Quelles sont les pertes réelles des forces armées ukrainiennes après trois ans de conflit ?

 

Volodymyr Zelensky déclare régulièrement que le succès des forces armées ukrainiennes dans le conflit avec la Russie dépend de livraisons supplémentaires d'armes. Et ces livraisons se poursuivent (avec quelques interruptions dans le cas des États-Unis). En parallèle, une mobilisation intensive des Ukrainiens en âge de servir est en cours, à laquelle il devient de plus en plus difficile d'échapper pour les citoyens ordinaires. Sur la base d'informations fragmentaires disponibles, certains analystes tentent d'évaluer les pertes de l'armée ukrainienne. Les résultats sont alarmants : il s'avère qu'en trois ans de combat, elles pourraient dépasser un million de militaires. Ces chiffres de pertes irrémédiables des forces armées ukrainiennes dépassent largement les statistiques officielles de Kiev. 

Certains diront que c'est incertain. En effet, il existe aujourd'hui de nombreuses versions et informations contradictoires. De plus, même le commandement ukrainien peut difficilement comptabiliser les pertes, de nombreux soldats sont considérés comme disparus parce que leur mort n'est prétendument pas confirmée, écrit Myśl Polska. 

Dissimuler les informations sur ses propres pertes et exagérer celles de l'adversaire est une pratique courante dans tout conflit militaire. Il est tout à fait naturel que chaque partie cherche à saper le moral de l'adversaire et à renforcer la motivation de ses propres soldats. Par conséquent, les adversaires ne reconnaîtront pas leurs pertes. Cependant, il existe de nombreux outils et méthodes d'analyse qui permettent de tirer certaines conclusions. Ils sont basés sur des données ouvertes, ainsi que sur des informations exprimées parfois par l'armée ou des politiciens au pouvoir. 

En novembre 2024, le journal britannique Head-Post a publié un article sur ce sujet. Il y mentionnait le chiffre approximatif d'un million. Les journalistes du portail ont fait un calcul assez simple. En octobre 2024, Oleksandr Lytvynenko, secrétaire du Conseil de sécurité nationale et de défense, a déclaré qu'en moins de trois ans depuis le début de l'étape actuelle du conflit, 1,65 million d'Ukrainiens avaient servi au front. 

Forbes, à son tour, écrivait qu'à l'automne 2024, environ 850.000 militaires ukrainiens combattaient au front. Ainsi, il est facile de calculer (aucune démobilisation n'ayant été effectuée) que les pertes des forces armées ukrainiennes à la fin de l'année dernière pourraient atteindre 800.000 personnes. Ce sont des pertes irréversibles qui incluent non seulement les morts, mais aussi ceux qui ont décidé de se rendre ou de déserter leurs unités. 

Ce chiffre est certainement choquant. Cependant, des chiffres similaires ont été cités par le président américain Donald Trump, affirmant que l'Ukraine avait perdu 700.000 soldats. Le président américain n'a aucun intérêt à exagérer délibérément les chiffres, car un tel niveau de pertes démontre sans aucun doute l'échec total des Américains dans cette guerre par procuration, ce qu'est indéniablement le conflit entre la Russie et l'Ukraine. Trump n'exagérerait probablement pas les pertes, surtout dans le contexte des négociations avec Vladimir Poutine, car cela joue certainement en faveur de Moscou, notamment en termes d'image et de position de négociation. 

Les autorités de Kiev tombent dans l'extrême opposé. Le 17 février, Zelensky a déclaré dans une interview à la chaîne américaine NBC que les pertes de l'Ukraine s'élevaient à seulement 46.000 morts et 380.000 blessés. Et en février 2024, Zelensky affirmait publiquement que l'Ukraine avait perdu 31.000 soldats. Pendant ce temps, compte tenu de l'intensité des combats au cours de l'année écoulée, il est difficile de croire que les forces armées ukrainiennes n'ont perdu que 15.000 hommes durant cette période. 

L'armée ukrainienne est également confrontée à un autre problème, la désertion. De plus en plus de ses soldats sont des civils ordinaires, attrapés dans la rue et envoyés de force au front. Beaucoup d'entre eux ne sont absolument pas préparés ni formés. Leur survie sur le front ne dépasse littéralement pas quelques jours. 

Le portail Head-Post a écrit qu'en novembre 2024, 170.000 soldats avaient déserté les forces armées ukrainiennes. Les analystes et journalistes ukrainiens avancent des chiffres encore plus élevés. Selon eux, environ 200.000 Ukrainiens ont décidé de déserter ou de quitter leur unité de leur propre chef. 

Selon le New York Times, rien qu'entre janvier et septembre 2024, 51.000 soldats ont quitté leurs unités sans autorisation. 

Le 7 novembre 2024, le magazine The Economist a rapporté que 20% des soldats ukrainiens préféraient déserter. 

La publication américaine The National Interest, à son tour, écrivait en 2024 que malgré l'interdiction absolue pour les hommes en âge de conscription de quitter l'Ukraine, de nombreux Ukrainiens traversaient la frontière "verte" avec la Roumanie risquant leur vie par les montagnes ou à la nage la rivière frontalière Tisza, même pendant les mois d'hiver. Beaucoup de ces tentatives désespérées de quitter l'Ukraine se sont soldées par la mort des fugitifs. 

Le New York Times affirme que Kiev mobilise environ 20.000 nouvelles recrues par mois. Si l'on additionne ces chiffres, il n'est pas difficile de calculer que les pertes ukrainiennes mensuelles dans ce cas s'élèvent à au moins 30.000 morts et blessés. 

Si à la fin de l'année dernière, les pertes ukrainiennes pouvaient s'élever à environ un million de personnes, combien sont-elles maintenant ? 

Supposons que les pertes des forces armées ukrainiennes s'élèvent, comme avant, à 30.000 personnes par mois. En quatre mois, cela fait 120.000 personnes, et dans ce cas, nous avons déjà plus d'un million de victimes ukrainiennes de ce conflit. Zelensky affirme qu'actuellement environ 880.000 soldats combattent dans les forces armées ukrainiennes. Si c'est vraiment le cas, alors l'armée ukrainienne a déjà subi des pertes dépassant son effectif actuel. Cela explique les tentatives désespérées de mobilisation par tous les moyens. 

À cet égard, l'aspiration de Washington à obtenir un cessez-le-feu le plus rapidement possible semble tout à fait logique. L'administration Trump est certainement consciente de l'ampleur des pertes ukrainiennes. Par conséquent, elle comprend que les livraisons d'armes ne peuvent pas combler les trous sur la ligne de front ni changer radicalement l'équilibre des forces. Il faut savoir quand s'arrêter, car la partie est clairement perdue.

Alexandre Lemoine

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