La « diabolisation » est une
technique de manipulation des esprits. Elle vise à interdire la
description des faits ou l’expression de certaines idées en
disqualifiant celui qui les rapporte, en l’accusant d’ « extrémisme »,
de « dérapage » ou de « provocation ». La diabolisation est l’arme
majeure du terrorisme intellectuel. Arme régulièrement utilisée en
France depuis quarante ans mais qui a aussi été employée avec succès
ailleurs.
Petit rappel historique en forme d’explications :
1968 : Enoch Powell
Helléniste, latiniste, poète anglais,
ancien de Cambridge, le député conservateur Enoch Powell était promis
aux plus hautes destinées britanniques. Mais, élu d’une banlieue de
Birmingham, il jugea de son devoir de s’inquiéter de l’immigration
massive qui affectait alors sa circonscription. Son discours du 20 avril
1968 reste prophétique. Mais une campagne de diabolisation s’abattit
sur lui. Pour évoquer les risques des sociétés multiculturelles il avait
cité un vers de Virgile : celui évoquant la vision de la sibylle
décrivant le « Tibre tout écumant de sang ». Le peuple britannique
apporta son soutien à Enoch Powell mais les médias ne retinrent de son
discours qu’une expression, celle des « fleuves de sang ». Enoch Powell
fut brisé par le Système qui lui préféra le pâle Edward Heath. Plus
tard, la leçon fut retenue par Margaret Thatcher : pour conserver le
pouvoir et imposer des réformes libérales, la « Dame de fer » sut
mobiliser l’esprit national pour reconquérir les Malouines mais laissa
des pans entiers du Royaume-Uni s’islamiser et s’africaniser.
http://www.youtube.com/watch?v=7wGtcloE0i8&feature=related
http://www.youtube.com/watch?v=7wGtcloE0i8&feature=related
1979 : la campagne de presse contre la « Nouvelle Droite »
Durant l’été 1979, les grands médias
lancèrent une campagne de presse massive visant à disqualifier des clubs
de réflexion (GRECE et Club de l’Horloge) et un journal en plein essor,
le Figaro Magazine, tout en « compromettant » le RPR et l’UDF.
Sans qu’il y ait eu une seule phrase à reprocher aux mis en cause,
l’objectif était de frapper d’interdit certaines idées : celles qui
valorisaient les origines européennes de la civilisation française,
celles qui prenaient en compte la diversité et l’originalité des
cultures, celles qui relativisaient le rôle de l’acquis par rapport à
l’inné. Toutes idées jugées non « correctes » tant par les tenants d’un
marxisme finissant que par les partisans de la nouvelle idéologie des
droits de l’homme en train de se constituer autour de Bernard-Henri
Lévy.
http://www.polemia.com/article.php?id=2737
http://www.polemia.com/article.php?id=2737
1980 : l’attentat contre la synagogue de la rue Copernic
Le 3 octobre 1980, une bombe explosa
devant la synagogue de la rue Copernic à Paris. Immédiatement «
l’extrême droite » fut accusée. Et le président de la LICRA, Jean
Pierre-Bloch affirma : « Les assassins, ce sont aussi ceux qui ont créé
le climat » ; il visait là les journalistes du Figaro Magazine,
ciblés aussi par BHL. Quant au pouvoir exécutif de Giscard, Barre et
Bonnet (ministre de l’Intérieur), il fut accusé de complaisance avec l’ «
extrême droite ». On sut très vite pourtant que l’attentat était
d’origine proche-orientale mais l’effet politique des accusations
mensongères fut redoutablement efficace : la direction du Figaro Magazine fut épurée et Valéry Giscard d’Estaing battu à l’élection présidentielle de mai 1981.
http://www.polemia.com/article.php?id=2735
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1980 : le parti communiste et le bulldozer de Vitry
Le 24 décembre 1980, la municipalité de
Vitry, conduite par son maire, bloque au bulldozer la construction d'un
foyer de travailleurs immigrés devant abriter 300 travailleurs maliens.
