De Paul Barillon, docteur en droit, pour le Salon beige:
En cette situation particulièrement grave où la séparation des pouvoirs et la démocratie sont foulés aux pieds par un exécutif autocrate, gardons espoir en méditant cette belle citation d’Alexandre Soljénitsyne, l’homme qui a tenu tête à la dictature communiste : « Quelqu’un que vous avez privé de tout n’est plus en votre pouvoir. Il est de nouveau entièrement libre »[1].
Il va falloir lutter chers amis: un pouvoir en réalité dictatorial naît en France sous la conduite d’Emmanuel Macron et de son gouvernement.
L’exécutif En Marche, sous le chantage affectif de la défense de la survie des plus faibles contre un virus échappé de l’on ne sait quel laboratoire, entend asservir toute une population pour lui imposer son diktat de l’homme augmenté fantasmant sur l’immortalité. Olivier Véran et sa clique d’infectiologues prônent, en réalité, le rejet de notre fragilité de créature par déni de la mort et par volonté de devenir les juges de notre salut. Pour ce faire, ils créent de nouveaux péchés capitaux : non port du masque, interdiction d’assister à la messe, interdiction de se retrouver en famille pour secourir les membres les plus âgés et fragiles de celle-ci.
Quel orgueil incommensurable ! Notre salut éternel, martelons-le, c’est de mourir en état de grâce avec le secours des derniers sacrements et une âme montant paisiblement vers le Père. Comme en 1793, le dictateur, digne de fils de Robespierre, nous arrache la liberté de culte. Il foule aux pieds nos libertés les plus sacrées pour que nous restions en bonne santé ! En réalité, il teste la soumission d’un pays qui, maladroitement avec ses seuls gilets jaunes parce qu’il n’a plus hélas d’instruction, a essayé de se réveiller.
Des personnalités politiques de tous bords dénoncent aujourd’hui la dictature naissante. Pour ne pas être accusé de partialité, prenons l’exemple de Jean-Luc Mélenchon. Il peut susciter de nombreux désaccords quant à son projet politique mais lors de sa « Revue de la semaine » sur YouTube en date du 5 novembre 2020, il affirme très justement que jamais, depuis la Seconde Guerre mondiale et l’occupation, les libertés fondamentales n’ont été aussi attaquées et mises sous le boisseau[2].
Il est donc légitime de se poser la question de savoir si Emmanuel Macron, son gouvernement et sa majorité n’ont pas instauré un régime autoritaire, voire totalitaire en France.
Plusieurs indices montrent la naissance de cette dictature à travers la démagogie, le mépris des institutions parlementaires, l’opacité du conseil de défense … Tout ceci ne génère-t-il pas un légitime droit de résistance à l’oppression tel qu’il est défini en tout premier lieu par saint Thomas d’Aquin ? Nous y reviendrons …
I. Olivier Véran le démagogue, fou de rage du simple fonctionnement de la démocratie !
Mardi 3 novembre, Olivier Véran a montré son véritable visage, lors de son coup de sang à l’Assemblée Nationale : « Je suis rentré dans deux chambres de réanimation et dans l’une des chambres, il y avait un jeune homme de 28 ans. Dans le coma. Intubé et ventilé. Dans la deuxième chambre, il y avait un jeune homme de 35 ans en surpoids … C’est ça la réalité, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! C’est ça la réalité dans nos hôpitaux ! »
C’est souvent dans la colère et l’exaspération que le fond d’une pensée humaine peut se révéler. Ce coup de sang d’Olivier Veran démontre à quel point il est dangereux que LREM et ce gouvernement se maintiennent trop longtemps au pouvoir.
- Un démagogue patenté :
Premièrement, le coup de sang d’Olivier Véran relève de la pure démagogie. Pour n’importe quelle maladie, il est possible de raconter des épisodes tragiques vécus à l’hôpital. Sur ce fondement, on aurait pu voter une loi interdisant de boire de l’alcool après avoir vu un jeune de 30 ans mourir d’une cirrhose en phase terminale à l’hôpital ! Sur ce fondement, on aurait pu obliger tous les automobilistes à rouler à 60km/heure, quelle que soit la nature de la route, sur le fond d’image de corps disloqués et désincarcérés !
Les chiffres officiels montrent cette démagogie avec des chiffres de la mortalité ne connaissant pas de hausse en France en 2020. Le graphique fourni par Nathalie MP Meyer dans son article paru pour le site Contrepoints le 7 novembre le démontre[3] !
