Les déclarations récentes de Donald Trump à propos de la guerre en Ukraine marquent un tournant très important dans la politique extérieure américaine. Analyse de Pierre Boisguilbert.
Polémia
La fin de la communauté internationale ?
La communauté internationale est née au lendemain de la Deuxième Guerre mondiale pour sacraliser les valeurs des tombeurs du nazisme. La guerre froide l’a cependant vite limitée aux démocraties libérales dépendantes des Américains. La communauté internationale s’est identifiée alors au monde libre, puis, après la chute du mur, elle a cru pouvoir s’imposer à la planète entière. Cette chimère démocratique, sorte d’État de droit international des pays moralisateurs, vient d’exploser en plein vol. Sans les États-Unis, plus de communauté internationale.
Or Trump vient de claquer la porte au nez de ses anciens partenaires. Le 25 février, on a eu deux télescopages. On a eu le numéro de Macron devant le président américain. Le président français a déroulé sa logorrhée, tout sourire et tactile, devant un Trump ne comprenant pas grand-chose mais s’en moquant visiblement comme de son premier milliard de dollars. En gros, c’est : je te laisse parler pour ne pas t’écouter – version soft du « j’embrasse mon rival, c’est pour mieux l’étouffer ». Et en même temps, comme dirait l’autre, un vote à l’ONU a officialisé au niveau de la communauté mondiale la fin de la communauté internationale. Défiant ouvertement Kiev et ses partenaires européens, les États-Unis ont proposé une résolution alternative prônant une fin rapide du conflit, sans mentionner l’intégrité territoriale de l’Ukraine. Ils avaient précédemment voté contre un texte initial très antirusse. Malgré l’adoption de ce texte, le vote a révélé une perte de soutien significative pour Kiev, notamment celui des États-Unis qui ont voté contre le texte aux côtés de la Russie, de la Biélorussie, du Mali, du Nicaragua, de la Corée du Nord et de la Hongrie.
Vers un nouvel ordre international ?
Un nouvel ordre international prend le pas sur l’ancienne communauté internationale. Il n’y a plus que les Européens, et encore pas tous, pour faire semblant d’y croire. Ceux qui pensaient imposer à Poutine un destin de paria comme pour un vulgaire Milosevic doivent déchanter. Moscou est revenu de plain-pied et au premier rang dans le jeu, au détriment de la fascination des démocraties pour l’acteur ukrainien devenu président. La géopolitique vient de submerger les valeurs se prétendant supérieures mais autoproclamées. Les États, les nations, les peuples et les espaces civilisationnels reprennent tous leurs droits au nom du principe de réalité face à une construction hypocrite de l’esprit qui se voulait mondialiste mais n’a jamais été mondiale. On s’inquiète bien sûr, comme jamais à Bruxelles et dans toutes les officines supranationales, notamment judiciaires, de l’ordre mondial politiquement correct. Tout cela est bon pour les partisans de la souveraineté française dont le combat est rendu impossible par les normes imposées depuis des décennies par la prétendue communauté internationale. Le château de cartes qui se croyait imprenable est en train de s’effondrer.
La communauté internationale a toujours été un tigre de papier, elle est devenue un petit caniche passé à la tondeuse des toiletteurs de Washington et Moscou.
Pierre Boisguilbert 27/02/2025
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