Le maire Paul Mercieca est soutenu par Georges Marchais puis par une
résolution du Comité central du parti. Georges Marchais affirme alors
qu’ « il faut stopper l’immigration officielle et clandestine ».
Une campagne médiatique se déclenche
alors contre le parti communiste. Etre allié de l’Union soviétique et
défendre le goulag ne l’empêchait pas du tout de disposer d’un accueil
favorable dans les médias ; en revanche, refuser l’immigration l’expose à
la diabolisation. Pour y échapper, et malgré le soutien des populations
locales, le parti communiste plie et se soumet aux dogmes de «
l’antiracisme ». Il y perdra progressivement la totalité de son
électorat populaire aujourd’hui partiellement remplacé par l’électorat
immigré.
http://www.dailymotion.com/video/xctabd_le-communisme-a-la-papa_news
http://www.dailymotion.com/video/xctabd_le-communisme-a-la-papa_news
1983 : Dreux et le Front national
Aux élections municipales de 1983, le
thème de l’immigration, abandonné par le parti communiste, revient sur
le devant de la scène, notamment dans le XXe arrondissement de Paris où
Jean-Marie Le Pen est candidat et à Dreux où Jean-Pierre Stirbois
conduit la liste du Front national. La socialiste Françoise Gaspard
ayant fraudé pour être réélue en mars 1983, les élections de Dreux sont
annulées ; de nouvelles élections ont lieu en septembre : pour emporter
la ville, la liste RPR/UDF fusionne au deuxième tour avec celle de
Jean-Pierre Stirbois. La gauche lance alors une campagne de
diabolisation du Front national et reçoit pour la circonstance le
soutien de Simone Veil que ce choix isole au sein du RPR et de l’UDF.
1986 : la mort de Malik Oussekine et le sida mental
En 1986, le gouvernement Chirac cherche à
réintroduire la sélection à l’université et à réformer le code de la
nationalité. La gauche et les organisations antiracistes subventionnées
organisent alors des manifestations violentes de protestation.
Dans le Figaro Magazine du 6
décembre, Louis Pauwels dénonce « le monôme des zombies » : « Ce sont
les enfants du rock débile, les écoliers de la vulgarité pédagogique,
les béats nourris de soupe infra-idéologique cuite au show-biz, ahuris
par les saturnales de “Touche pas à mon pote”. (…) L’ensemble des
mesures que prend la société pour ne pas achever de se dissoudre :
sélection, promotion de l’effort personnel et de la responsabilité
individuelle, code de la nationalité, lutte contre la drogue, etc., les
hérisse. (…) C’est une jeunesse atteinte d’un sida mental. »
Le même 6 décembre, à l’issue de la
destruction d’une barricade par la police, un immigré sous dialyse
rénale, Malik Oussekine, trouve la mort. Une puissante campagne de
sidération de l’opinion s’engage et débouche finalement sur le retrait
des lois sur l’université et la nationalité. Formule choc qui illustre
bien la baisse des capacités immunitaires et de défense de la société,
le « sida mental » est au cœur du scandale médiatique. Mais
l’enchaînement des événements montre sa réalité. Aujourd’hui encore
c’est le « sida mental » qui rend impossible la répression des émeutes
ethniques dans les banlieues de l’immigration.
1987 : le « détail » de Jean-Marie Le Pen
Le « détail » de Jean-Marie Le Pen est
souvent considéré – par ses partisans comme par ses adversaires – comme
l’explication majeure de la diabolisation du Front national (le mot «
détail » a lui-même été diabolisé !). Ce point de vue mérite d’être
fortement nuancé voire corrigé :
- - d’abord, parce que l’affaire du « détail » ne fut qu’une opération de diabolisation parmi beaucoup d’autres ; il est d’ailleurs intéressant de constater que la campagne de presse contre le « détail » de Jean-Marie Le Pen ne se déclencha pas immédiatement après l’émission « RTL/Le Monde » mais… 48 heures plus tard ; émotion et indignation ne furent pas instantanées mais programmées ;
- - ensuite, le « détail » survenu en septembre 1987 n’empêcha pas Jean-Marie Le Pen d’obtenir les 500 parrainages de maire nécessaires à sa candidature à l’élection présidentielle, ni de rassembler, au 1er tour, 14,5% des suffrages, doublant quasiment le nombre de ses voix par rapport aux élections législatives précédentes.