2. Un Ministre de la santé méprisant ouvertement la représentation nationale :
Deuxièmement, Olivier Véran a affiché son mépris ouvert pour une représentation nationale qu’il a voulu délibérément chasser, quant aux députés des oppositions tout du moins, de l’hémicycle. Retenons bien ses propos : « C’est ça la réalité, si vous ne voulez pas l’entendre, sortez d’ici ! C’est ça la réalité dans nos hôpitaux ». Jamais, depuis le Coup d’Etat du 18 brumaire an VIII mené par Napoléon Bonaparte pour expulser les députés du Conseil des 500, un tel souhait dictatorial n’a été formulé contre la représentation nationale ! Une seule différence toutefois. A sa manière, Napoléon a fait la grandeur de la France; Olivier Véran ne recherche que sa ruine. Pour le reste, la volonté est la même : délibérément on ferme la bouche du peuple par le rejet de ses représentants pour instaurer un régime autoritaire fondé sur un chantage aux fêtes de Noël et à la mort du fait de l’épidémie. Olivier Véran essaie de faire marche arrière aujourd’hui en déclarant notamment sur Closer le 5 novembre 2020 : « je n’ai jamais eu la volonté de demander à la représentation nationale de sortir de l’hémicycle, mais je m’adressais plutôt à la personne. » La personne ? mais qui est la personne ? Ne nous laissons pas abuser par cette tentative de justification : Olivier Véran est un dangereux autocrate et sa politique repose sur le chantage émotionnel.
Olivier Véran manifeste en outre une volonté délibérée d’humilier la représentation nationale, donc le peuple en lui-même pour justifier sa politique de séquestration des libertés fondamentales. Regardez bien premièrement la vidéo des débats du 3 novembre. Pendant toute une partie des interventions des membres de l’opposition, il “textote” et ne regarde pas les députés. Comment mieux afficher son mépris[4] ?
II. Mépris du vote de la loi
Tout le monde le sait : l’examen du projet de loi sur la prolongation de l’état d’urgence sanitaire s’est enlisé mardi 3 novembre, entre votes litigieux et suspensions de séance. Mais que s’est-il donc passé ? Le projet de loi, discuté en nouvelle lecture, prévoit une prorogation de l’état d’urgence face à l’épidémie de coronavirus jusqu’au 16 février. Ce régime d’exception permet de limiter drastiquement les déplacements et de violer la plupart de nos libertés fondamentales.
Pour rappel, un projet de loi provient d’une initiative gouvernementale, donc les députés LREM auraient dû être là pour soutenir leur gouvernement. Un grand nombre d’entre eux craint cependant pour sa réélection. Ils n’ont donc pas voulu assumer ce vote. Du fait de leur absence, la démocratie aurait pu être sauvée par une unité de toutes les oppositions de droite et de gauche dans la défense de nos libertés fondamentales. Une véritable résistance d’union nationale est alors née face à la dictature instaurée par LREM.
Que s’est-il passé ? Lors de la discussion du mardi 3 novembre, un amendement de Paul Molac du groupe « Libertés et territoires » a été adopté contre l’avis du gouvernement. Il prévoyait que le confinement décrété par l’exécutif à partir du 30 octobre ne puisse être renouvelé au-delà du 30 novembre. Cet amendement a été adopté et les oppositions sont parvenues à faire voter une prolongation de l’urgence jusqu’au 14 décembre seulement.
Le jeu de la navette aurait emmené ce vote au Sénat et si le projet de loi avait été voté dans les mêmes termes, il aurait alors été adopté. Le Sénat étant à droite, l’unité nationale revendiquée derrière l’autoritarisme en marche aurait volé en éclat. On aurait pu penser qu’Olivier Véran arrivant trop tard, il hurlait de ne pouvoir sauver sa dictature par devoir de respect de la volonté nationale. Il en fut hélas autrement…
Olivier Véran va invoquer la réserve de voix et l’article 44 de la Constitution. Cet article qui n’est plus beaucoup utilisé énonce que « les membres du Parlement et le Gouvernement ont le droit d’amendement. Ce droit s’exerce en séance ou en commission selon les conditions fixées par les règlements des assemblées, dans le cadre déterminé par une loi organique. Après l’ouverture du débat, le Gouvernement peut s’opposer à l’examen de tout amendement qui n’a pas été antérieurement soumis à la commission. Si le Gouvernement le demande, l’Assemblée saisie se prononce par un seul vote sur tout ou partie du texte en discussion en ne retenant que les amendements proposés ou acceptés par le Gouvernement. »
Le troisième alinéa décrit la procédure de « vote bloqué », laquelle permet à un gouvernement invoquant des manœuvres dilatoires et des obstructions de la part de l’opposition parlementaire, d’accélérer la discussion. Cet article permet surtout, sans éviter le vote quand même, dans ce qu’il reste d’une démocratie, de limiter la nouvelle discussion aux amendements déposés par le seul vote des amendements antérieurement soumis à la commission.
