découvrir que les budgets précédents étaient non pas mauvais, mais suicidaires car ils ne s’attaquaient pas au fond du problème qui est celui de la dépense. Mais comment en serait-il autrement puisque le grand manitou affirmait qu’il n’y avait qu’un souci, celui des ressources ! Toujours plus de taxes et d’impôts pour couvrir des frais inutiles et toxiques et autorisant ces professionnels de la politique à continuer à vivre aux crochets de la nation tout en exigeant des Français sacrifices et restrictions.
C’est en poursuivant cette pression sur des Premiers ministres qui n’auront pas plus de majorités que Barnier, ni de légitimité, si ce n’est celle d’être adoubé par le prince Macron, que ce dernier sera contraint à quitter le pouvoir, et même s’il parvenait jusqu’en juillet, date à laquelle il dissoudra à nouveau, la nouvelle assemblée ne lui permettra pas de dégager une majorité plus claire. Il doit partir.
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Par Gilles La-Carbona : secrétaire national du RPF au suivi de la vie parlementaire
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