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En 1793, pour bouffer du curé, les révolutionnaires, qui font régner la
terreur, interdisent la messe de minuit et les crèches dans les
églises. A Marseille, où, depuis 1214 sur la colline de la Garde la
Bonne-Mère veille sur la ville, la mesure indigne et l’interdit est
contourné. Avec la malice d’un Don Camillo se jouant des mauvais
tours de Peppone, certains habitants installent chez eux des crèches et
invitent leurs voisins à venir les admirer. Malheureusement,
cela n’est pas donné à tout le monde de pouvoir créer de telles crèches.
A cette époque, les figurines sont en cire, leur prix est élevé et
elles sont alors réservées à une clientèle aisée. Dès 1797, un homme a alors l’idée de cuire, dans des moules de plâtre, des sujets en argile,
dont le coût de production, modique, peut assurer une distribution
meilleur marché. Des sujets en argile, car « môssieu », de même qu’un
bon pastis est élaboré avec de l’anis étoilé, le vrai santon de Provence
est en argile ! Cette fois, on tient notre homme, le créateur du
santon. Mais son nom est encore un mystère…
[...] C’est en 1953 que toute la lumière
va enfin être faite. Un passionné de culture provençale, l’avocat
Leopold Dor, fait don, au Musée du Vieux-Marseille, d’une collection de
moules anciens d’où sont sortis les premiers santons ! Sur ces précieux
objets, une signature : Lagnel. Le père des santons est identifié. Il s’agit de Jean-Louis Lagnel, né en 1764, mort en 1822.
Et on n’est pas au bout de nos surprises… Sur ses derniers moules,
Lagnel gravait également la date de création. Sur une pièce figure ainsi
« 25 mas 1817 ». Il faut lire 25 mars 1817, mais s’il manque un « R »,
ce n’est pas une erreur, mais une volonté délibérée ! Comme tous
ceux à qui la Révolution avait inspiré une sainte horreur, il refusait
d’utiliser la lettre « R », l’initiale de l’événement maudit.
Cette marque de mépris avait été lancée, dès 1795, par les « Muscadins
», jeunes royalistes qui, élégants, raffinés et parfumés de musc,
refusaient de prononcer la lettre « R » par haine de la Révolution.
[...]"
Et c'est aussi pourquoi le Salon Beige lance chaque année un concours de crèches.
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