Qui l’eût cru ? On pensait l’enfouissement des candidats LREM réservé à ces territoires perdus de la France périphérique, rurale, où le macronisme n’a jamais vraiment pris, et où le RN est fort, comme en Lot-et-Garonne, où aucun des trois députés LREM n’est candidat dans les grandes villes, villes où ne figure pas même une liste LREM officielle !
Mais la fuite des LREM gagne à présent les villes et même les villes touristiques, balnéaires, à la population riche et âgée, qui offraient des scores staliniens à Emmanuel Macron, encore, lors des européennes de juin dernier, et où son parti LREM pouvait espérer faire plus que de la figuration. On apprend, chaque jour, une nouvelle désertion, et pas seulement des sans-grade : des ministres, des députés « jettent l’éponge », comme dit pudiquement la presse locale.
Ainsi, à Biarritz, qui faisait les gros titres car s’y affrontaient deux ministres d’Emmanuel Macron, un sondage commandé par Sud-Ouest à Ipsos est publié vendredi soir mais, d’emblée, présenté caduc par le quotidien puisqu’on a appris dans la journée le retrait des deux candidats LREM ! Selon le quotidien régional, « le ministre de l’Agriculture Didier Guillaume et Jean-Baptiste Lemoyne, le secrétaire d’État au Tourisme, ont été priés par le Président Macron de se consacrer à leurs missions ministérielles plutôt qu’à la campagne à Biarritz. » À l’Élysée, on devait connaître le sondage.
Nice, 31 janvier 2020, comme à Biarritz, c’est l’heure du LREMxit Day sur la promenade des Anglais. C’est 20minutes qui nous l’apprend : « Il n’y aura dans tous les cas pas de candidat LREM, investi ou pas par le parti présentiel [sic : un lapsus journalistique intéressant pour un parti présidentiel…absent,], à Nice. Après Joëlle Martinaux, qui a annoncé qu’elle jetait l’éponge jeudi soir à 20 Minutes, c’est le député Cédric Roussel qui fait également savoir ce vendredi qu’il renonce à se présenter aux élections municipales. ”
Communiqué dudit Cédric Roussel : « Nous sommes à trois semaines de la date du début de dépôt des listes pour les prochaines élections municipales, six semaines du premier tour et mon mouvement ne s’est toujours pas prononcé sur Nice, 5e ville de France. Dans le même temps, le maire sortant clame haut et fort rejeter le soutien et les valeurs que pourrait lui apporter notre mouvement, rendant ainsi impossible toute co-construction d’un projet commun. Je prends donc aujourd’hui la décision de me retirer des prochaines élections municipales. »
Ce serait donc la faute à ce grand méchant de Christian Estrosi, lui qui fut pourtant si Macron-friendly dès 2017… et qui, maintenant, se souvient qu’il est un peu LR, un peu de droite, et que le vent a tourné. Il sait compter, Christian Estrosi, et la plus-value LREM, par les temps qui courent, c’est… comment dire…
En tout cas, cela fera, au soir des municipales, deux ministres de la majorité et des dizaines de députés LREM battus en moins : c’est une façon d’engranger des victoires. Pas joué, pas perdu. Pas vu, pas pris. La victoire façon « Courage fuyons ».
Au 1er février, on ne voit guère que deux victoires symboliques se dessiner pour la majorité : celle d’Édouard Philippe au Havre et de François Bayrou à Pau, qui ont confirmé leurs candidatures hier aussi. Mais ce sera maigre et on aura beau jeu de rappeler qu’ils sont des maires sortants élus il y a six ans en étant soutenus officiellement par la droite LR, qu’ils devront leur éventuelle réélection plus à leur aura personnelle qu’à leur proximité avec Emmanuel Macron.
Avec les annonces de ces retraits, ce 31 janvier, et l’annulation de la circulaire Castaner pour les villes de moins de 9.000 habitants, c’est un peu le LREMxit Day qui a sonné. Et beaucoup le Macrexit. On sait que ce genre d’opérations peut prendre plusieurs années. Comment disait-il, déjà ? « Putain, deux ans ! »
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