vendredi 24 avril 2015

Libye, Ukraine, Grèce : « L’Europe c’est la paix... et le chaos tout autour »

Crise en Ukraine, coalition en Lybie, appauvrissement de la Grèce : Coralie Delaume analyse comment l’Europe, par sa politique extérieure, se retrouve désormais cernée par les conflits.
Il faudra un jour que l’on s’interroge sur la nature profonde de ce « modèle européen » et sur sa propension paradoxale à combiner, selon les circonstances, atonie et agressivité, mollesse post-politique et pulsions destructrices.
L’Europe, mue par un exceptionnalisme qui n’a plus rien à envier à l’américain, est si profondément attachée à sa vocation de « grosse Suisse » vouée à l’équilibre comptable, au doux commerce et à la paix perpétuelle, qu’elle semble se croire autorisée à aller botter le train de tout ceux qui refusent de se convertir, à sa suite et selon son exemple, au confort anesthésiant de la post-histoire.
Évidemment, elle préfère exporter son agressivité. On ne va quand même pas se taper dessus sur le sol même de « l’Europe-c’est-la-paix ». Tout juste consent-elle, en interne, à faire subir quelques châtiments aux récalcitrants et aux indisciplinés. À la Grèce notamment, sur la tête de laquelle chacun tape tour à tour, du président de l’Eurogroupe à celui de la BCE, du ministre Wolfgang Schäuble à toute la ribambelle des fayots de l’Allemagne, Renzi, Valls et on en oublie. Mais ce ne sont là que des châtiments financiers. On étrangle le pays, on le maintient au bord de la faillite, on ne lui laisse aucun répit. C’est une guerre d’usure, mais une guerre économique. C’est feutré, ça paraît doux. C’est la première vraie « guerre propre ». Pas une goutte de sang versé : « nos valeurs » ne le permettraient pas.
À l’extérieur, c’est une autre paire de manches. Là, on peut être plus audacieux, sûr de n’avoir jamais à en subir les conséquences. Craindre d’avoir un jour à rendre des comptes pour nos imprudences et indélicatesses ? Jamais ! L’Europe, c’est « l’Union des peuples libres ». Et la Liberté ne rend pas de comptes. Du coup, pas besoin d’aller semer le bazar trop loin. Juste derrière nos frontières, ça devrait faire l’affaire. [....]
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