Comme vous n’avez pas pu y
échapper, vous êtes certainement au courant que nous avons un léger
problème de financement de nos retraites.
J’entendais encore hier une « jeune » retraitée m’expliquer qu’elle « avait cotisé 40 ans, alors sa retraite elle ne l’avait pas volée
». Son raisonnement est en partie faux. Certes elle a bien cotisé, mais
les cotisations qu’elle a payé pendant 40 ans (et ce n’est pas elle qui
en fixe le montant) n’ont jamais reflété le coût réel des retraites à
venir mais celles du passé…
En clair, elle aurait dû, comme des
millions de salariés de la génération du baby-boom devenant la
génération du papy-boom, qui va se transformer inévitablement en clash
des générations, payer beaucoup plus.
Ses cotisations ont été mal calculées
(volontairement) afin de ne pas lui faire payer le véritable prix de la
retraite à 60 ans. Peu importe que l’on soit pour ou contre la retraite à
60 ans (à titre personnel j’y suis favorable et en tant qu’observateur,
à part pour de très rares fonctions, il n’y a plus de boulot passé 55
ans pour 80 % de nos seniors).
La réalité, c’est que la retraite à 60
ans a un prix. On accepte de payer ce prix ou pas. Comme l’argent ne
tombe pas du ciel – sauf du côté de la Banque centrale américaine –, si
on paie le prix de la retraite à 60 ans c’est autant d’autres choses que
l’on ne peut pas faire ni payer. C’est un choix politique et
démocratique.
Le coût des retraites de cette génération a été courageusement reporté sur les générations suivantes.
Capital spécial retraite !
C’est le magazine en vente chez votre marchand de journaux et c’est dans le numéro de juin 2013 !
En gros, c’est un dossier spécial qui
répond à la question « dis-moi ton âge et je te donnerai ta date de
départ à la retraite à taux plein ».
Le principe est simple. Plus on est «
vieux » aujourd’hui, plus on aura une « belle » retraite. Plus on est
jeune, plus on se fera couillonner.
C’est classé par tranche d’âge. Alors je
me précipite sur ma catégorie. Page 124 pour les 35 à 45 ans. Et le
tableau m’indique qu’il faut que je cotise 51 ans pour avoir ma retraite
à taux plein. 51 ans ! Je répète… 51 ans.
Ayant commencé à travailler à 22 ans, je pourrai toucher une pension complète vers 73 ans. J’en rigole encore.
Une génération massacrée pour le bon plaisir des soixante-huitards !
Cela peut sembler une insulte à une
grande partie d’entre vous mais ce n’en est pas une. Attendez de voir
les explications et vous comprendrez l’étendue dramatique du sujet… et
donc que quelles que soient les promesses qui seront faites à cette
génération des soixante-huitards, de toute façon elles ne pourront pas
être tenues.
La preuve.
Ma génération, les 35-45 ans, est la
génération qui est actuellement au travail. Donc en gros, c’est nous qui
allons vous payer !
Nous avons des enfants en bas âge et
plus d’allocations puisque nous sommes des « zaisés » (un zaisé, c’est
quelqu’un qui a simplement un travail).
Nous devons faire face à une partie
importante des augmentations d’impôts pour payer les dettes, ou plutôt
les intérêts (de vos dettes d’ailleurs, enfin de celles de votre
génération de soixante-huitards).
Nous devons faire face à un marché de
l’emploi déprimé et dépressif, ce qui a pour conséquence que nos
salaires sont assez miséreux et progressent pas ou peu (en moyenne).
L’idée étant qu’avoir une augmentation aujourd’hui, c’est avoir un
emploi. Ouf.
Nous devons faire face à un prix de
l’immobilier particulièrement exorbitant puisqu’il n’a jamais été aussi
haut, en partie en raison de la génération des soixante-huitards qui
s’est mise à préparer sa retraite il y a 10 à 15 ans, faisant grimper
les prix de l’immobilier le tout avec des taux d’intérêt historiquement
bas.
Nous devrons financer les études de nos enfants de plus en plus coûteuses.
Nous devrons sans doute financer en
grande partie la dépendance de nos parents et des parents des autres
tant qu’on y est, à savoir les soixante-huitards du 5e âge (pour le
moment, on a le temps, vous êtes en forme).
Avant, il faudra que nous financions vos
dépenses de santé pour que vous puissiez atteindre des âges
respectables. Et là, comme vous êtes nombreux, ça va vraiment nous
coûter très cher.
Les générations plus jeunes n’arrivent
pas à trouver de travail puisqu’il n’y a plus de travail. Donc la base
des travailleurs taxables se réduit comme peau de chagrin et le nombre
d’actifs par retraité est dramatiquement bas.
Ce que croient les soixante-huitards, les fonctionnaires, les régimes spéciaux !
C’est qu’ils devront sans doute se contenter d’une retraite un peu plus faible.
Les fonctionnaires pensent qu’avec une bonne grève le gouvernement reculera.
Que les régimes spéciaux ne seront pas touchés.