L’usage de cet article 44 est donc très révélateur de la mentalité de dictature en marche qui anime le gouvernement. Le gouvernement considère la défense de nos libertés fondamentales les plus sacrées (la liberté d’aller et venir, la liberté de culte) ainsi que la défense de ce qui peut encore être sauvé de l’économie comme des manœuvres dilatoires et obstructions.
III. Opacité du Conseil de Défense
Trop régulièrement désormais, la France est suspendue aux décisions du Conseil de Défense. En sortira-t-il une fumée noire ou blanche ? Beaucoup ont souri lorsqu’Emmanuel Macron a martelé en mars son « Nous sommes en guerre ». Il ne poursuivait pas le but de stigmatiser comme ennemi une maladie, ce qui a pu amuser les téléspectateurs. Il cherchait délibérément à assoir sa dictature naissante, par le recours systématique au Conseil de Défense. En effet, à l’issue de chaque Conseil de Défense, le président ou le premier ministre, avec une solennité d’autocrates, font tomber leurs sentences…
Le Conseil de Défense ne peut être une instance de prise de décision politique permanente dans une démocratie. Ce conseil menace nos libertés les plus fondamentales.
Ce Conseil de défense et de sécurité nationale est une instance de crise permettant au chef de l’Etat de prendre des décisions immédiates sans aucune concertation de la représentation nationale. Emmanuel Macron a donc martelé que nous sommes en guerre en mars pour permettre à sa dictature naissance d’émerger. La nouvelle instance de prise de décision politique, le Conseil de Défense, est tenu au secret défense. Toutes nos libertés peuvent donc être potentiellement violées sans réelle contestation possible, ce qui se passe est très grave !
IV. Une dictature sanitaire fondée sur le déni de la mort
Le virus est là, nous le savons. Le gouvernement se justifie à grands renforts d’images de transferts sanitaires et de gens intubés dans les hôpitaux, c’est du chantage affectif.
Pour autant, quelle est la réalité ?
Didier Raoult, notre Gaulois réfractaire protecteur de nos libertés, interviewé par Laurent Ruquier le 7/11/2020 pour l’émission « On est en direct » sur France 2 a réagi au coup de sang d’Olivier Véran et a son instrumentalisation scabreuse du cas d’un jeune homme intubé. RTL résume en ces termes cette réaction dans un post du 8 novembre 2020 : « Laurent Ruquier a ensuite évoqué la colère d’Olivier Véran à l’Assemblée nationale, qui avait pris en exemple un jeune homme dans un état grave, pour alerter sur les dangers de la maladie. Selon le professeur Raoult, ces cas sont loin d’être fréquents. «Nous avons eu, ici à l’IHU, trois personnes de moins de 60 ans qui sont mortes. Elles avaient 58, 59 et 59 ans.»
Le même Olivier Véran dans son allocution du jeudi 5 novembre 2020 avoue également que « Sur 100 personnes positives au coronavirus, 90 ne vont pas développer des symptômes ou seulement des symptômes légers. 8 % des patients devront être admis à l’hôpital, et enfin il y a 2 % de cas qui nécessitent d’aller en réanimation ». Dans quelle mesure peut-on menacer la survie économique de 90% de la population pour la seule préservation de 2% d’admis en réanimation que l’on ne peut pas soigner pour la raison suivante : Emmanuel Macron, sous le précédent quinquennat, a lui-même saccagé les capacités d’accueil des hôpitaux. C’est lui le coupable des difficultés actuelles, pas le peuple !
L’explication est celle du refus de la mort. Les politiciens et les médecins les conseillant, dans un orgueil incommensurable de créatures voulant jouer au Créateur, refusent la réalité de la mort. Quand un malade décède de la Covid ou d’une autre maladie, désormais, on l’enfouit vite dans une housse pour le faire disparaitre et on empêche de le veiller.
La grippe espagnole a causé des milliers de morts entre 1918 et 1919 mais la population française avait la foi et cette foi l’a sauvé ! Le salut était dans les églises plus que dans la médecine. Le salut de l’âme était l’essentiel. En 1914-1918 le salut des soldats était dans le culte catholique. Dans l’horreur de la boue, du sang, des tranchées, de la mort pouvant frapper à chaque instant, beaucoup songeaient surtout à leur salut éternel. Ces soldats avaient foi dans le Psaume 134-14 : « Car le Seigneur jugera son peuple, et se laissera fléchir aux prières de ses serviteurs. »
En 1720, la ville de Marseille est touchée par la dernière épidémie de grande peste. A une époque où il n’existait aucun traitement et aucune réelle prise en charge médicale, la peste se propage, extrêmement contagieuse. Elle ravage Marseille où elle cause entre 30 000 et 40 000 décès sur 80 000 à 90 000 habitants. La maladie frappe ensuite la Provence où elle fait entre 90 000 et 120 000 victimes sur une population de 400 000 habitants environ. La religion catholique fut alors l’unique salut des habitants. L’évêque de Marseille, Monseigneur de Belsunce et ses prêtres confesseront et communieront les mourants extrêmement contagieux, leur enseignant les fins dernières…
Quelle différence avec certains de nos clercs actuels, qui ont cessé de transmettre la foi au peuple chrétien!