1990 : la profanation de Carpentras
Il y a chaque année – ce qui est
déplorable – plusieurs centaines de profanations de cimetières. Dans
plus de 90% des cas il s’agit de cimetières catholiques et cela n’émeut
personne dans la classe politico-médiatique. Il n’en va pas de même
lorsqu’il s’agit de profanations de sites musulmans ou juifs.
A l’origine, la profanation du cimetière
de Carpentras ne fit l’objet que d’une simple dépêche de quelques
lignes sur l’AFP ; puis elle fut mise en scène par le ministre de
l’Intérieur, Pierre Joxe, et devint un événement national de première
ampleur. L’ensemble fut couronné par une grande manifestation
PS/RPR/PC/UDF/LCR/SOS-Racisme/LICRA conduite par François Mitterrand.
L’ancien directeur des RG, Yves
Bertrand, a décrit l’affaire dans un livre de mémoires, n’hésitant pas à
la qualifier de manipulation médiatique, sans se prononcer sur
l’origine de l’acte lui-même si ce n’est sur la parfaite innocence du
Front national. Parfaite innocence qui n’empêcha pas que soit brisée
l’ascension du Front national qui venait pourtant d’obtenir l’élection
d’un député au scrutin majoritaire (Marie-France Stirbois).
L’affaire de Carpentras reste dans les
mémoires car c’est la plus forte opération de sidération des esprits des
quarante dernières années. Sidération qui s’opéra donc sur la base,
sinon d’un mensonge, du moins d’un fait fantasmé et qui permit, quelques
semaines plus tard, le vote de la loi mémorielle qui porte le nom du
député communiste Jean-Claude Gayssot : loi liberticide qui crée le
délit d’opinion historique. http://www.polemia.com/article.php?id=1573
2004 : l’affaire Vanneste, la diabolisation au nom de l’homophobie
Le député UMP Christian Vanneste a déclaré, le 26 janvier 2005, dans des interviews à La Voix du Nord et à Nord Eclair :
« L’homosexualité est une menace pour la survie de l’humanité […]. Je
n’ai pas dit que l’homosexualité était dangereuse. J’ai dit qu’elle
était inférieure à l’hétérosexualité. Si on la poussait à l’universel,
ce serait dangereux pour l’humanité […]. Pour moi leur comportement est
un comportement sectaire. Je critique les comportements, je dis qu’ils
sont inférieurs moralement […]. »
Propos normaux pour un député
conservateur et un philosophe catholique mais qui valurent à Christian
Vanneste une puissante campagne de diabolisation. Il fut d’ailleurs
poursuivi devant les tribunaux pour « homophobie », un délit créé sur le
modèle des précédentes lois liberticides à la suite d’un montage
médiatique. Un homme agressé avait médiatisé les coups dont il avait été
victime en prétendant que ses agresseurs l’avaient frappé en raison de
son orientation sexuelle. En fait, son agression était le fait de son «
compagnon ». Mais l’émotion suscitée par le montage médiatique permit la
création par la loi du 31 décembre 2004 du délit d’ « homophobie ».
