« C’est
toujours intéressant de jouer des ordures », « (un personnage)
passionnant, pas tellement pour lui-même, c’est vraiment une crevure,
mais par son époque et le succès invraisemblable de ses écrits
infâmes ». Rassurez-vous chers lecteurs, ce jugement de l’acteur versaillais
Denis Podalydés ne concerne pas Jean-Paul Sartre qu’il incarna avec le
talent qui est le sien dans un téléfilm tourné en 2006, mais le
publiciste et pamphlétaire antisémite Edouard Drumont. Le comédien
endosse ce rôle ce soir dans un « docu-fiction » qui sera diffusé
sur France 2. Le producteur en est le célèbre militant d’extrême gauche Jacques Kirsner (alias Charles Stobnicer dit Berg), ancien membre dirigeant du groupuscule trotskiste Organisation communiste internationaliste (OCI) dans lequel Jean-Luc Mélenchon fit aussi ses premières armes. Pour la petite histoire, c’est ce même Kirsner qui confirma le passé trotskyste et les relations avec l’OCI de Lionel Jospin dans un article publié dans Libération
en 1999. Les médias rapportent ce matin que Denis Podalydés et
Jacques Kirsner se sont beaucoup battus pour que ce téléfilm soit
diffusé à une heure de grande écoute et non pas en seconde partie de
soirée comme cela était initialement prévue par la chaîne. Faut-il que
ces derniers soient persuadés de l’urgence du message pédagogique
qu’il délivre, à défaut de son originalité. Mais un an après les
assassinats commis par Merah, ne doutons pas que les jeunes notamment, boycotteront les derniers épisodes de Docteur House pour se précipiter sur France 2.
Piqure de rappel pédagogique qui a été faite aussi magistralement par
le président israélien Shimon Peres dans l’hémicycle du Parlement
européen le 12 mars, dernière étape de sa tournée européenne .
Pour être tout à fait honnête M. Peres est un peu comme chez lui quand il visite les assemblées et les instituions européennes. Javier Solana, ex secrétaire général de l’OTAN (1995–99), ancien Haut Représentant pour la politique étrangère et de sécurité commune (PESC)
de l’Union européenne (1999-2009), en avait fait l’aveu en octobre
2009 en Israël lors de la seconde édition de la conférence organisée
sous l’égide de Shimon Peres , Facing Tomorrow . En présence notamment du philosophe Bernard-Henry Lévy, Javier Solana avait déclaré: « Israël permettez-moi de le dire, est un membre de l’Union européenne sans être membre de ses institutions
». M. Solana avait poursuivi en notant qu’Israël est « partie prenante
à tous les programmes de l’Union » et en soulignant qu’aucun des États
en cours d’adhésion à l’Union n’a de relation aussi étroite avec
l’Union qu’Israël, bien que cet État n’ait jamais été officiellement
candidat.
Aussi, la semaine dernière, et pour faire bref, M. Peres s’est contenté dans son allocution officielle, la première intervention d’un président israélien devant le Parlement européen depuis 30 ans, de
rappeler bien sûr en filigrane la dette imprescriptible des Européens
vis-à-vis d’Israël. Il a rejeté aussi toutes les critiques émises
concernant la Palestine, la politique de colonisation de la Cisjordanie. Il a enjoint fermement l’Europe à inscrire le Hezbollah pro iranien sur la liste des organisations terroristes. Il a dressé un réquisitoire implacable contre l’Iran : « Téhéran soutient le terrorisme », « Téhéran met en cause l’existence d’Israël », « Téhéran nie l’Holocauste et veut en créer un autre
», avant de demander à l’Europe d’empêcher ce pays de se doter, à
l’instar de l’Etat hébreu, de l’arme nucléaire et de missiles à longue
portée.
Evoquant la Syrie ravagée par le terrorisme, M Peres a affirmé que le Hezbollah aidait sur le terrain le régime de Bachar el-Assad, notamment
dans sa lutte contre les djihadistes qui rêvent d’instaurer le califat
islamique en Syrie. Il a précisé aussi son souhait de voir se
déployer des casques bleus de la Ligue Arabe. Vœu
que l’on peut juger irréaliste dans sa capacité à ramener la paix mais
qui ne soulève pas l’indignation suscitée par les récentes déclarations
de Laurent Fabius. Prenant acte du fait que la Russie, l’Iran livraient des armes au régime syrien, le ministre des Affaires étrangères a annoncé que « la France » -qui
fournit déjà une aide non « létale » aux « rebelles »- et le
gouvernement britannique allaient demander aux Etats de l’Union
européenne la levée de l’embargo sur la livraison des armes aux forces armées dites modérées de l’opposition syrienne. Et qu’en l’absence de feu vert, Paris et Londres passeraient outre d’ici fin mai.
M. Fabius entend par là accélérer la chute du régime syrien par ce qu’il espère être un règlement militaire du conflit, en emboitant le pas au Qatar et à l’Arabie Saoudite
qui fournissent déjà les brigades internationales islamistes en
armes. Dans les faits, cette précipitation se nourrit de la même
inquiétude qui agite François Hollande. Ils ont lu tous deux les
rapports qui pointent les rivalités entre factions rebelles et
l’emprise croissante des djihadistes dans ce conflit. Aussi, à Bruxelles
le 15 mars, M. Hollande, qui redoute l’incapacité de la coalition
hétéroclite des anti-Assad a arracher la victoire sur le terrain, a-t-il plaidé en faveur des livraisons d’arme. Au motif que « le plus
grand risque, ce serait de ne rien faire, de laisser faire (…). Ce
serait le chaos (…). Le plus grand risque, c’est l’inaction. » Le plus grand risque
a affirmé jusqu’alors la diplomatie russe, c’est de croire que la
situation de la Syrie se réglera uniquement en faisant parler la poudre.
Relevons
encore que le comble de la bêtise et/ou de la malhonnêteté a été
atteint par la propagande gouvernementale distillée dans les médias,
expliquant que les armes qui seront fournies aux milices anti Assad
seront « traçables » pour éviter qu’elles ne tombent aux mains des terroristes fondamentalistes.
Sur le site de France TV Info , Jean-Pierre Maulny, spécialiste de l’armement à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris) expliquait qu’ « Il faut absolument mettre en place un système de traçabilité ». « Numéroter, avoir un système d’identification indélébile pour chaque arme, et récupérer le matériel après. Comment ? On doit pouvoir désigner un interlocuteur, pour savoir à qui réclamer les armes.Reste que rien ne garantit que l’arme sera rendue. Sur les armes légères, on n’a jamais trouvé de système efficace pour les contrôler, admet le chercheur. Mais pour lui, les
choses vont dans le bon sens. Il vaut mieux que les livraisons d’armes
soient officielles. Aujourd’hui, le système passe par les Saoudiens et
les Qataris, avec des intermédiaires en Turquie. »
« Autre
solution, plus perfectionnée qu’un simple traçage, imaginée par les
industriels : des systèmes permettant de localiser et neutraliser les
armes à distance. Cette technologie serait aujourd’hui répandue sur les
armes sophistiquées comme les missiles. Mais cela ne garantit pas une sécurité à 100%. » « Chargé de plaidoyer paix et conflit au CCFD-Terre solidaire, Zobel Behalal signale qu’une arme disponible « une minute entre les mains d’un irresponsable peut faire beaucoup de dégâts ». « Autre innovation, pendant le conflit libyen, des armes à usage unique, avec une durée de vie limitée, auraient été livrées aux rebelles. Mais encore une fois, pour Zobel Behalal, le problème est plus large : A-t-on la garantie que les destinataires sont tous recommandables ? Si oui, que le gouvernement nous communique leurs noms… »
Une fois n’est pas coutume,l’ex ministre de la Défense et député UDI Hervé Morin a fait sien l’avis du FN et de Bruno Gollnisch en parlant de «foutaise » à propos de l’idée d’une « traçabilité »des armes. «Ajouter
la guerre à la guerre ne mènera à rien » et ne saurait « fléchir un
tant soit peu le régime de Bachar el-Assad ou la position russe ou
chinoise ». Les mouvements qui constituent
cette résistance at-il ajouté, « sont en grande partie des jihadistes
ou des salafistes ». « Qui vous dit que dans six mois, ces mêmes armes
ne seront pas retournées contre nous-mêmes ? C’est une attitude de pompier-pyromane, comme si on voulait se donner bonne conscience » a déclaré M. Morin.
Marine Le Pen, Bruno Gollnisch ou encore Marion Maréchal l’ont dit et répété, la France n’a pas à soutenir la rébellion syrienne ; Marion le résumait sur l’antenne de BFM hier matin : « On va aller armer une résistance extrêmement hétérogène dont on sait qu’une grande partie est composée d’islamistes. On
va faire tomber un régime qui est, certes, éminemment critiquable, mais
qui avait deux mérites.Le premier était de préserver relativement le
droit des femmes. Le second était de faire cohabiter pacifiquement des
minorités qui demain vont se faire massacrer . »
http://www.gollnisch.com
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