lundi 24 juin 2013

La décroissance en dix questions par Pierre LE VIGAN

La notion de décroissance se prête aux malentendus comme celui de croire que c’est une croyance que le moins serait toujours mieux. Ce qui serait l’erreur contraire à la croyance en la croissance plus que le contraire de cette erreur. Pour y voir clair, il n’y a pas de dogme à dérouler. Il n’y a en effet, comme le dit Serge Latouche, pas de théorie de la décroissance et encore moins de recette miracle concernant celle-ci.
La décroissance est avant tout une disposition d’esprit et une méthode. Pourquoi la décroissance et pour quoi faire ? La justification de la décroissance est que le monde ne peut pas connaître dans son ensemble le rythme de croissance et de consommation des ressources naturelles qui a pu être celui de l’Occident durant les décennies d’après-guerre. Ces ressources s’épuisent et le coût de leur accès augmente de manière vertigineuse. Tout comme leur contrôle est de plus en plus facteur de guerres.
Le sens de la décroissance, dès lors, est que « toujours plus » n’est plus possible et surtout que « toujours plus » n’est pas toujours « toujours mieux ». La méthode de la décroissance consiste alors à se donner l’objectif de choisir des systèmes techniques et économiques décentralisés, relocalisés, et donc plus facilement appropriables par les hommes et les peuples. Sans quoi nous assisterons, indiquent les auteurs, à la mort du politique comme expérience sociale collective au sens de John Dewey. Au lieu de subir une récession inéluctable la méthode décroissante – à coup sûr sans le moindre rapport avec les partis auto-prétendus « écologistes » ni aucunement le monopole d’une quelconque « gauche » – consiste à se donner des objectifs qualitatifs d’amélioration de la vie sociale (par exemple de décroissance de l’insécurité). Un regret toutefois : on aurait aimé que les auteurs expliquent que la décroissance est compatible avec la réindustrialisation de l’Europe dans la mesure même où elle implique la relocalisation.
• Denis Bayon, Fabrice Flipo, François Schneider, La décroissance. Dix questions pour comprendre et débattre, La Découverte, coll. « Poche – Essais n° 362 », 256 p., 10 €.

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