Gérald Darmanin (ministre de l’Intérieur) qui porte plainte contre Audrey Pulvar (tête de liste socialiste aux prochaines élections régionales) ; laquelle porte plainte, à son tour, contre le même Darmanin. Un wapiti n’y retrouverait pas ses petits.
À l’origine de cette polémique, la récente manifestation des policiers devant le palais Bourbon à laquelle participait leur ministre de tutelle. Audrey Pulvar : « Une manifestation soutenue par l’extrême droite, à laquelle participe un ministre de l’Intérieur, qui marche sur l’Assemblée nationale pour faire pression sur les députés en train d’examiner un texte de loi concernant la justice, c’est une image qui, pour moi, était assez glaçante. » Surtout en un mois de mai où le fond de l’air est plus que frais.
Il est vrai qu’en la circonstance, Gérald Darmanin se démultiplie. Ministre de l’Intérieur, il marche avec ses administrés de tutelle pour manifester contre un gouvernement dont il fait pourtant partie. Chargé de la bonne tenue des élections régionales, il est en même temps juge et… partie, puisque se présentant, dans les Hauts-de-France, sur la liste d’Éric Dupond-Moretti, ministre de la Justice honni par les policiers. Bref, ce sarkozyste contaminé par le variant macronien, c’est Fregoli.
Pourtant, Audrey Pulvar, peut-être aveuglée par son enthousiasme, ses lunettes Bonnet™ (la marque préférée de Jean Gabin et Michel Polnareff) à quinze mille euros la paire et des sondages en berne, néglige un tout petit détail : dans cette manifestation « glaçante » sont venus se réchauffer, malgré la présence de « l’extrême droite », la crème de la gauche de progrès : Anne Hidalgo, mairesse de Paris, Olivier Faure, premier secrétaire du PS, sans oublier Fabien Roussel et Yannick Jadot, respectivement candidats PCF et EELV à l’élection présidentielle de 2022. Comme quoi, fidèle à la traditionnelle bienveillance de la gauche des beaux quartiers, Audrey Pulvar a une vision plus qu’inclusive de cette même « extrême droite ».
Et Gérald Darmanin de s’en prendre à Audrey Pulvar : « Les propos de Mme Pulvar dépassent le simple cadre d’une campagne électorale et viennent profondément diffamer la police de la République. Je porte plainte au nom du ministère de l’Intérieur. » Un ministre qui porte plainte au nom de son ministère ? On n’est jamais si bien servi que par soi-même. Une plainte qui vise d’ailleurs, entre autres griefs, une vidéo remontant à 2020, exhumée par les services de Valérie Pécresse, présidente du Conseil régional d’Île-de-France et ex-LR, tout comme Gérald Darmanin, dans laquelle Audrey Pulvar stigmatise « le racisme dans la police ». Même celui de ses nombreux compatriotes antillais, dont le poids n’est pas négligeable dans les forces de l’ordre, deux d’entre eux étant ainsi impliqués dans l’affaire Traoré ?
Quant à Audrey Pulvar et ses colistiers, la riposte est immédiate : « Nous avons décidé de porter plainte contre le ministre de l’Intérieur pour diffamation et dénonciation calomnieuse. » Bref, ça porte plainte de partout, dans la grande maison républicaine. Du plafond jusqu’aux plinthes, dira-t-on.
À cette fête de l’esprit, ne négligeons pas Jean-Luc Mélenchon qui, après avoir dénoncé une manifestation de « factieux », vient de tweeter : « Pleine solidarité avec Audrey Pulvar. Darmanin joue les gros bras. Il veut intimider. Sa plainte montre sa faiblesse et sa peur des organisations policières qui font la loi dans son ministère. »
Devant une telle démonstration de fermeté et d’unité républicaines, racailles, voyous, terroristes en devenir et dealers doivent se taper la panse de rire. Pour une fois, on ne saurait les en blâmer.
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