mercredi 23 janvier 2019

Le mythe de la malédiction des richesses

6a00d8341c715453ef022ad3d4aa56200b-320wi.jpgUne omelette réussie cela ne tient pas à trois œufs et une noix de beurre. Les ingrédients matériels doivent être combinés au savoir faire du cuisinier. Et feu la mère Poulard nous pardonnerait, je l'espère, de ne pas utiliser ici l'écriture inclusive, s'agissant d'une profession où le génie masculin surpasse si souvent les bonnes recettes traditionnelles de nos chères grands-mères.
Ainsi donc, dans le métier, comme partout, règne la plus claire des inégalités.
Reconnaissons humblement que dans le mensonge propagandiste et la désinformation démagogique, la gauche reste indétrônable. On peut le mesurer dans le déferlement des appels à la restauration de l'ISF, à la faveur de la crise des Gilets jaunes, mouvement antifisc habilement détourné en programme fiscaliste.
Timidement, dans mon petit livre bleu[1] écrit en 2011 pour tenter de répondre au livre rouge de Piketty, un chapitre était consacré à l'idée que le progrès est conditionné, non par l'égalité, mais par l'inégalité. Personne ou presque n'a osé s'intéresser à l'argument.
Le mythe des 1 % ou 0,1 %[2] d'ultra-riches asservissant le pauvre monde occidental n'a donc pas fini de faire la prospérité des admirateurs du Venezuela ou du Zimbabwe et des nostalgiques de Staline ou de Mao Tsé-toung.
Mais il leur fallait encore plus : et voici une étude. Elle vient de source sûre, puisqu'elle est présentée par Winnie Byanyima, la directrice exécutive d’Oxfam International, en personne. Une ONG, lire : organisation non gouvernementale, au-dessus de tout soupçon par conséquent. Ajoutant à la précision pour mieux attiser notre effroi, elle révèle que les 26 plus riches détiennent autant d’argent que la moitié de l’humanité. Bigre.

Attendons-nous bientôt à entendre le clergé bien-pensant reprendre à l'envi cette antienne. N'a-t-on pas, depuis des siècles, tiré dans ce sens les Écritures ? Depuis Basile de Césarée (329-379) conseillant aux riches d'utiliser leur fortune pour faire le bien, on est passé au raisonnement inverse. On n'a jamais cessé dans les rangs du paupérisme occidental d'entendre identifier les pauvres aux bons et stigmatiser en bloc les méchants maîtres. Les exemples foisonnent et la semaine en cours, consacrée à l'unité des chrétiens, si nécessaire en notre temps, me retient d'en alourdir la démonstration.
Retenons simplement que l'on a confondu ce thème de la malédiction de l'Or, qui inspire saint François d'Assise, qui s'exprime poétiquement chez Wagner, et ce qui se veut scientifique chez Keynes. L'impitoyable mépris que ce snob britannique laissait éclater en qualifiant l'or de vieux fétiche a conduit à la dictature des banques centrales : pas sûr que les peuples du monde aient gagné au change.
Hélas ce ne sont pas seulement nos bons vieux progressistes d'hier et autres compagnons de route, en voie de disparition biologique, qui montent au créneau. Tout ce qui reste de la gauche se réveille de sa torpeur : pour corriger les très vilains milliardaires, coupons leur la tête et confions nos épargnes aux États qui les gèrent si bien, pour le bonheur de tous.
Même l'inepte Cécile Duflot est ainsi revenue sur l'eau. On pouvait espérer cette fofolle définitivement recalée du fait même du suffrage universel. Hélas, elle a fait ce 21 janvier, sur ce thème, une inquiétante réapparition médiatique. RTL lui tendait aimablement le micro. Elle n'a pas manqué d'y glapir, à la vitesse d'une mitraillette, toutes les contre-vérités de la démagogie égalitariste à la mode.
"Combien de nos chairs se repaissent, chante l'Internationale, mais si les corbeaux, les vautours, un de ces matins disparaissent, le soleil brillera toujours". Un programme qui a fait ses preuves.
JG Malliarakis  
Apostilles
[1] cf. "Pour une libération fiscale" par JG Malliarakis
[2] Peu importe leur nombre pourvu qu'il s'agisse d'un pourcentage.

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