lundi 17 décembre 2012

Aux sources du ... protectionnisme

C'est l'économie qui, hélas, prime le politique et l'idéologie dans nos régimes fondés sur le capitalisme qui se nourrit de libéralisme économique. Souvent, les partis «identitaires», qui refusent la mondialisation et ses sous-divisions sur le chemin de la globalisation, synonyme de domination américaine et de paupérisation, sont accusés de « réflexe protectionniste » comme s'il s'agissait d'une aberration absolue, démontrée et reconnue.
L'organisation de législatives anticipées est justifiée, en France, par les sacrifices à accomplir - qui seront terribles pour entrer dans un système d'économie globale de libre-échange et d'européanisation de notre monnaie. Le pouvoir admet qu'il va pratiquer une politique qui ne sera pas acceptée par le peuple et qui lui vaudrait, dans moins d'un an, un échec politique fondé sur un refus des recettes économiques imposées par une conception étrangère de notre avenir.
Il faut donc tout faire pour éviter un sursaut qui serait qualifié de protectionniste et donc de rétrograde... sans que jamais cependant on ne daigne nous expliquer ce qu'est vraiment le protectionnisme et en quoi son application modérée et raisonnable serait une aberration économique.
Le protectionnisme se définit comme le système économique qui entend protéger la production nationale contre la concurrence étrangère. On comprend donc qu'il ne soit absolument pas politiquement correct... mais pour le reste.
Au départ, le principe est le suivant : plus un pays produit, moins il est amené à puiser dans son stock de métaux précieux. Le plus célèbre exemple de protectionnisme français est celui de Colbert, en 1667, dirigé contre le pays marchand par excellence : la Hollande.
Le libéralisme est la politique vantée par les industriels en position dominante qui veulent exporter pour s'enrichir au détriment des autres. C'est pourquoi, après avoir pratiqué une politique protectionniste en faveur de ses grands propriétaires terriens, la Grande-Bretagne, première puissance industrielle du monde en 1850, devient le pays du libre-échangisme.
Le courant protectionniste est alors représenté par des pays qui veulent se développer sans tomber sous la dépendance de Londres, comme l'Allemand Fichte, auteur de L’État commercial fermé, ou par des penseurs qui veulent préserver les vertus fondamentales des peuples d'un pouvoir industriel mondialiste non contrôlé par l'État représentant les intérêts de la nation.
Une tradition française, appuyée par un déterminisme allemand, se heurte donc à une conception globale du monde déjà de source anglo-saxonne. La première vraie réaction protectionniste à l'offensive du libre-échangisme est située aux alentours de 1800. On peut noter que les USA sont en tête de ce mouvement qu'ils condamnent aujourd'hui bien sûr, avec McKinley en 1890.
Le protectionnisme poussé à son extrême limite débouche sur le système dit de l'autarcie qui se révèle, comme l'Allemagne hitlérienne l'a démontré, être une économie d'autosuffisance prenant en compte la perspective d'une guerre et d'un isolement total.
Dès 1945, les vainqueurs affirment leur volonté de construire un monde sans barrière, et ils bénéficient de l'explosion des échanges commerciaux internationaux qui débouchent sur toutes les organisations économiques internationales que l'on connaît aujourd'hui. En France, c'est la gauche qui, derrière Mendès France, est restée le plus longtemps au regard du socialisme étatique attaché au protectionnisme par hostilité également aux grands trusts internationaux rejoignant, curieusement mais à première vue seulement, les thèses des nationalistes.
Aujourd'hui, les USA - protectionnistes quand ils sont gênés par les Japonais - sont les champions d'une globalisation de l'économie qui conforte leur primauté politique mondiale. L'Europe n'est, à cet égard, dans sa conception maastrichtienne, qu'un appendice de cette collaboration économique devenue, avec les médias audiovisuels capitalistiques, également culturelle.
On entend dire que le retour au protectionnisme entraînerait l'effondrement du monde bâti depuis la Seconde Guerre mondiale. Mais, mis à part le fait que l'utilité de la survie de ce monde mérite un autre débat, Il s'agit là d'un protectionnisme présenté par ses adversaires et caricaturé. Les échanges commerciaux internationaux sont un élément majeur de la vie des nattions - personne ne peut dire le contraire - mais quand on estime qu'il y a, dans ces nations, des choses primordiales à protéger, on peut légitimement se référer à un néo-protectionnisme de salut public qui est peut-être, d'ailleurs, urgent à réinventer.
Les champions du capitalisme ultralibéral n'aiment pas les nations et veulent leur interdire les moyens de protéger leurs citoyens de la concurrence mondialiste, Le protectionnisme redevient à l'ordre du jour et une nouvelle réaction internationale devant les échecs du capitalisme libre-échangiste n'est plus à exclure... Nous ne sommes peut-être pas en 1789, mais nous sommes certainement en 1800.
National Hebdo du 1er au 7 mai 1997

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