La
notion de décroissance se prête aux malentendus comme celui de croire
que c’est une croyance que le moins serait toujours mieux. Ce qui serait
l’erreur contraire à la croyance en la croissance plus que le contraire
de cette erreur. Pour y voir clair, il n’y a pas de dogme à dérouler.
Il n’y a en effet, comme le dit Serge Latouche, pas de théorie de la
décroissance et encore moins de recette miracle concernant celle-ci.
La
décroissance est avant tout une disposition d’esprit et une méthode.
Pourquoi la décroissance et pour quoi faire ? La justification de la
décroissance est que le monde ne peut pas connaître dans son ensemble le
rythme de croissance et de consommation des ressources naturelles qui a
pu être celui de l’Occident durant les décennies d’après-guerre. Ces
ressources s’épuisent et le coût de leur accès augmente de manière
vertigineuse. Tout comme leur contrôle est de plus en plus facteur de
guerres.
Le
sens de la décroissance, dès lors, est que « toujours plus » n’est plus
possible et surtout que « toujours plus » n’est pas toujours « toujours
mieux ». La méthode de la décroissance consiste alors à se donner
l’objectif de choisir des systèmes techniques et économiques
décentralisés, relocalisés, et donc plus facilement appropriables par
les hommes et les peuples. Sans quoi nous assisterons, indiquent les
auteurs, à la mort du politique comme expérience sociale collective au
sens de John Dewey. Au lieu de subir une récession inéluctable la
méthode décroissante – à coup sûr sans le moindre rapport avec les
partis auto-prétendus « écologistes » ni aucunement le monopole d’une
quelconque « gauche » – consiste à se donner des objectifs qualitatifs
d’amélioration de la vie sociale (par exemple de décroissance de
l’insécurité). Un regret toutefois : on aurait aimé que les auteurs
expliquent que la décroissance est compatible avec la
réindustrialisation de l’Europe dans la mesure même où elle implique la
relocalisation.
Pierre Le Vigan http://www.europemaxima.com/
• Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider, La décroissance. Dix questions pour comprendre et débattre, La Découverte, coll. « Poche – Essais n° 362 », 256 p., 10 €.
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