jeudi 19 décembre 2024

Quand les Français payent aussi les gabegies de l’Union européenne

 

Capture écran Virginie Joron sur YouTube
Capture écran Virginie Joron sur YouTube
À Strasbourg comme à Paris, les joutes parlementaires offrent parfois de savoureux moments. Lors d'une intervention au Parlement européen, la députée RN Virginie Joron a ainsi récemment déniché quelques exemples aussi étranges qu’inquiétants, sortis des ennuyeux mais bien utiles rapports de la Cour des comptes européenne.

Elle a posé trois questions qui font rire… jaune : « Est-ce que les Français savent que notre argent est utilisé pour construire des garages à vélos en Europe de l’Est ?... Est-ce que les Français savent que Bruxelles a accepté une facture de 6 millions d’euros d’une ONG qui payait son essence jusqu’à 62 % plus cher que le prix, en Afrique ?... Est-ce que les Français savent que Bruxelles a envoyé deux fois plus d’argent après la prise de Kaboul par les talibans, qu’avant ? Pendant que nos soldats se battaient. Finalement, ils sont morts pour rien. » Suit une liste de chiffres qui donnent pour le moins le tournis : « 91 milliards d’engagement pour les retraites des technocrates, 104 milliards d’euros de dépenses à haut risque, 458 milliards d’emprunts (soit 110 milliards de plus en un an) et 712 milliards d’euros de relance post-Covid hors budget. Un plan fantôme, sans aucune traçabilité financière. Même la commission dit qu’elle ne sait pas qui sont les bénéficiaires finaux. Bruxelles flambe pendant que les Français n’arrivent plus à se chauffer. »

La gestion de l’UE pose question

En pleine séance de vote à Strasbourg, Virginie Joron n’a malheureusement pas pu commenter son intervention pour BV, mais ces perles s’ajoutent à un dossier déjà très lourd qui questionne quant aux choix d’investissement et à la gestion de l’Union européenne.

Et la France a d’autant plus de raisons de s’en inquiéter qu’alors que sa dette atteint des sommets inquiétants, elle est malgré cela le deuxième contributeur du budget de l’UE, à hauteur de 25,8 milliards d'euros, derrière l'Allemagne mais loin devant l'Italie et l'Espagne. Mais elle en est surtout, aussi, le deuxième contributeur net. L’an passé, déjà, BV faisait remarquer que la France envoie chaque année dans l’UE (et sans retour) environ 9,3 milliards d’euros, soit l’équivalent du montant nécessaire à l’équilibrage de nos comptes publics, ou deux fois celui de notre administration pénitentiaire, ou encore trois fois celui de l’audiovisuel public français. Voilà qui ne semble pourtant nullement émouvoir François Bayrou et, avant lui, Michel Barnier, pourtant tous deux à la fois grands européistes et à la recherche d’économies budgétaires…

Si l’intervention de Virginie Joron a une utilité, c’est bien de nous alerter sur des choix d’investissement, gabegies et malversations qui sont monnaie courante au sein de l’UE, même si nos journaux télévisés s’y intéressent moins que les nôtres. En cherchant un peu, pourtant, on en apprend ou vérifie de belles. Le site euractiv.fr révélait, l’an passé, ce que la peu poétique littérature de la Cour des comptes européenne nous apprenait concernant le budget de l’UE en 2022, « qui s’élevait à 196 milliards d’euros – soit 4,2 % du budget total, contre 3 % en 2021 ». Le rapport avait relevé, comme les années précédentes, des erreurs « omniprésentes » et son président Tony Murphy avait ajouté que, « compte tenu de la fréquence des erreurs identifiées, [il avait] maintenu une opinion défavorable pour la quatrième année consécutive ». Il n’a pas échappé, non plus, à la même Cour des comptes européenne le fort risque budgétaire encouru par certains investissements qu’elle juge « à fort risque » dans des pays peu sûrs ou en guerre. Elle s’est, notamment, inquiétée de la pluie quasi continue d’euros en Ukraine. Tony Murphy estimait, en effet, que le « risque le plus immédiat » était celui d’un non-remboursement des prêts accordés par l’UE à Volodimir Zelensky. « Cela devra évidemment être très bien surveillé, étant donné la situation dans laquelle on va opérer dès le début et les grandes quantités d’argent qui seront nécessaires », précisait-il, appelant la Commission à surveiller le « risque croissant de déclenchement de passifs éventuels pour le budget de l’UE ». On ne pourrait être plus clair…

Amateurs... et tricheurs

Mais à l’amateurisme gestionnaire s’ajoute aussi la triche. Et les exemples s’amoncellent, au fil des ans, d’innombrables et incessants détournements de fonds européens, notamment dans le domaine agricole, qui s’ajoutent aux fraudes dénoncées (preuve à l’appui) par nos agriculteurs qui arrêtent et contrôlent les camions venus de l’Est (et pas seulement). Avec un budget annuel de plus de 60 milliards d’euros, la PAC (politique agricole commune) constitue le premier poste (environ 40 %) du budget de l’UE. Or, une enquête du New York Times a permis de prouver qu’une partie importante de ces aides sont détournées par les oligarques mafieux de certains pays de l’Est européen. Un cas aurait été repéré en Tchéquie, mais c’est surtout la Bulgarie qui est visée. Malheureusement, l’enquête ne semble pas s’être intéressée à l’Ukraine. Le parquet européen s’est, de son côté, saisi de plusieurs autres dossiers de tricherie concernant notamment des cas de fraude à la TVA. Mais au sein du « bloc central » qui est aux manettes en France depuis 2017, rien ne choque, et surtout pas le fait que c’est bien le contribuable français qui, non content de payer pour des décennies de gabegie de ses gouvernants, doit aussi rembourser les dettes d’une Union européenne à l'évidence bien mal gérée.

Etienne Lombard

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire