Polémia poursuit la publication de la
présentation du livre de Christopher Caldwell, avec les troisième et
quatrième partie où l’on découvrira d’une part les « écueils et
incompatibilités » opposant les deux grandes entités que sont l’Occident
et l’Islam et, d’autre part, en forme de conclusion, une hypothétique
ouverture vers l’avenir.
A la fin de ce texte, un commentaire reçu d’un essayiste anglo-saxon, résidant en Europe, qu’il connaît tout autant que les Etats-Unis, fournit un éclairage presqu’inattendu sur les véritables motivations de l’auteur.
A la fin de ce texte, un commentaire reçu d’un essayiste anglo-saxon, résidant en Europe, qu’il connaît tout autant que les Etats-Unis, fournit un éclairage presqu’inattendu sur les véritables motivations de l’auteur.
III - Ecueils et incompatibilités
Avec sa franchise de marbre, Caldwell introduit la deuxième partie de son livre, titrée L’Islam,
par ces mots : « Si les Européens avaient compris, quand l’immigration
en provenance de Turquie, du Maroc, d’Algérie et d’ailleurs débuta dans
les années 1950 et 1960, que des milliers de mosquées seraient
disséminées d’un bout à l’autre de l’Europe un demi-siècle plus tard,
jamais ils ne l’auraient autorisée. »
Ici, l’auteur égrène écueils et
incompatibilités de culture et de comportement qui ne peuvent, le
pense-t-il, que faire obstacle à une intégration. Nous nous limiterons à
n’en citer que quelques-uns sans omettre les deux les plus fondamentaux
: la religion et le sexe.
– La protection sociale. Comme souvent,
Caldwell procède par aphorisme : « Les économies complexes des Etats
Providence comme celles qui se sont développées en Europe ces soixante
dernières années ne naissent généralement pas dans les sociétés
multiethniques. »
– La mobilité. « Les migrations déclenchent des migrations secondaires, ce que le sociologue Rogers Brubaker appelait les “migrations sans mélange ethnique”. »
– La diversité et le mépris de soi. « La diversité décrit à la fois une réalité sociologique (…) et une idéologie. Cette idéologie était en parfait accord avec la neutralité entre cultures adoptées par les bâtisseurs de l’idéal européen. Et pourtant, la diversité n’a jamais réellement pu devenir un idéal stable ou neutre, car les Européens n’en savaient pas assez sur les autres cultures pour la faire advenir. »
– Antagonisme entre Occident et Islam. Cet antagonisme est très ancien. Citant l’historien Henri Pirenne : « Les deux puissances – l’Europe en tant qu’Occident et l’Islam en tant que civilisation – sont apparues dans l’histoire ensemble et ont représenté un défi l’une pour l’autre. »
– Les populations musulmanes. « La nouvelle immigration, essentiellement musulmane, était moins gérable et moins soluble que les précédentes. »
– Régénération de quartiers en déshérence. Le résultat escompté s’est produit un peu partout en Europe. Mais cette vision de l’immigration, celle des élites qui habitent les beaux quartiers, était trompeuse. Il y a plus de ghettos que des Kreuzberg [à Berlin].
– Les zones de non-droit. Caldwell connaît bien le cas de Chanteloup-les-Vignes. Il est typique et le lecteur comprendra bien comment on passe, « d’un pas de somnambule », de la tentative d’intégration à la ségrégation pure et simple.
– Violence, délinquance et émeutes. « La violence relative des quartiers musulmans est un obstacle de taille à la mixité sociale et à l’intégration. »
– Les espaces de la Charia. « Dès qu’il devint évident que certains émigrés proposaient d’instaurer des cultures étrangères dans des pays européens, l’immigration (…) apparut sous un jour différent. » Par ailleurs, la propension au développement des lieux de culte répond à une certaine résurgence religieuse. Caldwell donne, par exemple sur l’appartenance des jeunes immigrés, étudiants et autres, à la religion islamique, des chiffres surprenants. Un long chapitre est consacré à La crise de la foi en Europe, et tente de placer les deux cultes, chrétien et musulman, l’un par rapport à l’autre. Jusqu’à aujourd’hui le dialogue interreligieux tiendrait du vœu pieux. Une chose est certaine : les musulmans restent fidèles à leur religion, les chrétiens s’en écartent. Le jour où le rapport de forces sera inversé, que se passera-t-il ?
