Preuve s’il en était besoin que
les sanctions mises en place contre l’Iran pour freiner ses ambitions en
terme de nucléaire militaire seraient avant tout destinées à préserver
les intérêts économiques et financiers des firmes US ….
Alors
que début février, le secrétaire d’État américain, John Kerry a tenu à
appeler directement le ministre français des Affaires étrangères,
Laurent Fabius pour lui signifier ouvertement son désaccord, suite au
déplacement sur le sol iranien de plus d’une centaine de patrons
d’entreprises du CAC40, effectué à l’initiative du Medef, trois
sénateurs républicains viennent de s’adresser au Pentagone pour lui
demander de sanctionner les compagnies françaises qui cherchent à
établir des relations commerciales avec l’Iran.
En visant en tout premier lieu Michelin, lequel pourrait faire de l’ombre à Goodyear ? Il n’est pas interdit d’y penser …
Selon l’Agence de presse de la
République islamique (IRNA), Trent Franks, Doug Lamborn et Joe Heck ont
envoyé une lettre à Chuck Hagel, le secrétaire américain à la Défense en
vue de lui d’exercer des pressions sur la compagnie française de
pneumatiques afin de l’empêcher d’établir des relations commerciales
avec l’Iran.
Les sénateurs ont ainsi demandé à
Hagel de mettre en garde Michelin, en l’informant que dans le cas où le
groupe conclurait un accord avec Téhéran avant l’accord final sur son
programme nucléaire, tout nouvel accord entre le Pentagone et Michelin
serait impossible. Une menace qui intervient alors qu’en 2007, Michelin a
signé un accord avec les forces armées américaines d’un montant de plus
de 2,4 milliards de dollars.
Début février, John Kerry avait estimé
pour sa part la visite des plus grandes firmes françaises dans la
capitale iranienne était « malvenue ».
Téhéran « ne peut être considéré
comme un marché ouvert, parce que l’allègement des sanctions est tout à
fait provisoire, tout à fait limité et tout à fait ciblé », avait indiqué quant à lui Wendy Sherman, la sous-secrétaire d’État aux Affaires politiques.
L’argument – officiel – est clair : un
tel empressement de la France à se rendre en Iran laisserait sous
entendre que Téhéran a bel et bien redoré son blason sur le plan
international. Et qu’il est donc désormais politiquement correct de
commercer avec le régime iranien. « Nous avons respecté la
convention de Genève, signée en novembre dernier. Il y a d’autres
délégations de pays européens qui se sont rendus en Iran », avait souligné préalablement Pierre Gattaz, le patron des patrons, histoire de désamorcer toute bombe éventuelle.
Mais l’accès au marché iranien pourrait être au final le véritable enjeu.
Rappelons en effet que depuis le 20
janvier dernier, une partie des sanctions internationales qui pesaient
jusqu’à lors sur l’Iran ont été temporairement levées. Les allègements
concernent les secteurs de l’or et des métaux précieux, les produits
pétrochimiques (en dehors du pétrole, du gaz et des carburants),
l’industrie aéronautique et l’automobile.
Histoire de relativiser l’importance de
la visite, le Quai d’Orsay avait toutefois tenu à préciser que la visite
du Medef à Téhéran avait lieu « à titre exploratoire », mais l’argument
a semble-t-il été considéré quelque peu léger aux yeux des Etats-Unis.
D’autant plus que le patronat français a
frappé au cœur même des ambitions US les plus tenaces, la délégation de
chefs d’entreprise à Téhéran étant conduite par Thierry Courtaigne,
vice-président, directeur général de Medef international mais également
Patrick Blain, président du Comité des constructeurs français
d’automobiles.
Et ce, alors même que GM tente
par tout les moyens – ou presque – de bouter Renault et PSA hors d’Iran.
Physiquement et commercialement parlant. En juillet 2013, le lobby
United Against Nuclear Iran a ainsi à adresser à Renault, une sommation
de se retirer d’Iran sous peine de sanctions américaines.
A noter également qu’en octobre dernier, un industriel français, avait indiqué pour sa part au Figaro, que « la plupart des secteurs de l’économie américaine, y compris des sociétés cotées au Nasdaq » avaient «envoyé ces derniers mois des émissaires en Iran».
Le journal ajoutant alors que la filière
automobile iranienne était particulièrement courtisée par General
Motors. Les « émissaires » de la firme US allant bien au delà du «
simple repérage du marché», leurs missions étant beaucoup plus proches
d’une « ébauche du contrat de reprise des activités de GM» selon les
termes mêmes de l’industriel, bien au fait du dossier.
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