Ancien
cadre supérieur puis entrepreneur dans le secteur des nouvelles
technologies, Piero San Giorgio a fait une arrivée éditoriale remarquée à
l’automne 2011 avec la publication de son premier ouvrage “Survivre à l’effondrement économique”.
Le titre, qui a remporté un grand succès, a fortement contribué au
développement des préoccupations survivalistes et à leur couverture
médiatique. Après un deuxième titre “Rues Barbares, survivre en ville”
publié en décembre 2012, Piero San Giorgio vient de débuter il y a
quelques jours une nouvelle expérience. Nous l’avons rencontré.
Propos recueillis par Pierre Saint-Servant
Venons-en
maintenant à la préparation concrète. J’ai pris conscience de la
gravité de la situation actuelle, de la fragilité du système auquel je
suis relié et je souhaite me préparer, retrouver une certaine autonomie,
par où commencer ?
La
prise de conscience est déjà une grande étape. Après, pas besoin de
voir grand, de planifier des stratégies très complexes. L’important est
de démarrer, quitte à ce que ce soit à petits pas. J’explique dans mes
livres qu’une bonne approche est celle qui est équilibrée entre les sept
grands points que sont l’autonomie et la préparation pour l’eau, la
nourriture, l’hygiène et la santé, l’énergie, la connaissance, la
défense et le lien social. Beaucoup de choses peuvent se préparer
chez-soi, par soi-même, en lisant, en prenant connaissance de techniques
et d’outils et en faisant l’acquisition d’un peu de matériel et de
réserves. Dans « Rues Barbares » nous donnons la marche à suivre sur
comment démarrer en 30 jours, et à petit budget !
Il
n’y a cependant pas de préparation efficace sans changement des modes
de vie, vouloir retrouver son autonomie passe donc inévitablement par
diminuer ses besoins et revoir son rapport au monde ?
C’est
la démarche idéale oui. Une réelle prise de conscience nécessite des
changements. Toutefois, ces changements peuvent ne pas être radicaux.
Pas besoin de vivre avec des chèvres dans le Larzac, pas besoin de se
faire construire un abri antiatomique.
L’équilibre
est essentiel. Equilibre dans son travail, entre ses besoins de revenus
et ses aspirations personnelles, entre désir d’indépendance et le
confort qu’offrent les systèmes d’infrastructure de la civilisation,
entre désir de vie saine et d’harmonie avec la nature et l’environnement
et nos désirs de consommateurs. Tout cela peut se faire
progressivement, petit à petit, sans frénésie et sans panique. Le
résultat est au final des besoins plus modestes et plus de bonheur,
comme en témoignent de nombreuses personnes et comme c’est le cas pour
moi.
Vous insistez dans Rues barbares
sur le fait que l’environnement urbain est particulièrement inadapté
aux situations de crise et à la recherche d’autonomie. Dès que cela est
possible, il faut donc s’installer en campagne ?
Certainement !
Les Romains avaient déjà théorisé qu’une ville de plus de 30 000
habitants n’était plus viable. La campagne comporte beaucoup d’avantages
– eau, nourriture, lien social, défense – mais aussi des inconvénients –
moins de métiers possibles, moins de soins médicaux, un certain
isolement social. Mais on voit que pendant les grandes crises, comme
pendant l’Occupation en France, ce sont les habitants de campagnes qui
s’en sortent le mieux. Cela ne veut pas dire qu’il est impossible de
s’en sortir en ville, simplement cela est plus difficile et demande une
préparation un peu différente. L’étude de crises urbaines, comme
l’accident chimique de Bhopal, l’ouragan Katrina ou Sandy, les sièges de
Leningrad, Stalingrad, Berlin ou Sarajevo nous donnent de bons indices
sur ce qui est le plus important à faire.
Lorsque l’on découvre le prepping,
une tentation peut être de travailler en tous sens et de déséquilibrer
notre préparation, ce qui est un réel danger. Que conseillez-vous pour y
remédier ?
C’est
là, modestement, la grande valeur de ces livres : structurer la
démarche dans quelque chose de cohérent et d’équilibré. Parfois des gens
s’arment jusqu’aux dents mais n’ont pas une bouteille d’eau chez eux.
D’autres se dévouent corps et âme à leur potager ou à tisser des liens
sociaux et altruistes très forts, mais ne savent pas ou ne veulent pas
se défendre. Il faut de la réflexion, de la méthode, de l’équilibre et
faire toute chose avec calme. Il faut également, ce qui peut paraître
paradoxal dans ces cas de figure un peu anxiogènes, de la sérénité.
L’auto-suffisance
semble être une utopie, elle pourrait également faire croire que l’on
peut vivre sans l’aide de la communauté, qu’en est-il réellement ?
L’anthropologie
montre que l’homme est un animal social et ce, depuis des millions
d’années. Nous n’existons pas naturellement en tant qu’individus. Nous
n’existons qu’en groupe, en clan, en tribu, en ethnie. On peut le
regretter, mais c’est comme ça. C’est bien pour cela que, à long terme,
toute tentative d’autosuffisance doit s’inscrire, dans un cadre d’une
communauté – la famille, le village, le quartier, le clan, la nation.
Etant citoyen suisse, j’espère que mon pays, pourra mettre en place les
mesures nécessaires pour devenir ce que j’appelle une Base autonome
durable dans son entièreté. Ce concept, qui est valable pour un
individu, pour une famille, pour un groupe, peut l’être pour une ntion.
Comment
faire participer toute la famille (conjoint et enfants) à la recherche
d’autonomie, sans faire peser un climat anxiogène ?
Comme
pour tout ce qui est anxiogène dans la vie (départs en vacances,
courses du samedi, perte d’un emploi, décès d’un proche) : avec
pédagogie, tact, humour, et même de manière ludique. Encore une fois, le
maître-mot est équilibre.
Pour conclure, quel message souhaitez-vous transmettre à ceux qui seraient découragés par l’ampleur de la tâche ?
La tâche peut sembler ardue et vaste, mais ce qui compte c’est de s’y mettre, petit-à-petit. Etre prêt à 1% est déjà infiniment mieux que ne pas être prêt du tout. En réalité, avec un petit budget et un petit effort on peut déjà faire énormément pour prévenir les effets de la plupart des crises.
La tâche peut sembler ardue et vaste, mais ce qui compte c’est de s’y mettre, petit-à-petit. Etre prêt à 1% est déjà infiniment mieux que ne pas être prêt du tout. En réalité, avec un petit budget et un petit effort on peut déjà faire énormément pour prévenir les effets de la plupart des crises.
Au-delà
de mes livres, de nombreux Etats ont d’ailleurs des sites d’information
où ils indiquent ce que les citoyens peuvent faire pour se préparer.
Même nos gouvernements sont survivalistes !
Piero San Giorgio, merci !
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