UNE REVOLUTION ABOUTIE
«La révolution française n’est pas terminée, il faut l’achever »…C’est ce que le ministre de l’Education nous a déclaré urbi et orbi.
Il s’y est employé !
La « refondation » de l’Institution scolaire nous vient de loin…en
effet ! Aboutissement d’un plan révolutionnaire qui a vu le jour en
1793, cette refondation n’a pu trouver son accomplissement qu’après
avoir emprunté les méandres liées aux contraintes historiques,
institutionnelles et sociologiques, les révolutionnaires ayant dû
procéder par étapes et en sous-main pour abattre au fur et à mesure et
méthodiquement tous les obstacles et triompher de toutes les
résistances, usant de tous les stratagèmes à leur portée pour tromper la
confiance du peuple et arriver à métamorphoser l’institution scolaire,
lieu d’instruction et de formation intellectuelle en lieu de vie, centre
d’activités et de loisirs, aboutissant ainsi à la mise en oeuvre du
principe révolutionnaire de la « tabula rasa ».
La « refondation » de l’Ecole que notre ministre voudrait nous
présenter comme une reconstruction du système éducatif en est donc son
plus absolu contraire : il s’agit de son complet démantèlement.
BREF HISTORIQUE
En 1793, deux projets de loi ont été présentés à la Convention : celui de Le Pelletier de Saint-Fargeau repris par Robespierre qui,
estimant que le peuple n’avait pas besoin d’être instruit – qu’il
suffisait de les occuper à des activités manuelles dans les champs ou
les manufactures – était basé sur l’activité de l’enfant. Celui de Condorcet qui
estimait, quant à lui, que le peuple devait être instruit car la
société en avait besoin pour pouvoir fonctionner dans de bonnes
conditions, il était donc basé sur l’instruction ce qui, en cela du
moins, n’était pas très révolutionnaire.
Aucun de ces deux projets n’a été voté mais ils ont tous les deux
constitué la base de projets appliqués ultérieurement et simultanément,
ces deux conceptions s’étant toujours affrontées au sein même de
l’institution scolaire.
Bien que différentes initiatives aient vu le jour au cours d’un
XIXème siècle très « chahuté » institutionnellement, le premier projet
global d’une Ecole de la République à avoir été mis en œuvre fut inspiré
de celui de Condorcet par le ministre de l’Instruction publique de la
IIIème République Jules Ferry, dans son projet de loi déposé le 15 mars
1879.
Basé sur l’instruction du peuple, il était par ailleurs, expressément
déclaré anti-clérical, se proposant d’affranchir les consciences de
l’emprise de l’Eglise. L’Ecole publique se fixait donc comme objectif de
se substituer à l’Ecole privée.
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