On doit évidemment souhaiter, et il n'est pas extravagant de pronostiquer, dès maintenant, que la liste conduite par Audrey Pulvar en vue des élections régionales en Ile-de-France aille à la catastrophe. Un désastre pour la gauche signifierait souvent un peu de ciel bleu pour le pays.
Ce 25 mai, sans paraître outrageusement optimiste, Valeurs actuelles décrit par exemple une "Audrey Pulvar en plein naufrage électoral". L'hebdomadaire de droite aime à considérer en effet que "créditée d’à peine 10 % des voix aux régionales en Île-de-France, la candidate socialiste sombre dans le racialisme et le discours anti-police. Une campagne désespérée qui préfigure le sort de la gauche indigéniste à la prochaine élection présidentielle."
Tel sympathique commentateur va plus loin encore. Il se plaît ainsi à imaginer qu'elle entraînerait avec elle également, dans sa chute que nos amis anticipent l'ambitieuse Hidalgo. Celle-ci ne joue-t-elle pas ces temps-ci les rassembleuses, autour d'elle bien sûr, en vue de l'élection présidentielle de 2022.
Il me semble pourtant raisonnable de se garder d'un tel triomphalisme. Aucun match n'est gagné tant que l'arbitre n'en a pas sifflé la fin.
Quelle est donc la tactique actuelle de l'adjointe d'Hidalgo à la mairie de Paris. Elle peut échouer. Et inutile de souligner que l'auteur de ces lignes le souhaite. Mais elle n'est peut-être pas aussi folle qu'on pourrait le penser.
Sans doute est-elle "créditée dans les sondages" d'à peine plus de 10 % des voix. Mais la liste Pulvar entre en concurrence directe avec Clémentine Autain. Se réclamant de la France insoumise, cette dernière n'a, pour le coup, apparemment pas la moindre chance de l'emporter. De plus, sur la photo, observée du point de vue de ces "jeunes" que l'on nous présente toujours comme des "chances pour la France", Pulvar peut paraître plus attirante que la militante Autain.
Sa campagne a bel et bien démarré. Ses prises de position tant soit peu provocatrices contre "le racisme dans la police", et contre la manifestation du 19 mai, choquent la droite. Mais elles font parler d'elles. Les prospectus de sa propagande ont commencé à inonder nos boîtes aux lettres. La démagogie éhontée en faveur de la gratuité des transports publics rencontre un écho favorable chez les naïfs. Il n'est donc pas interdit d'imaginer qu'elle parvienne à ramasser les voix sans espoir de la France insoumise et du parti communiste, bref qu'elle fasse s'approche de 20 % des voix, contraignant l'extrême gauche au ralliement. Elle se retrouverait présente au second tour dans pas mal de départements, éliminant la concurrence mélenchonienne en vue des élections de 2022.
Cette éventualité n'est hélas pas plus ridicule que les éternelles victoires annoncées, comme on les aime beaucoup à droite, mais qui se transforment en déroute. Qu'on se souvienne des pronostics de 2018 à propos des municipales que devait perdre Hidalgo en 2020. Déjà à l'époque cette chronique mettait le lecteur en garde...
Sa tactique semble donc de dépasser Mélenchon sur sa gauche. Même si elle échoue il en restera aussi des dégâts car elle aura mis en selle ce qu'on appelle, curieusement dans l'ancienne Gaule, "l'indigénisme" cherchant à rassembler la gauche et l'extrême gauche, en communion désormais, contre les forces de l'ordre et les indigènes, au vrai de sens de ce mot.
Or, dans la campagne rivale, celle de Mélenchon[1], on trouve une tentative de réponse à cette surenchère gauchiste et indigéniste. Or, on note qu'un sujet lui est cher celui de cette zone d'Amérique du sud des Caraïbes, entre Cuba et Bolivie, sujet que la grosse presse française n'aborde en général pas ou de façon totalement erronée, et que le pays qu'il met aujourd'hui en avant n'est autre que la Colombie.
Pour lui, il faut soutenir tous les barbudos devenus narcotrafiquants. Ne l'oublions jamais, en effet, la révolution néobolivarienne imaginée par Chavez, incarnée par son successeur vénézuélien Maduro ou par l'ancien représentant indianiste bolivien des planteurs de coca Evo Morales c'est aussi le paradis des trafiquants de cocaïne, base d'une finance aux dimensions mondiales.
En 2018, L'Huma croyait pouvoir écrire : "Colombie. L’ex-guérillero Petro sur la route de la présidence"[2]. Fort heureusement il n'en a pas été ainsi, car à la fin du match, comme indiqué précédemment, la gauche rassemblée autour de l’ex-guérillero Petroa été vaincue le plus démocratiquement du monde, n'obtenant au deuxième tour que 41 %.
Seulement depuis 2019, son parti s'est développé. Rebaptisé du nom usurpé de Colombie humaine par l’ex-guérillero Petro, ce parti a créé depuis fin avril, dans les principales villes du pays, une situation de violence insurrectionnelle de la plus extrême gravité, face à laquelle la droite mollasse au pouvoir, derrière le président Duque, se trouve complètement désarmée.