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Vanneste
http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Vanneste
2006/2009 : la diabolisation de Benoît XVI
Il n’y a pas que les hommes politiques
ou les intellectuels qui soient exposés à la diabolisation. Les hommes
de Dieu aussi. Lorsque Jean-Paul II mourut, les médias mondiaux
dressèrent le portrait robot du futur pape idéal : un Sud-Américain ou
un Africain, progressiste, tourné vers les médias et attaché à une
expression émotionnelle de la foi. Le Sacré Collège élut un cardinal
allemand, intellectuel et philosophe, attaché à la raison et à la
tradition. A partir de là toutes les occasions furent bonnes pour
diaboliser le « pape allemand » :
- - son discours de Ratisbonne, où il s’interrogeait sur la religion et la raison (et soulignait les différences entre le catholicisme et l’islam) ;
- - ses propos africains sur le préservatif dont l’Eglise catholique peut pourtant difficilement… recommander l’usage.
Dans ces deux cas la technique de
diabolisation fut la même : la mise en exergue d’une phrase sortie de
son contexte. La même technique que celle utilisée en 1968 contre Enoch
Powell.
Enfin la reductio ad Hitlerum fut
aussi utilisée lors du rapprochement de Rome avec les évêques
traditionalistes, l’un d’entre eux, Monseigneur Williamson, ayant tenu
des propos révisionnistes, propos, certes, condamnables au regard du
droit français (mais non du droit britannique) mais propos ne relevant
en rien du droit canon (à moins de changer les dogmes de l’Eglise
catholique).
Bien entendu ces campagnes médiatiques
ne sont que des prétextes utilisés par l’oligarchie médiatique dominante
pour s’opposer à toute forme de retour vers la tradition catholique
dont l’Eglise s’est éloignée à la suite de Vatican II. http://www.polemia.com/article.php?id=2002
Les diabolisés : les nouveaux dissidents
Les diabolisateurs sont les hommes
d’influence qui tiennent le « manche ». Ce sont des hommes de pouvoir
médiatique, politique ou financier, souvent défenseurs de groupes de
pression communautaristes.
Les diabolisés sont, eux, très divers :
on y trouve des intellectuels, des hommes politiques, des hommes
d’Eglise. Par-delà leurs différences, on trouve quelques points communs :
souvent une grande culture, un attachement à des traditions, toujours
du courage et de la lucidité et des convictions fermes qui les amènent à
s’opposer au « politiquement correct », au « moralement correct », à «
l’historiquement correct ».
Le club des « diabolisés » fait penser
aux clubs des dissidents des régimes totalitaires, ces régimes si bien
décrits par George Orwell dans 1984. Des dissidents que le pouvoir
soviétique qualifiait de « hooligans » !
Ce qui prouve qu’être diabolisé, c’est
plus qu’honorable, même si cela peut coûter cher : Louis Pauwels n’entra
pas à l’Académie française, Enoch Powell se vit barrer la route de
Downing street, Christian Vanneste ne deviendra jamais ministre et
Benoît XVI aura toujours du mal à être aimé des grands médias !
Comment combattre la diabolisation ?
Une précision d’abord : la diabolisation
ne s’évite pas, sauf par le silence, la repentance et le reniement de
convictions non conformes. Il ne sert à rien, non plus, de « hurler avec
les loups » et de tenter de dénoncer ceux qui seraient encore plus
diabolisables que soi. Là aussi c’est aller contre l’honneur et contre
ses propres intérêts car cela revient à s’inscrire dans la logique des
diabolisateurs.
Alors, quand on refuse de suivre la
pente dominante – à quelque niveau que l’on se trouve – il faut
s’apprêter à faire face à la diabolisation.
Avec lucidité et courage. Il n’est pas
toutefois interdit d’être habile : défendre des idées non conformistes
c’est comme une course d’arêtes, cela implique de ne tomber ni d’un côté
ni de l’autre ; il ne faut céder ni à la facilité ni à l’excès.
Mais il faut aussi faire face aux
diabolisateurs : dévoiler leurs arrière-pensées et les intérêts qu’ils
servent ; effectuer les rappels historiques nécessaires ; et se poser
une bonne question : Qui dans l’histoire a laissé sa marque sans avoir, à
un moment ou à un autre, été diabolisé par les intérêts du moment ?
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