lundi 17 juin 2013

Les bons conseils du Père Ubu : Tiens bon, François ! (5)

En voilà des chinoiseries contre toi, mon François, pour un insignifiant lapsus nippon ! Ne te laisse pas désorienter, ignore ceux qui rient jaune, ne t’en fais pas un casse-tête, ne te hara-kirise pas pour ça !
En revanche, méfie-toi de certains. N’y aurait-il pas un traître en ton palais ? Curieux, ce communiqué te disant « fatigué ». Chercherait-on à te nuire ? À donner du courage à quelque groupuscule factieux ? Non, Tyrannichou, pas de ça ! Tu dois demeurer infatigable, frais et dispos comme un soleil levant, et que tous tes sujets se le disent ! Pas question de paniquer comme le Père Michel pour un autocollant sur la porte de son bureau. Toi, Président, impassible et impérial, vérifie qui fréquente ta résidence, mais en douce. Chut !
Cela dit, pour le cas où tu aurais effectivement un coup de barre, je veux te rappeler, de par ma chandelle verte, combien forte est ta position. Ce sera bon pour ton moral et ça restera entre nous. Rien qu’un petit service du tyran retraité à l’apprenti despote. Ouvre bien tes auditifs canaux, car je chuchote.
Je te le dis tout bas, mais je le pense tout haut : tiens bon, François, car tu as TOUT !
Tu as tous les rouages du pouvoir : la Présidence de la République, l’Assemblée nationale, le Sénat, presque toutes les régions, Paris et plein de grandes villes… Ton prédécesseur de même prénom n’en a jamais eu autant. De quoi te décomplexer. Tu ne déclares pas tous les jours : « L’État, c’est moi », mais c’est tout comme. Ton Parti Sociétaliste laisse à désirer, parfois, à tes propres yeux, mais il n’a plus rien à désirer. Tu as TOUT, François, et même le reste.
Le reste, c’est l’incroyable vitalitude de l’image favorable attachée à ton bord. Dans ton pays, depuis la Libération et plus encore depuis 1968, la différence entre la gentille Gôche et la vilaine Drouâte s’est solidifiée, fossilisée, pétrifiée. C’est devenu du béton (qualité pour abri antiatomique de fabrication suisse). Il y a les bons et les méchants, comme dans un ouesterne. Le mythe de la Gôche, les grands médias l’entretiennent pieusement à longueur d’année. Tu es définitivement du côté lumineux. Tu vas dans le sens de l’Histoire. Tu incarnes le Progrès. Tu sers l’Empire du Bien. Un extraordinaire chèque en blanc que tu peux toucher tous les jours, Cornefinance !
Enfin, tu as pour toi la mode. La politique est morte, vive la mode ! Regarde la Mère Taubie. Après le vote de sa loi en première lecture, qu’est-ce qu’elle a dit aux députés euphoriques ? Elle leur a promis des « jeux amoureux ». De la politique, ça ? Non, de la mode. L’Assemblée nationale ? Plutôt un salon de bobos. Et ça continue ! Pour faire avaler à tes sujets la 2013-404, tu es aidé par le chaud-bise, par des palmes cannoises (d’or et de couir), par le festivisme de ta complice montpelliéraine, même par la Gay-Pride de Tel Aviv ! Certains disent que c’est « la société du spectacle ». Z’ont pas pigé. Moi, je dis bravo, plus de société, rien que du spectacle !
Tu m’as compris : cela te donne une incroyable IM-PU-NI-TÉ. Ton étiquette de Gôche te protège comme un talisman. Il suffit que le spectacle continue. Quand des jeunes anti-Taubie sont jetés dans des cachots puants, presque personne ne te le reproche. Ils ne sont pas du bon côté. Du coup, leurs happeningues plaisent moins. Z’ont qu’à morfler. Et les matraques de Manu choquent tellement moins que celles d’un ministre de Drouâte ! Question d’image. Il n’y a que les vilains qui font de la répression. Les gentils maintiennent simplement l’ordre républicain. Deux poids, deux mesures ? Bien sûr, merdre, puisqu’il y a des bons et des méchants ! Cette différence-là n’est pas comme celle des sexes. Elle ne risque rien.
Toi non plus, Dictatounet, tu ne risques rien. Alors, courage ! Tu as TOUT. Tout pour que nous rigolions bien, toi et moi. À nous en exploser la gidouille ! Fais ce que tu veux, continue comme ça. Ton pays ne s’en relèvera pas.

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