La population a perdu toute foi et se trouve paniquée à l’idée de mourir, prête à accepter la dictature, car elle ne croit plus en Dieu. Son sursaut de liberté au début d’Emmanuel Macron a été marqué par l’emblème d’un dérisoire gilet jaune, par perte de la Connaissance de Notre Seigneur.
D’autres saints hommes, toutes fraternités et tous diocèses confondus, prêtres réfractaires célèbrent la sainte messe hors des églises. Ce sont eux les pasteurs qu’il faudra suivre désormais !
Un principe de séparation des pouvoirs saccagé par Emmanuel Macron
La peur de mourir de la Covid, le chantage à la solidarité du gouvernement et la sidération ainsi que la peur peuvent priver un trop grand nombre de nos concitoyens d’accuser d’autocratie Emmanuel Macron et son gouvernement mais mesurons bien la gravité de ce qui se passe aujourd’hui. Depuis plus de six mois, une poignée d’hommes via un Conseil de Défense opaque et dangereux nous impose ses décisions et la privation de nos libertés les plus fondamentales et ce, sans réel débat parlementaire, sans réels contrepouvoirs.
Cette dictature qui s’installe viole nos libertés publiques les plus fondamentales, détruit des familles, plonge l’économie dans la récession la plus sombre au nom de la survie d’une infime partie de la population qui ira en réanimation. Quel berger a-t-il déjà tué tout son troupeau au non de la survie d’une seule brebis qu’il est également important de protéger ? Aucun, c’est de la folie pure !
Comme le disait très bien Montesquieu, « lorsque, dans le même personne, la puissance législative est réunie à la puissance exécutrice, il n’y a point de liberté ».
La Déclaration des Droits de l’Homme du 26 aout 1789 bâtie pour la première monarchie constitutionnelle énonce également en son article 16: « Toute société dans laquelle la garantie des droits n’est pas assurée, ni la séparation des pouvoirs déterminée, n’a point de Constitution. »
Le devoir de résister à l’oppression
Dans l’actuelle société française, la garantie des droits et la séparation des pouvoirs ne sont plus assurés, il n’y aurait donc plus de Constitution. Cette disparition de notre démocratie ne rend-elle pas légitime contre le dictateur l’usage de l’article 2 de la Déclaration des Droits de l’Homme du 26 aout 1789 imposant la résistance à l’oppression ?
Ce devoir relève en quelque sorte d’un droit naturel, réaffirmé avec force au Moyen-Age.
Jean de Salisbury dans son « Policraticus » paru en 1159, en vertu du principe paulinien qui affirme que tout pouvoir vient de Dieu (Romains XIII), commence par rappeler que le prince est le lieutenant de Dieu sur terre, ainsi que la tête d’un corps politique dont il doit assurer la conservation et pour lequel il doit faire régner la justice. En cela, ce prince est le ministre du bien commun et doit être respecté. Cependant, Jean de Salisbury rappelle également que, lorsque la volonté du Prince devient, au mépris des lois de Dieu, « esclave de son désir » et qu’il abuse de son pouvoir à des fins personnelles, le tyran incarne alors le diable. Il devient alors un devoir de le renverser.
Saint Thomas d’Aquin, fondera quant à lui son devoir de résistance à l’oppression sur les paroles du premier Pape, saint Pierre: « Il faut obéir à Dieu plutôt qu’aux hommes » (Actes des Apôtres, 5, 29). Cette citation de saint Pierre permet au docteur angélique d’admettre le refus d’obéissance au tyran si celui-ci incite à l’idolâtrie ou à une action contraire à la loi divine (Somme théologique, Ia, IIae, q. 96, art. 4).
A méditer…
[1] Alexandre Soljénitsyne, Le Premier Cercle.
[2] https://www.youtube.com/watch?v=tCkKXYUzsFo
[3] https://www.contrepoints.org/2020/11/07/383781-vote-sur-letat-durgence-sanitaire-olivier-veran-imite-segolene-royal
[4] https://www.youtube.com/watch?v=zJAGX-utVCs
https://www.lesalonbeige.fr/totalitarisme-en-marche-et-mise-des-institutions-parlementaire-a-larret/
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire