par German Gorraiz Lopez
La doctrine du Schuldenbremse (frein à l’endettement) a été introduite dans la constitution allemande en 2009 avec l’objectif incontournable de garantir que «chaque génération paie ses propres dépenses et ne consomme pas les impôts que leurs enfants paieront sous forme de dette».
Fidèle à cette doctrine, l’Allemagne a réalisé des excédents économiques successifs au cours des cinq dernières années parce que les taux d’intérêt nuls ou négatifs mis en place par la BCE ont nécessité moins d’argent pour rembourser la dette publique, ce qui lui a permis d’accumuler des réserves et de maintenir une dette modérée.
Mais, cette doctrine est devenue un carcan qui a contraint l’économie allemande en empêchant les gouvernements centraux et les Länder de s’endetter pour relever les défis à venir que sont la rénovation des infrastructures routières obsolètes, la numérisation de leurs entreprises et une reconversion industrielle urgente.
L’arrêt de la locomotive allemande
Selon HSBC, le PIB de l’Allemagne chute de 0,2%. «Comme l’a annoncé mardi matin l’Office fédéral de la statistique, l’économie allemande s’est de nouveau contractée au dernier trimestre 2024. Le produit intérieur brut a chuté de 0,2% par rapport au même trimestre de l’année dernière. Pour l’ensemble de l’année, il y a également eu une baisse de la production économique de 0,2%. La raison de la baisse du PIB est, entre autres, une baisse des exportations de biens et services de -2,2%», poursuite le groupe bancaire international britannique.
Cette contraction a provoqué l’entrée de l’économie en récession et une augmentation du taux de chômage, combinées à une forte inflation et à la fin des excédents commerciaux endémiques.
Le gouvernement allemand a revu à la baisse ses prévisions de croissance économique pour l’Allemagne en 2025, les ramenant à 0,3% en raison de la hausse des prix de l’énergie, d’une baisse de la production industrielle due à la faiblesse de la demande européenne, d’une consommation intérieure stagnante et d’une perte de compétitivité par rapport aux pays du reste du monde, ce qui a entraîné une forte baisse des exportations en 2024. Pire encore, CPRAM, le pionnier de l’investissement thématique titre le 17 février dernier : «Allemagne : 5 ans de stagnation».
En revanche, les salaires réels ont stagné en Allemagne, de même que les ajustements budgétaires et les coupes dans les subventions agricoles, qui ont mis les campagnes allemandes et d’autres syndicats sur un pied de guerre.
La fracture sociale devient-elle plus aiguë ?
Selon un récent rapport de l’UE, 7,5 millions d’Allemands travaillent dans des emplois à bas salaires (mini-jobs). La pauvreté en Allemagne reste à un niveau élevé selon l’ONG Paritätischer Gesamtverband : «16,8% de la population vit sous le seuil de pauvreté».
Plan Marshall allemand ?
La première décision du futur gouvernement de coalition Merz-Scholz sera donc de mettre un terme à cette doctrine pour entreprendre un plan ambitieux de régénération de l’architecture économique de l’ancienne locomotive européenne, une sorte de plan Marshall allemand.
Ainsi, la dette allemande ne représenterait que 62,9% du PIB, ce qui, combiné à un excédent commercial de 20,7 milliards d’euros en 2024, permettra au nouveau gouvernement de coalition d’investir des millions dans la rénovation des infrastructures de base telles que le transport ferroviaire, la numérisation des entreprises, l’expansion de la 5G dans toute l’Allemagne et la construction de centrales nucléaires de quatrième génération European Pressurized Reactor (EPR).
Le nouveau gouvernement devra également tracer les grandes lignes de la reconversion industrielle, indispensable à l’économie allemande et qui pourrait entraîner des licenciements massifs dans les secteurs traditionnels comme l’automobile, la chimie, l’électroménager et l’électronique, ainsi que les machines-outils.
Ainsi, après une période de bonne fortune portée par des vents favorables, la crise de l’industrie automobile provoque un choc des plaques tectoniques du secteur industriel allemand qui pourrait ébranler les marques phares de Volkswagen, Daimier et BMW, qui représentent 5% du PIB allemand.
Vers un Dexit en 2030 ?
«Selon les résultats d’une enquête menée en Allemagne sur un avenir meilleur pour l’Allemagne sans l’Union européenne (UE), environ sept pour cent des personnes interrogées à l’automne 2024 étaient entièrement d’accord avec l’affirmation selon laquelle l’Allemagne serait mieux préparée pour l’avenir si elle n’était pas membre de l’UE. Près de la moitié (43%) des Allemands sont fortement en désaccord avec cette proposition», a fait savoir Statista.
Le retour à un mark allemand apprécié réduirait les profits, augmenterait la productivité et augmenterait le revenu réel des consommateurs, car au lieu de prêter leurs excédents d’épargne aux pays périphériques, les Allemands pourraient profiter d’un meilleur niveau de vie chez eux.
La sortie hypothétique de l’Allemagne de l’euro marquerait le début de la fin de la zone euro et la création d’une nouvelle carte économique européenne qui signifierait un retour à des compartiments économiques étanches et le triomphe des États-Unis dans la désintégration de l’Union européenne.
source : Observateur Continental
https://reseauinternational.net/merz-prepare-t-il-un-plan-marshall-allemand/
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