– Le sexe. « Les musulmans d’Europe viennent de cultures où les femmes sont strictement subordonnées à leur mari et aux hommes en général. (…) C’est un fait sociologique universel. » (…) « Adopter le style européen de sexualité et de relations entre sexes est la seule exigence non négociable que l’Europe impose. »
– La mobilité. « Les migrations déclenchent des migrations secondaires, ce que le sociologue Rogers Brubaker appelait les “migrations sans mélange ethnique”. »
– La diversité et le mépris de soi. « La diversité décrit à la fois une réalité sociologique (…) et une idéologie. Cette idéologie était en parfait accord avec la neutralité entre cultures adoptées par les bâtisseurs de l’idéal européen. Et pourtant, la diversité n’a jamais réellement pu devenir un idéal stable ou neutre, car les Européens n’en savaient pas assez sur les autres cultures pour la faire advenir. »
– Antagonisme entre Occident et Islam. Cet antagonisme est très ancien. Citant l’historien Henri Pirenne : « Les deux puissances – l’Europe en tant qu’Occident et l’Islam en tant que civilisation – sont apparues dans l’histoire ensemble et ont représenté un défi l’une pour l’autre. »
– Les populations musulmanes. « La nouvelle immigration, essentiellement musulmane, était moins gérable et moins soluble que les précédentes. »
– Régénération de quartiers en déshérence. Le résultat escompté s’est produit un peu partout en Europe. Mais cette vision de l’immigration, celle des élites qui habitent les beaux quartiers, était trompeuse. Il y a plus de ghettos que des Kreuzberg [à Berlin].
– Les zones de non-droit. Caldwell connaît bien le cas de Chanteloup-les-Vignes. Il est typique et le lecteur comprendra bien comment on passe, « d’un pas de somnambule », de la tentative d’intégration à la ségrégation pure et simple.
– Violence, délinquance et émeutes. « La violence relative des quartiers musulmans est un obstacle de taille à la mixité sociale et à l’intégration. »
– Les espaces de la Charia. « Dès qu’il devint évident que certains émigrés proposaient d’instaurer des cultures étrangères dans des pays européens, l’immigration (…) apparut sous un jour différent. » Par ailleurs, la propension au développement des lieux de culte répond à une certaine résurgence religieuse. Caldwell donne, par exemple sur l’appartenance des jeunes immigrés, étudiants et autres, à la religion islamique, des chiffres surprenants. Un long chapitre est consacré à La crise de la foi en Europe, et tente de placer les deux cultes, chrétien et musulman, l’un par rapport à l’autre. Jusqu’à aujourd’hui le dialogue interreligieux tiendrait du vœu pieux. Une chose est certaine : les musulmans restent fidèles à leur religion, les chrétiens s’en écartent. Le jour où le rapport de forces sera inversé, que se passera-t-il ?
– Le sexe. « Les musulmans d’Europe viennent de cultures où les femmes sont strictement subordonnées à leur mari et aux hommes en général. (…) C’est un fait sociologique universel. » (…) « Adopter le style européen de sexualité et de relations entre sexes est la seule exigence non négociable que l’Europe impose. »
IV - Quel avenir se réserve l’Europe ?
Pour Caldwell, qui ne croit pas à
l’intégration en Europe, l’immigration, c’est l’américanisation. Les
Etats-Unis seraient le modèle du genre. Donc devant « les problèmes
abyssaux » que l’Europe va rencontrer, la solution serait qu’elle
devienne davantage comme l’Amérique. Mais on a vu que Caldwell rejetait
la comparaison entre Europe et Amérique. Le melting-pot américain
fonctionnerait-il avec des musulmans ? On ne connaît aucune expérience
en la matière.
Un second modèle d’immigration serait peut-être plus adapté : le système du millet
de l’Empire ottoman qui a fonctionné pendant plusieurs siècles avec des
populations de différentes religions, mais qui a disparu au début du
XXe siècle du fait de l’appétit expansionniste de ses voisins européens.
Comme nous l’avons déjà dit, Caldwell ne
croit pas à l’intégration de masse. Néanmoins, il termine son puissant
ouvrage par une légère pointe d’optimisme : « Les Européens ne peuvent
qu’espérer que les nouveaux venus, surtout musulmans, s’assimileront
pacifiquement », phrase rapidement compensée par un retour à la réalité
crue : « Quand une culture peu sûre d’elle, malléable et relativiste
rencontre une culture ancrée, confiante et renforcée par des doctrines
communes, c’est généralement la première qui change pour s’adapter à la
seconde. »
« Il est sûr que l’Europe sortira changée de sa confrontation avec l’Islam. » Quel verdict !
