jeudi 19 octobre 2017

Attentat de Marseille : le rapport de l’IGA révèle la guerre raciale dans les centres de rétention

Gérard-Collomb-Rapport-IGA-600x281.jpg
Minute-Marseille-Couv-248x350.jpg« Guerre raciale », l’expression n’est pas trop forte. Entre clandestins en attente d’expulsion (ou pas), ce n’est pas vraiment le grand amour. Et dans les centres de rétention, l’Etat ne parvient même pas à assurer l’ordre. Telle est une des révélations du rapport de l’Inspection générale de l’administration (IGA) commandé par le ministre de l’Intérieur Gérard Collomb après l’attentat commis à la gare Saint-Charles de Marseille par l’islamiste Ahmed Hamachi, remis en liberté la veille de son double assassinat, faute de place dans le Centre de rétention le plus proche. Extrait du dossier que l’hebdomadaire Minute consacre cette semaine à ce rapport bien plus intéressant qu’on ne l’a dit.
La solution, qui aurait permis d’empêcher Ahmed Hanachi de se trouver le lendemain gare Saint-Charles mais n’aurait nullement permis de l’expulser, aurait consisté à le placer quand même dans un centre de rétention administrative (CRA), et c’est parce que cela n’a pas été fait que le préfet du Rhône a sauté. Au CRA le plus proche, celui de Lyon-Saint-Exupéry, il n’y avait pas de place.
Pas tant parce que, ce jour-là, ça se « bousculait au portillon » comme l’a dit un agent du CRA, qu’en raison du fait que, au centre qui est en fait un ancien hôtel F1, « six chambres de quatre places étaient indisponibles », soit 24 places, dans l’attente « de leur remise en état ». Il est donc vétuste ? Ce n’est pas cela : « L’accroissement des dégradations volontaires et des troubles au sein du centre conduisent à l’immobilisation continue d’une part importante des chambres. » (page 20)
L’Etat n’est pas plus capable d’assurer le maintien de l’ordre dans les centres de rétention que dans n’importe quelle banlieue !

L’IGA l’écrit noir sur blanc :
« La plupart des interlocuteurs rencontrés […] ont […] souligné la difficulté la maintenir l’ordre au sein du CRA en raison notamment de tensions entre les retenus originaires d’Europe de l’Est et du Maghreb » !
RAPPORT-IGA-Couv-248x350.jpgEh oui : la guerre raciale, dans notre société multiculturelle, c’est aussi dans l’antichambre des couloirs aériens !
Sinon, pour placer Hamachi, il aurait été possible de faire du « place pour place ». Du troc ! Ça semble courant :
« Si elle veut néanmoins procéder à un placement [quand le CRA est plein], la préfecture n’a alors d’autre choix que de négocier avec le CRA une arrivée en échange de la remise en liberté d’un autre retenu dont les perspectives d’éloignement paraissent plus faibles (par exemple s’il n’est pas susceptible d’être rapidement reconnu par les autorités consulaires de son pays). »
Tu me sors un Cap-Verdien, je te file un Marocain ! Ou l’inverse…
En fait, il y avait de la place. Mais des places auxquelles Hamachi n’avait pas accès. Au CRA de Lyon-Saint-Exupéry, ce samedi 30 septembre, seize places étaient libres : douze places réservées pour d’éventuelles familles et quatre places pour des femmes. On a préféré ne pas mettre Hamachi dans le quartier des femmes. Après tout, on a bien fait. On n’a juste pas pensé qu’il pourrait les trouver ailleurs, gare Saint-Charles, le lendemain, à Marseille.
Extrait d’un article de Marc Bertric
paru dans Minute n° 2843 daté du 18 octobre 2017

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire