mercredi 12 décembre 2012

Polémia a dix ans ! (entretien avec Jean-Yves Le Gallou)

En décembre 2002, Jean-Yves Le Gallou créait l’association loi 1901 pour une Fondation Polémia afin d’investir un domaine souvent laissé en jachère, celui des idées et de la métapolitique. Très vite, l’association s’est dotée d’un médium remarquable, Polémia (www.polemia.com) qui fait partie des sites de l’Hexagone les plus consultés.
Europe Maxima revient avec son président – fondateur sur cette première décennie riche en activités variées.
Europe Maxima : Polémia a dix ans. Pouvez-vous nous rappeler les raisons de sa création ?
Jean-Yves Le Gallou : À l’aube du XXIe siècle, nous avons été quelques-uns à penser qu’il fallait engager de nouvelles formes d’action et de réflexion. Avec une idée-force : occuper l’espace Internet. Ce que Polémia fait pleinement aujourd’hui sur le terrain de la réflexion et de la réinformation. L’idée était de contourner les médias classiques
Nous avions une seconde intuition : que de nouvelles lignes de fractures idéologiques et politiques allaient apparaître et qu’il fallait anticiper ce mouvement. Cette intuition s’est avérée juste : il est clair, par exemple, que nous avons des convergences avec des laïcs et des protectionnistes venus de la gauche. Et que les plus lucides – ou les plus courageux – de ces hommes et de ces femmes-là acceptent et assument ces convergences. De même que nous reconnaissons qu’il peut y avoir des choses justes dans certaines intuitions économiques et sociales de la gauche. Pour notre part, tout ce qui est dissident est nôtre ! Il est dans la vocation de Polémia de réhabiliter la fructueuse opposition des contraires.
E.M. : Lors de la fondation de Polémia, vous souhaitiez vous adresser aux « jeunes guerriers économiques ». Ont-ils répondu à votre appel ?
J.-Y.L.G. : Je sens percer une pointe d’ironie dans votre question ! Bien à tort ! La guerre économique fait partie des réalités de ce monde. Et les jeunes guerriers économiques ont nourri notre réflexion sur l’utilisation d’Internet, sur le patriotisme économique, sur le protectionnisme raisonnable, notamment.
Ceci étant, c’est vrai que, s’ils ne sont pas « à leur compte », à la tête de P.M.E., plus ou moins grandes, les jeunes guerriers économiques risquent de devenir la chair à canons du Grand Capital.
E.M. : En dix ans, Polémia se caractérise par un formidable activisme culturel (« Journées de la réinformation », soirées annuelles des « Bobards d’Or », Observatoire des journalistes et de l’information, conférences informelles et irrégulières, le mardi soir, avec un spécialiste, parution en ligne et en format – papier de fascicules, théorisation du « gramscisme technologique », etc.) qui vous vaut des articles et des reportages de la part de la « grosse presse » officielle. Quel premier bilan en tirez-vous ?
J.-Y.L.G. : Polémia remplit trois fonctions : incubateur d’idées, encyclopédie politiquement incorrecte, et avant-garde combattante
Comme incubateurs d’idées, nous avons été parmi les premiers à tracer les contours de ce qu’il faut bien appeler l’islamisation; les premiers aussi à tirer la sonnette d’alarme sur le halal; nous avons propagé la critique de la super-classe mondiale. Notre travail sur la novlangue s’est largement diffusé. Et le concept de réinformation, popularisé sur Radio Courtoisie, est un outil de travail pour de nombreux blogues.
Comme encyclopédie politiquement incorrecte, notre site met plusieurs milliers de textes à la disposition de qui le veut : hommes politiques, journalistes, étudiants, blogueurs, hommes de pensée. Nos textes – créations originales de Polémia ou repris sur la toile – sont toujours bien référencés et offrent des analyses dissidentes en économie, politique, géopolitique ou sociologie.
Comme avant-garde combattante, nous avons théorisé et mis en pratique la critique des médias. Jusqu’ici, ils étaient intouchables. Tout le monde les ménageait en cédant à leur chantage : « si vous nous critiquez, nous ne parlerons plus de vous ». À Polémia, pas de langue de bois, ni de langue de coton sur les médias. Mais le dur langage de la vérité et de la radicalité. Pour nous, les médias sont le premier pouvoir, le pouvoir sur les esprits. Il faut donc les attaquer. La fleur au fusil mais … sans gants blancs.
E.M. : Le Monde du 20 juillet 2012 évoque les « mécènes » de Terra Nova, ce « laboratoire d’idées » mondialiste de feu Olivier Ferrand, proche du P.S. On y trouve Areva, Air France, Microsoft, la S.N.C.F. Sont-ils aussi les généreux donateurs de Polémia ?