Qu’on pourra demander aux mêmes de
raquer, c’est-à-dire que l’ensemble des parents de France deviennent les
rentiers séniles de leurs enfants !
Fin des provocations !
Si vous avez tenu jusqu’ici, je vous en remercie et j’arrête mes provocations sur les membres de la génération du baby-boom.
J’espère simplement que vous avez
compris que le financement des retraites actuelles allait peser sur une
toute petite minorité qui a encore un travail, et plus pour longtemps
puisque beaucoup d’entre nous allons être sortis du marché de l’emploi
pour être remplacés par des robots humanoïdes.
Le paiement des retraites ne sera pas possible.
Le paiement des soins médicaux pour nos seniors ne sera plus possible.
Ce paiement ne pourra pas
reposer sur une génération des 35/45 ans qui n’en ont juste pas les
moyens. C’est mathématiquement impossible. Tout le reste, c’est de la
littérature et de l’enfumage politique à visée électorale. C’est du
flan, du mensonge…
Le rapport commence à fuiter !
Comme il faut préparer le bon peuple à
la rééééforme des retraites, on fait savamment fuiter quelques pistes
sur lesquelles travaille le gouvernement afin de sonder et voir les
réactions et l’opposition. On fera passer la loi cet été, pendant que
vous êtes tous en vacances avec enfants et petits-enfants !
Les régimes spéciaux seront sans doute attaqués car politiquement ce serait injustifiable.
On demandera encore plus au privé pour que les fonctionnaires aient l’impression de moins perdre que les zautres.
On reculera encore l’âge de la retraite à
taux plein, on taxera vraisemblablement les retraités actuels à coup de
CSG et de suppression d’abattement, ce qui reviendra à baisser les
retraites… En augmentant les zimpôts.
Le gouvernement dira que sa
réforme est JUSTE car les femmes atteintes de maladies orphelines, mères
de 3 enfants ou plus, ayant travaillé au moins 25 ans de nuit,
atteintes d’un cancer et bénéficiant du régime des affections de longue
durée… pourront partir à 60 ans ! Ouf, j’ai eu peur que ce soit pas
JUSTE, mais ce sera forcément JUSTE… puisque c’est la gôche.
On vous promettra qu’avec cette réforme ce sera la bonne !
Et on vous mentira en toute connaissance
de cause. Pourquoi ? Parce qu’il n’y a personne capable de payer ces
pensions, et que si on prend en compte les engagements de retraites des
fonctionnaires… c’est 4 300 milliards de dettes pour notre pays. Merci,
au revoir les finances publiques. System Failure. Game Over. Fini,
terminé, wallou…
Y a plus de pognon. Réforme ou pas. Y a
plus d’argent. Vous n’aurez pas vos retraites. Elles vont baisser,
diminuer, être taxées, réduites, coupées en morceaux, laminées…
Il faut donc vous y préparer…
Bon je sais, dit comme ça ce n’est pas très vendeur.
Mais n’oubliez pas qu’en plus vous allez
perdre votre épargne quand les États feront faillite. Vous serez vieux,
ruinés, sans épargne, et ne touchant plus qu’une pension de misère
alors qu’on vous avait promis la lune. Raté !
Donc il n’y a pas 36 solutions (non,
non, louer des appartements très cher à vos enfants insolvables ne va
pas fonctionner très longtemps).
Un lopin de terre avec un
potager, un poulailler et un plan épargne boîtes de conserve (PEBC),
éventuellement une maison suffisamment grande pour abriter le reste de
la famille du genre vos enfants et petits-enfants.
La misère est plus supportable au
soleil, loin des villes et du froid, dans la dignité et à plusieurs. Et
puis vos enfants seront sans doute ravis de profiter de leurs parents.
Bref, nous avons simplement
oublié que la première solidarité est la solidarité de la cellule
familiale. Une valeur que nous allons retrouver par la force des choses.
Et regardez comme nos zamis socialistes
sont avance sur leur temps. Avec le mariage pour tous, en fait, ils ont
voulu que tous puissent avoir une famille… parce qu’au rythme où vont
les choses… c’est bien l’union des familles qui permettra de faire face
au tsunami des retraites qui arrive sur nous. D’ailleurs, s’il
n’arrivait pas, on ne se fatiguerait pas à faire une réforme.
Mais il est temps pour chacun de nos amis retraités, jeunes ou moins jeunes, de faire un véritable stress test personnel.
Comment gérez-vous une situation où
votre pension a baissée de 50 % ? C’est ce qui va se passer. Personne ne
vous le dira. Vous le découvrirez petit à petit, comme à chaque fois.
Bon courage à tous nos aînés car c’est
au moment où ils seront fragilisés et vulnérables que l’État les
abandonnera en rase campagne et c’est aussi aux enfants à se préparer à
aider les parents, car je ne sais pas pour vous, mais en ce qui me
concerne il est hors de question de voir mes parents dans une situation
de dénuement importante. Allez, je vous laisse, j’ai quelques piécettes à
mettre de côté au cas où… pour ma maman !
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