jeudi 6 mars 2025

Ukraine : l’Europe s’est fait entendre dans… les médias européistes

 

Ukraine : l’Europe s’est fait entendre dans… les médias européistes

La confrontation frontale entre Volodymyr Zelensky, J.D. Vance et Donald Trump à la Maison Blanche a frappé de stupeur tous les commentateurs. Analyse de notre chroniqueur Pierre Boisguilbert.
Polémia

Du jamais vu

La couverture de l’incident de la Maison-Blanche est aussi surréaliste que l’incident lui-même.  Tout d’abord, il est vrai que, de mémoire de vieux journaliste, on n’avait jamais vu ça. Cela étant dit, la présentation de l’incident a été partielle et donc partiale.

Il est vrai que l’homme sans costume s’est fait tailler un costard. Nos médias l’ont forcément trouvé digne et Trump odieux, et son vice-président pire encore.
Mais le début de l’entretien reste occulté et c’est lui qui explique la colère de l’exécutif américain dans le Bureau ovale. Zelensky, reçu partout en Europe comme le petit Jésus dans la crèche, ne s’y attendait pas et il a été déstabilisé.
Mais tout vient du fait qu’il n’acceptait pas l’idée d’un cessez-le-feu prenant en compte la réalité sur le terrain.

Pour l’administration américaine actuelle, le président ukrainien, peu légitime démocratiquement, est prêt à tout pour ne pas admettre sa défaite sur le terrain et à en tirer les conséquences, Il est même prêt à prendre le risque de déclencher une troisième guerre mondiale. C’est sur ce point – manque de réalisme et bellicisme irresponsable – que Trump, contrairement à Biden, rejoint le point de vue de Poutine.

Des médias européistes à plein régime

On est à des années-lumière de l’analyse des dirigeants européens, dont les opinions ont été répercutées en continu par les médias européistes toujours dominants. Dopés à l’indignation, les médias ont vécu une journée des dupes. Ils ont considéré le sommet de Londres du dimanche 2 mars comme la naissance d’un front du refus face à Washington comme à Moscou.
Le sommet, comme la montagne, a accouché d’une souris, de plus unijambiste. On a évoqué l’idée d’une possible trêve partielle n’ayant rien à voir avec un cessez-le-feu et encore moins une perspective de paix. Et puis Londres a démenti l’accord annoncé par le président français alors même que Zelensky rentrait dans le rang de l’accord économique sur les terres rares.
Quant au chef de l’OTAN, après le Premier ministre britannique, il a bien souligné que rien ne pourrait se faire sans et surtout pas contre les USA.

L’Europe aura peut-être un jour, si elle devient enfin un empire des nations, une défense digne de ce nom, mais Poutine et Trump seront morts depuis longtemps. Les européistes le savent et ce n’est pas cela qui les intéresse. Ils veulent instrumentaliser la crise et la scène d’humiliation pour faire progresser leur idéologie fédéraliste dont les peuples ne veulent pas. Ils ne tirent de leçon de rien, mais des opportunités idéologiques de tout.

Ainsi, en France, on voit bien monter la volonté de mettre Marine Le Pen dans l’embarras avec ses proximités présumées avec Trump et Poutine. On ne sauvera peut-être pas Zelensky mais si cela pouvait porter tort à Marine, Giorgia et autres patriotes des classes populistes, ce serait toujours ça de pris.

L’avenir de Zelensky

Quant à Zelensky, après le costard, il va devoir forcément avaler des couleuvres, car il dépend de Trump. Il s’est déjà couché sur les terres rares, mais maintenant c’est son maintien même qui est en jeu. « Nous avons besoin d’un dirigeant qui puisse traiter avec nous, traiter avec les Russes à un moment et mettre fin à cette guerre », a déclaré le conseiller à la sécurité nationale du président Trump, Mike Waltz. « S’il devient évident que le président Zelensky, pour des motivations soit personnelles soit politiques, diverge de la volonté de mettre fin aux combats dans son pays, alors je crois qu’on a un vrai problème », a-t-il ajouté, interrogé sur la chaîne CNN.

On serait Zelensky qu’on penserait à un retour à la case acteur. Il aurait un triomphe aux Césars, mais pour les Oscars ce serait autre chose. La comédie dramatique Anora de Sean Baker, qui avait déjà remporté la Palme d’or au Festival de Cannes, a été saluée de cinq récompenses : meilleur film, meilleure réalisation, meilleure actrice, meilleur scénario et meilleur montage. Il devance The Brutalist, lauréat de trois statuettes. Des cacahuètes en revanche pour le triomphateur des Césars. « Je m’en fous franchement » : c’est ainsi que Jacques Audiard a réagi, au micro de BFM TV, au fait qu’Emilia Pérez n’a remporté que deux Oscars ce dimanche soir. « Franchement ça se termine, c’est bien pour moi. Ça fait huit mois que je suis sur le travail [de promotion], ça suffit. Je n’ai jamais conçu le fait de travailler ici [aux États-Unis] comme une chose supérieure. […] J’aime tellement le cinéma européen. »

Encore une rupture entre les USA et l’Europe autour du wokisme et de l’immigration. Cette édition 2025 des Césars a récompensé Emilia Pérez et L’Histoire de Souleymane. « Le premier, résume L’Incorrect, raconte la transition de genre d’un narcotrafiquant vu avec les outils d’une comédie musicale et qui va se découvrir une conscience ; le second l’exploitation d’un clandestin guinéen. » Rien de bien étonnant mais révélateur d’un pays vitrifié dans ses certitudes idéologiques dépassées. Monte-Cristo, trop intemporel, trop français, bien sûr, pour nos bobos de la pellicule engagée. L’Amérique se donne un nouveau César. Pas Marc Aurèle mais peut-être pas Caligula. Quant à la France, elle consacre un trafiquant de drogue transgenre… On a les Césars que l’on mérite !

Pierre Boisguilbert 05/03/2025

https://www.polemia.com/ukraine-leurope-sest-fait-entendre-dans-les-medias-europeistes/

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