Lu dans L'Express :
Le projet, à ce stade, présente d'évidentes différences. L'IFP est une école parisienne installée dans le 16e arrondissement. L'académie de Marion Maréchal-Le Pen sera provinciale, vraisemblablement lyonnaise. L'IFP propose à des jeunes de 18 à 30 ans des séminaires en parallèle à leurs études, le soir et surtout le week-end. Le Sciences po de droite de la nièce de Marine Le Pen ambitionne d'être une formation diplômante "du magistère à la formation continue".
La forme diffère. "Mais, in fine, nos buts se rejoignent, car, idéologiquement, ils sont sur la même ligne. Ils s'inspirent de la philosophie conservatrice", confirme Jacques de Guillebon. Ce proche de Marion Maréchal-Le Pen dirige notamment la revue L'Incorrect. "Lors de son passage à l'IFP, la députée avait l'air surprise que la convergence entre les différentes chapelles de la droite se réalise concrètement, ici, au niveau de la jeunesse", se souvient l'un de ses anciens professeurs.
S'il n'existe pas de collaborations directes entre son projet et l'IFP, ce dernier est bel et bien l'école qui se rapproche le plus de la future académie marioniste. "Il y a eu des rencontres informelles", souffle sans plus de détail Jacques de Guillebon. Le philosophe catholique Thibaud Collin confirme avoir été approché par l'entourage de l'ex-élue pour intégrer un futur conseil scientifique. Il donne déjà des cours d'anthropologie politique à l'IFP. "C'est un milieu assez petit, où tout le monde se connaît", glisse-t-il.
Petit, mais en pleine expansion. Depuis sa création en 2004, l'IFP dit avoir accueilli près de 1 400 élèves - on parle, ici, d'"auditeurs". Selon les chiffres fournis par l'école, 419 jeunes ont postulé l'année dernière pour à peine 180 places. Etudiants comme jeunes professionnels de droite sans tabou s'y pressent pour s'offrir une colonne vertébrale idéologique, recevoir des conseils concrets pour effectuer une levée de fonds, répondre aux journalistes et, surtout, réseauter sans exclusive. "Le phénomène de la Manif pour tous a fait se croiser des gens de tous les horizons. Il n'y a plus de cloison étanche entre les proches de LR [Les Républicains] et du FN, entre libéraux et droite réactionnaire", se félicite le maurrassien Charles de Meyer. Un adjectif qu'il assume. Cet ancien auditeur de l'IFP y est formateur depuis trois ans. Il est l'un des collaborateurs de la députée Ligue du Sud, Marie-France Lorho, et préside la très active organisation SOS Chrétiens d'Orient.
Un pied dans la politique et l'autre dans l'associatif, Charles de Meyer représente le parcours modèle de "l'engagement et l'action dans la Cité" que veut promouvoir l'IFP. A la création de l'école, l'engagement des élèves était avant tout partisan. Il est aujourd'hui "métapolitique", comme l'on dit à la droite de la droite pour désigner ce militantisme idéologique : investir tous les champs, de l'humanitaire à l'éducatif, en passant par les médias. L'idée que les victoires culturelles précèdent les batailles électorales est devenue un truisme. "Il est temps, pour nous aussi, d'appliquer les leçons d'Antonio Gramsci", écrit, comme en écho, Marion Maréchal-Le Pen dans sa tribune à Valeurs actuelles.
[...] "L'IFP est un laboratoire dans lequel le processus de convergence des droites est possible, observe Guillaume Bernard qui y enseigne 'les valeurs de la droite'. Mais l'objectif initial était d'ouvrir des formations à des jeunes pour être plus efficaces. L'IFP assure une fonction que les partis ne remplissent plus depuis les années 1970." [...]
Michel Janva
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