mercredi 15 mai 2013

Pierre LE VIGAN raconte : « Ordre Nouveau et moi ! »

Je n’ai pas connu directement le mouvement Ordre Nouveau. Je n’en ai eu qu’une approche indirecte en achetant une fois ou deux leur journal Pour un Ordre Nouveau, au graphisme épatant. C’est dire que l’initiative de Dualpha avec Alain Renault de faire cette réédition de divers textes introuvables – il n’y avait pas Internet ! – est excellente. J’ai le souvenir d’écrits ultérieurs à O.N d’Alain Renault, généralement assez drôles et bien vu, par exemple dans la revue Item des années soixante-dix.
Ce que j’ai en tête, c’est que, étant au lycée, il y avait – ce devait être entre 1971 et 1973, un militant ou adhérent d’Ordre Nouveau. A priori nous le savions parce qu’il ne s’en cachait pas. Or, il ne répondait pas aux clichés. Il n’avait pas les cheveux longs mais pas du tout non plus le crâne rasé, qui devait être rarissime à cette époque, affichait une petite barbe, et surtout n’avait rien d’un excité éructant. Il donnait au contraire une impression certaine d’équilibre, de calme et de maturité.
J’ai toujours pensé que les idées étaient l’essentiel. Même si un parti libéral ou un groupe stalinien étaient incarnés par des saints, je ne m’y rallierais pas.
Toutefois, je ne suis pas aveugle aux aspects humains. Que ce membre d’Ordre Nouveau ne corresponde à aucune caricature « antifasciste » (outre que je n’aime pas les caricatures) me fit réfléchir, et je me dis que c’était décidément une bonne idée que de m’intéresser à ce que disaient les  nationalistes-révolutionnaires.
Il y avait par ailleurs au lycée deux types membres de l’U.N.I, increvable machin anti-gauchiste manipulé par la droite classique. Leur principal  discours consistait à dire qu’« il y aura toujours des riches ». Certes, je n’étais pas naïf au point de ne pas savoir que certains sont toujours doués pour s’en mettre plein les poches pendant que d’autres crèvent la dalle, mais, justement, ce qui me paraissait important, c’est que les riches ne soient pas en plus ceux qui ont le pouvoir. Que les riches ne soient pas aussi les puissants et les uniques décideurs. J’avais bien sûr raison et les types de l’U.N.I. étaient des canailles – ce que n’était pas le militant d’Ordre Nouveau.
Quelques années plus tard, le mouvement sans doute le plus dans la continuité d’Ordre Nouveau fut les Groupes Nationalistes Révolutionnaires de Base de François Duprat et Alain Renault. Il fallait prononcer cela « Greuneubeu ». Un journaliste de Charlie Mensuel, Jean-Marie de Busschère, leur consacra, si ma mémoire ne me trompe pas, une série d’articles plutôt plaisants et compréhensifs vers 1977 (de Busschère, excellent esprit, est évoqué dans le blogue La longue vue, blogue animé par le général Tapioca). Mais ceci est une autre histoire, comme disait l’Oncle Paul dans Spirou

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