Un livre à lire, qui force à la réflexion.
René Schleiter Polémia
Titre original : Reflections on the Revolution in Europe, Doubleday, 2009.
Le commentaire d’un Anglo-Saxon :
Polémia a confié le livre de
Christopher Caldwell, en sa version originale, à un ami anglo-saxon qui
connaît bien la politique américaine. Nous voulions savoir ce qu’il en
pensait et surtout comment il interprétait la démarche de ce journaliste
américain néo-conservateur bien en cour. Il faut lire cette note avec
détachement, en se rappelant que l’auteur du livre est américain, proche
des néo-conservateurs et en oubliant tout préjugé français et européen.
Le 28 octobre dernier, Polémia avait publié une interview que Christopher Caldwell avait recueillie auprès de Marine Le Pen. (6)
Voici la note que notre ami nous a fait parvenir (il a demandé à conserver l’anonymat).
Le 28 octobre dernier, Polémia avait publié une interview que Christopher Caldwell avait recueillie auprès de Marine Le Pen. (6)
Voici la note que notre ami nous a fait parvenir (il a demandé à conserver l’anonymat).
Je suis en train de le relire – et je
suis surpris, et troublé, par le nombre de noms d’amis, d’auteurs et de
publications NEO-CONS qu’il mentionne comme étant des gens qui ont lu et
vérifié le manuscrit et visiblement l’ont approuvé. La question est
POURQUOI ?
Celui qui domine entre tous est le «
Tsar » des néo-cons, Leon William Kristol, qui pendant des années a
écrit dans l’organe des néo-cons, The Weekly Standard. Il a aussi écrit pour le New York Time Magazine, The Financial Times, etc. !!! Toutes ces publications étant des publications grand public.
Lisez la liste des noms de la page 365
[533, version française] sous le titre de « Remerciements ». C’était le
18 février 2009, tout à fait à la fin de l’ère Bush/néo-cons !!!
A mon avis, ce livre essaie, d’une
manière très sophistiquée, d’adopter un parti pris antimusulman
acceptable au sein de l’élite europeo-américaine. Une politique néo-con.
Je continue de penser que c’est l’un des
livres les plus remarquables et le plus documenté et rempli de
statistiques utiles que je connaisse. Je ne connais pas d’autre livre
comme celui-là sur le marché.
Les statistiques sont révélatrices – et
choquantes – et utiles pour les auteurs et penseurs dits de droite –
pour nous aider à clarifier et étayer nos arguments à propos de cette «
crise de la culture européenne » !
Mais il nous faut prendre conscience que
Caldwell a bénéficié d’un accès privilégié à des banques de données
auprès de ces grands médias que sont The Financial Times, The New York Times, The Weekly Standard – appartenant tous à l’Etablissement.
Par conséquent, il faut être PRUDENT
mais, comme toujours, il faut s’appuyer sur les informations réunies et
distribuées par l’Etablissement quand on ne dispose pas de réseaux
propres. Donc il faut évaluer avec soin les arguments de Caldwell –
ainsi que leur portée – qui sont là pour étayer un parti pris
essentiellement antimusulman ; non pas de manière brutale, « raciste »
ou « sectaire », mais simplement en jouant de manière subliminale sur
les cerveaux intoxiqués par le système d’éducation « maçonnique » en
vigueur en Europe en général et dans les cercles de l’élite
franco-anglaise en particulier : l’endoctrinement fondé sur le concept «
Liberté, Egalité, Fraternité » a poussé les néoconservateurs à cette
immigration désordonnée et aujourd’hui ils s’inquiètent de ce monstre
qu’ils ont laissé échapper !
Ce livre est très utile mais ce n’est
qu’un outil, un outil non pas pour la libération de l’Europe, mais pour
les propres objectifs des disciples de William Kristol…
(En Europe, décembre 2011)
(Traduction de l’anglais pour Polémia – RS)
Note :
Voir aussi (précédent) :
« Une révolution sous nos yeux – Comment l’islam va transformer la France et l’Europe » de Christopher Caldwell (1/2)
Christopher Caldwell, Une révolution sous nos yeux,
préface de Michèle Tribalat, Traduction de l’anglais par Johan Frederik
Hel Guedj, édition du Toucan, collection Adultes, 5 octobre 2011, 600
pages.
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