Déjà en 2010, la ville d’Angers avait mis à jour un temple de Mithra, en
très bon état de conservation. Découverte exceptionnelle puisque
seulement une vingtaine de sites semblables ont été mis à jour en
Europe. Il n’empêche : l’ancien sanctuaire fut impitoyablement livré aux
pelles des bulldozers pour laisser la place à des parkings, sans que la
moindre réflexion soit engagée pour envisager la conservation de
l’édifice antique…
Toujours à Angers, c’est aujourd’hui un nouveau pan de notre passé qui
doit succomber prochainement sous les coups combinés des promoteurs
immobiliers et des projets mégalomaniaques des élus locaux. À proximité
de la gare SNCF, une immense nécropole antique a été mise à jour. Le
caractère exceptionnel du site, qui réunit une nécropole antique et un
cimetière du XIXème siècle, ne fait aucun doute. Au total, ce
sont plus de 20 000 tombes qui seraient enfouies sur quatre à cinq
niveaux et un hectare et demi de terrain. Une portion du site, fouillée
au tournant des années 2000 lors des travaux du premier parking
Saint-Laud avait permis des découvertes inédites, riches
d’enseignements : « le plus grand groupe de Germains orientaux,
vulgairement appelés Goths, originaires de l’actuelle Crimée, et de
précieux artefacts datant du IVème siècle » détaille l’archéologue Jean Brodeur. Notamment des céramiques caractéristiques et de très rares fibules : « On a treize au niveau national, dont huit trouvées sur le seul site d’Angers. »
Sur cette portion de terre peuplée de morts, doit s’élever le site
« Quatuor » le programme phare de la ZAC « Gare+ », le futur
éco-quartier d’affaire de l’agglomération angevine qui ambitionne de
regrouper un hôtel, des parkings ainsi que 65 000 m2 de bureaux et 20 000 m2
de logements autour de la gare d’Angers. Un projet surdimensionné en
pleine crise économique, une architecture démesurée et destructurée qui
cassera l’identité de ce quartier, à proximité immédiate du centre
historique de la ville.
Comme les fouilles du site auraient considérablement retardé les travaux
et auraient coûté fort cher, une solution bâtarde a été choisie :
plutôt que de s’appuyer sur des fondations classiques, qui auraient
abrité un parking souterrain, l’établissement 3 étoiles sera monté sur
des pieux de 50 cm de diamètre cachés sous un socle engazonné. Il s’agit
d’une fausse bonne solution permettant à des promoteurs de réaliser
leur projet tout en les autorisant à détruire une partie des sites
archéologiques. À Angers, les pieux prévus doivent avoir un diamètre de
50 centimètres ; autant dire que l’impact sur un site archéologique
aussi dense et riche sera catastrophique. Non seulement une partie du
patrimoine historique d’Angers sera irrémédiablement détruit, mais les
générations futures seront privées des connaissances que pourraient nous
apporter la fouille d’un tel site miraculeusement préservé lors des
travaux urbains du XIXème siècle…
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