Et bien entendu les habituels pétitionnaires de gauche, parmi lesquels on retrouve les mélenchonistes, l'extrême gauche et la camarade Clémentine Autain ont lancé le 10 mai, sur Mediapart, un appel dont nous connaissons le refrain sur le thème "halte à la répression"... [3]
JG Malliarakis
Correspondance d'Eduardo Mackenzie
Notre ami Eduardo Mackenzie, directeur de Colombian News, nous a adressé ce 25 mai la correspondance reproduite ci-dessous [4]:
María Antonia Pardo, la directrice de la communication de Gustavo Petro, le leader du parti Colombia Humana, a commenté hier, dans un dialogue virtuel, un épisode qui avait rempli les Colombiens de tristesse et de colère le 24 mai, lorsque deux parents, de modestes agriculteurs du département du Boyaca, ont vu leur nouveau-né mourir parce que l'ambulance dans laquelle ils l'emmenaient à un hôpital de Bogotá fut bloquée sur une autoroute par une foule de vandales en grève. "La mère se rendait à Bogotá en toute urgence, car sa grossesse était à haut risque", a expliqué un journal.
Avec une froideur impitoyable, María Antonia Pardo a assené : « Le bébé n'est pas mort à cause des manifestants, le bébé serait mort de toute façon ». Le rejet de ses interlocuteurs a été immédiat. Ils connaissaient l'histoire de la mort de ce bébé. "Ce que vous venez de dire est dégueulasse, a déclaré l'un d'eux.","C'est irrespectueux", a ajouté un autre. "Nous ne parlons pas d'un chien, nous parlons d'un enfant, bon Dieu !", s'est exclamé un autre intervenant.
Lorsque la presse a diffusé cet échange, une vague de stupeur a secoué le pays. Une telle analyse mensongère n'aurait pu être lancée par María Antonia Pardo sans l'autorisation de Petro, son patron.
Non seulement l'ambulance avait été bloquée sur l'autoroute près de Tocancipá par un groupe de 200 vandales, mais ceux-ci ont également annoncé qu'ils renverseraient le véhicule parce qu'il convoyait des armes. L’hebdomadaire Semanaa recueilli le témoignage de Luz Mary Arévalo et Yon Fredy Abril, les parents du bébé décédé :
"L'ambulance a non seulement été arrêtée, mais également attaquée avec des bâtons et des pierres, les manifestants affirmant qu'il n'y avait pas une mère sur le point d’accoucher à l'intérieur mais qu’il transportait du matériel de police. La violence contre la voiture était telle que Luz Mary a qualifié cela de ‘torture’. Et à ce moment-là, que pour Salvador s’est éteint l’espoir de vivre. Lorsqu'ils ont crié qu'ils allaient mettre le feu à l'ambulance si nous ne retournions pas dans notre village, nous avons été saisis de panique à l‘idée de mourir brûlés vifs. À cet instant, j'ai pratiquement expulsé le bébé", a déclaré Luz Mary. Le bébé est décédé cinq minutes plus tard par manque d'oxygène. Ses parents lui avaient donné le prénom de Salvador.
La conclusion est évidente : pour le parti Colombia Humana, une telle agression barbare, et la mort du bébé dans l'ambulance immobilisée et secouée par les vandales, constitue un crime qui pourrait bientôt retomber sur Gustavo Petro. Pour cette raison, ces informations devaient être rapidement retirées des médias et du viseur des acteurs judiciaires. Il fallait nier le fait réel et fabriquer une fausse explication, même si celle-ci était une insulte à la conscience morale du pays. L’acte désinformateur a été confié à María Antonia Pardo.
La mort du nouveau-né a peu d’importance pour le militantisme extrémiste : le parti de Gustavo Petro soutient l'avortement sous ses formes les plus radicales. Selon eux, la mort de Salvador devait être attribuée aux parents du nouveau-né ou pourquoi pas au chauffeur de l'ambulance, mais jamais à ces abominables Petristes qui ont agi sans la moindre miséricorde ni la moindre humanité, en empêchant l'ambulance d’arriver à destination.
Yon et Mary "essaient de surmonter leur douleur" ; "sa tragédie a secoué la Colombie et le monde", lit-on dans les colonnes de Semana.
Lors des violents troubles générés depuis le 3 avril par la grève insurrectionnelle décrétée par le bloc d'opposition dirigé par Gustavo Petro, 16 ambulances ont déjà été attaquées rien qu’à Bogotá. Le pire, c'est qu'il y a déjà deux bébés qui sont morts à la suite de ces blocages illégaux. L'autre cas est celui d'une fille nouveau-née, et qui était dans un état grave, qui devait être transportée d’urgence dans un hôpital de Cali et qui est décédée dans les bras de son médecin car son ambulance avait été bloquée. Telle est la véritable situation en Colombie, alors que la presse internationale diffuse sans état d’âme de fausses informations sur les soi-disant "manifestations pacifiques"dans lesquelles les héros sont les vandales, et leurs méthodes abominables, et les criminels sont la population civile et la force publique.
Et Eduardo Mackenzie conclut :
"Colombie inhumaine", c’est ainsi que le parti de Gustavo Petro devrait s’appeler, car il n’est que cela : un parti bestial, dénué d'humanité, de sentiments et d'intelligence. C'est un parti dirigé par des brutes, au sens zoologique du terme. Ce parti qui se fait appeler «Colombia Humana » est en réalité un parti qui a perdu ses réflexes humains, qui fait prévaloir ses sordides intérêts matériels sur la vie humaine, y compris sur la vie d’enfants venus au monde depuis quelques jours seulement, voire quelques minutes à peine.
Apostilles
[1] cf. Sa revue de la Semaine en date du 5 mai.
[2] cf. article de Cathy Dos Santos in L'Humanité du 29 Mai 2018
[3] cf. "Colombie: halte à la répression – Pour le respect de l'application des accords de paix"
[4] cf. Le parti Colombie Humaine est-il encore digne de ce nom ?
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