Pour la doctrine d’Action française, l’État fort doit être souverain militairement et diplomatiquement. Mais qu’est-ce que la diplomatie, alors que le terme de géopolitique semble tout recouvrir. Si vous désirez comprendre ce qu’est la diplomatie alors rien n’est plus simple. Il vous suffit de lire l’article de Dominique Decherf dans le dernier numéro de la revue laboratoire des idées royalistes : la Nouvelle revue universelle (toujours chez l’incontournable Librairie de Flore !) qui, à l’initiative d’Axel Tisserand, traite de sept défis pour la France.
Rappelons que Dominique Decherf est docteur en droit, diplômé de l’Institut d’études politiques de Paris et de l’Institut national de langues et civilisations orientales. Il fut diplomate, ambassadeur de France au Rwanda (2004-2006) et à Djibouti (2007-2011). Spécialiste reconnu des relations internationales, il a notamment publié en 2000 Bainville, l’intelligence de l’histoire chez (Bartillat, 2000, toujours à commander à la Librairie de Flore), biographie de référence du fondateur de La Revue universelle, et édité son journal 1914‐15.
C’est par une citation forte de Charles Maurras que Dominique Decherf ouvre son article (NRU 78) sur notre politique étrangère, notant aussi d’emblée, comme un signe d’importance que, « pour la première fois depuis trente ans, il n’y a pas eu de conférence des ambassadrices et ambassadeurs fin août ». Comme si, de l’ordre protocolaire à la dissolution des corps diplomatiques, tout indiquait l’absence de bilan du chef de l’État en la matière — laquelle est pourtant réputée, sans que cela soit inscrit dans la Constitution, être son « domaine réservé », surtout en ces temps incertains de collaboration avec un gouvernement qu’il n’a plus tout à fait à sa main. Et pourtant, ce n’est pas faute de s’investir ! Mais le pari de Macron : transférer à Bruxelles une large partie de notre politique étrangère comme « multiplicateur de puissance », a échoué : « loin de franciser l’esprit de Bruxelles, on a européanisé – et mondialisé – (…) ce qui restait de privilège national ».
Dominique Decherf présente sans ménagement les attendus d’un verdict impitoyable : entre « avilissement de l’instrument », « abâtardissement de la pensée » et « aplatissement du libre arbitre », nous voyons s’éloigner toute possibilité d’une diplomatie nationale dont le dernier succès remonte à 2015 : l’accord de Paris sur le climat – il y a déjà près de dix ans — où « il est agréable de voir notre pays prêter la main aux coalitions d’intérêt qui, sans une puissance dite moyenne ou intermédiaire, ne pourraient pas émerger ».
On pense évidemment à Kiel et Tanger : « Une France pourrait manœuvrer, avec facilité et franchise, du seul fait qu’elle se trouverait, par sa taille et par sa structure, très heureusement établie à égale distance des empires géants et de la poussière des petites nations jalouses de leur indépendance ». La leçon est toujours actuelle, d’autant que, puissance moyenne, la France fait également partie des « grands » en possédant l’arme nucléaire.
Mais Macron, contrairement à Pompidou, n’a pas lu Kiel et Tanger et déduit de notre situation non pas que « les circonstances sont propices à l’interposition d’un État de grandeur moyenne, de constitution robuste et ferme comme la nôtre », mais qu’il convient de favoriser la construction d’un semblant d’Empire — la « souveraineté européenne » — soumis à l’Empire américain. Il convient évidemment de rompre avec cette diplomatie sans imagination et de « penser », contre un tel asservissement conduisant à l’effacement, « la nouvelle donne diplomatique ».
https://www.actionfrancaise.net/2025/02/07/quest-ce-que-la-diplomatie/
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