J.-Y.L.G. : Ne confondons pas les prostitués intellectuels, mercenaires de l’oligarchie mondiale et les forces européennes libres. Nous ne recevons pas un sou des grandes entreprises, ni de personnes fortunées.
Notre modèle économique n’est pas marchand, c’est celui de la gratuité et de la générosité. Gratuité pour les travaux de nos contributeurs intellectuels, tous bénévoles comme notre webmestre. Générosité de nos donateurs qui financent nos manifestations publiques, selon leurs moyens, à hauteur de 30, 50, 100 ou 300 €. Un compte Paypal est ouvert sur notre site.
E.M. : Quand on écoute vos détracteurs, on a l’impression qu’en dépit de moyens financiers assez faibles, Polémia serait devenue le navire-amiral de la « fachosphère » ou de la « réacosphère » qu’il serait plus approprié d’appeler la « réinfosphère ». Seriez-vous donc le chef d’orchestre d’une « Toile sombre » ?
J.-Y.L.G. : Ne tombez pas dans une vision conspirationniste et ne reprenez pas à votre compte la terminologie des médias de l’oligarchie ! En fait, tout ce qui est politiquement incorrect est nôtre. Polémia n’a pas d’ennemis chez ceux qui portent la pensée dissidente. Notre démarche est nexialiste : nous travaillons à faire se rencontrer tous les hommes de bonne volonté à condition qu’ils pensent autrement que les oligarchies dominantes.
E.M. : Réfléchir & Agir (n° 31, hiver 2009) vous qualifie de « plus talentueux de la mouvance des “ nationaux-libéraux ” ». Entre la liberté et l’identité, laquelle est à vos yeux la plus importante ?
J.-Y.L.G. : Liberté et identité sont indissociables. Un peuple qui perd sa liberté perd son identité. La preuve : la folle immigration des années Pompidou a vu le vote de la loi « antiraciste » Pleven (1972), précisément pour interdire tout débat sur l’immigration et l’identité française. Et quand la situation s’est aggravée les partis au pouvoir ont multiplié les lois liberticides : Fabius – Gayssot (1990), Toubon (1994), Taubira (2001). Le préalable à la reconquête de notre identité, c’est l’abrogation de toutes ces lois scélérates.
E.M. : D’après nos renseignements, le premier trimestre 2013 verrait la parution sous votre signature de La tyrannie médiatique (Les assassins de l’information). S’agit-il d’une compilation des brochures éditées par Polémia et de textes mis en ligne ou d’un nouvel essai inédit ?
J.-Y.L.G. : La tyrannie médiatique (Les assassins de l’information) paraîtra en février 2013. C’est un essai nourri de faits précis bien sûr rassembles dans les travaux de Polémia. C’est aussi et surtout une théorie sur les médias qui fonctionnent sur l’alliance du Grand Capital et du gauchisme de salle de rédaction.
J’y démontre que journaux, radios, télévisions ne sont ni indépendants, ni libres. Car ils subissent la loi d’airain des banques et des financiers. Ils sont tenus en laisse par la publicité. Ils sont prisonniers des préjugés de la caste journalistique.
« Tout ce qui est politiquement correct est nôtre » : telle est l’idéologie du pouvoir médiatique. Un cocktail de capitalisme triomphant et d’esprit de mai 1968. Vous mélangez le laisser-fairisme libre-échangiste du Financial Times et la rupture sociétale façon Libération et vous atteignez le point G de l’extase médiatique : ouverture des frontières, rupture des traditions, « antiracisme » et « mariage gay », voilà le credo.
Les médias n’informent pas : ils éduquent, ils rééduquent, ils conditionnent. La désinformation, la novlangue, la censure, la diabolisation et le bobard sont leurs instruments.
Le livre trace aussi les voies du renversement de cette tyrannie des temps modernes.
E.M. : N’est-ce pas paradoxal que l’auteur du Défi gaulois soit édité par un fervent admirateur de Rome ?
J.-Y.L.G. : Mon cœur bat à Brocéliande mais aussi à Delphes et sur le Forum romain. Et il y a de bien belles choses au musée du Vatican et à la chapelle Sixtine. Tout l’héritage européen est mien.
D’un point de vue plus pragmatique, je suis reconnaissant à Benoît Mancheron, de Via Romana, d’avoir fait un vrai travail d’éditeur et de m’avoir poussé à écrire ce nouveau livre.
E.M. : En attendant de célébrer les vingt ans de Polémia en 2022, quels sont vos projets pour la décennie qui commence ?
J.-Y.L.G. : Contribuer à la chute du mur de la désinformation préalable à tout changement. Et continuer à nourrir la pensée alternative.
Propos recueillis par Georges Feltin-Tracol. http://www.europemaxima.com/

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