Marc Rousset
La Bourse de Paris s’est envolée de 7,57 %, lundi, après l’annonce d’une « efficacité à plus de 90 % » d’un vaccin contre le Covid-19 des groupes Pfizer et BioNTech. Il est possible d’obtenir, un jour, un bon vaccin suite aux nombreux travaux en cours, mais avec Pfizer, nous sommes en pleine « exubérance irrationnelle ».
Ce vaccin innovant, parmi les quatre grandes catégories de vaccin, est à ADN ou ARN messager sans aucun recul technologique, d’où des effets secondaires possibles inconnus pour l’instant. Il doit être conservé à très basse température (-70 °C), suite à son instabilité thermique, nécessite deux injections à trois semaines d’intervalle et personne ne connaît, à ce jour, sa durée d’efficacité. Le Chinois Sinovac vient de suspendre ses essais au Brésil après un « incident grave ». La seule chose de certaine, c’est que le PDG Albert Bourla, en vendant 5,6 millions de dollars d’actions, le jour de l’annonce de l’efficacité du vaccin, tout comme la vice-présidente Sally Susman, ont effectué une excellente opération financière et s’en sont mis plein les poches.
L’annonce du laboratoire Eli Lilly, avec son traitement aux anticorps pour patients non hospitalisés, paraît plus prometteuse, avec moins de risques. Et même si le virus devait disparaître, cela ne signifierait pas que la croissance économique se rétablirait du jour au lendemain. L’économie mondiale devra toujours faire face à la situation pré-catastrophique de l’hyper-endettement avant la crise du Covid-19, en mars 2020, à laquelle sont venus partout s’ajouter des milliers de milliards de dollars.
La réalité actuelle, c’est que nous assistons, en France, à une explosion record du chômage, soit 2,7 millions de personnes (9 % de la population active). Le nombre de personnes privées d’emploi a bondi de 628.000 personnes, au troisième trimestre. Le pire est à venir, avec un taux de chômage à 9,7 %, fin 2020, selon l’INSEE. Selon le Secours catholique, la France est en passe d’atteindre les 10 millions de pauvres, et une fois déduites les dépenses contraintes, la moitié vit avec moins de neuf euros par jour.
81 % des Français sont inquiets pour leurs enfants qui risquent de connaître la pauvreté. 43 %, seulement, sont partis en vacances, en 2020. Un Français sur quatre en arrive à se restreindre sur ce qu’il mange pour des raisons financières. La lourde erreur de ce gouvernement, concernant les petits commerces, précipitant les faillites, ne peut qu’ajouter à des drames humains du confinement pires que le décès accéléré de personnes âgées dans les EHPAD souffrant d’autres affections graves.
L’autre réalité, sur le plan économique, c’est que l’inflation en France, suite à la faiblesse de la demande, aux capacités inemployées et à la concurrence internationale, est nulle. Les ménages, au lieu de consommer, épargnent car la population vieillit et parce qu’ils ont peur du lendemain. Si l’absence d’inflation devait perdurer, ce qui est improbable, les impôts viendraient encore peser davantage sur les classes moyennes afin de stabiliser la dette.
Une inflation minimale de 7 à 8 % apparaîtra alors assez rapidement, ce qui permettrait de diminuer la dette, comme ce fut le cas pendant les Trente Glorieuses afin de pouvoir rembourser la dette publique de 1945. Le Système et la BCE feront tout pour maintenir artificiellement des taux bas, comme aujourd’hui, bien qu’un peu plus élevés. Mais si l’inflation devient plus substantielle, le Système ne pouvant plus contrôler l’augmentation des taux d’intérêt, nous vivrons alors la banqueroute de l’Italie, de l’Europe du Sud et de la France, avec explosion inévitable de la zone euro.
La BCE devrait augmenter ses rachats d’actifs le mois prochain ainsi que les opérations TLTRO. Christine Lagarde a averti, mercredi, que même avec un vaccin contre le Covid-19, la reprise économique en zone euro risquait d’être instable, car dépendante du rythme de déploiement des traitements. Selon Éric Woerth, « nous allons en 2020 vers 11 % de récession, 11 % de déficit, 11 % de chômage, avec des recettes fiscales qui couvrent 50 % des dépenses : cette situation n’a jamais existé ! Elle nous met en risque absolu face aux marchés financiers. » Dès que la BCE cessera d’acheter la totalité des titres émis de la dette française comme de la dette italienne, les taux d’intérêt remonteront à la verticale et ces deux dettes publiques se révéleront insoutenables.
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