mardi 12 juillet 2022

Darmanin veut (enfin !) expulser les étrangers condamnés : on y croit ?

  

Quelle mouche a donc piqué le ministre de l’Intérieur ? Gérald Darmanin durcit le ton sur les étrangers coupables d’actes graves en France, tapant même du poing sur la table dans Le Monde de ce week-end, comme l'écrivait hier Philippe Kerlouan : « Nous voulons permettre l’expulsion de tout étranger reconnu coupable d’un acte grave par la justice quelle que soit sa condition de présence sur le territoire national. » Et il insiste : « Un étranger qui ne respecte pas la République doit être expulsé. ».

En six mois, selon lui, on a augmenté de 27 % les éloignements ; nous en sommes à près de 7.000. On est prêt à applaudir tant de fermeté pour ce qui est, en réalité, une mesure élémentaire de souveraineté. Dans la plupart des pays de monde, un délit grave expose à une expulsion immédiate.

Cette mesure est tellement nécessaire, tellement évidente, qu’elle était proposée par le candidat Macron en 2017. Elle fit partie des mesures phares de Zemmour durant sa campagne et fut une des plus applaudies durant ses meetings. La même mesure d’expulsion des étrangers condamnés est encouragée, dès ce week-end, par Marine Le Pen, avec un peu d’ironie… « Si Monsieur Darmanin veut expulser les étrangers coupables de crimes et de délits, on signera des deux mains son texte et on va même l’améliorer pour lui permettre d’être plus performant ! » Cette mesure pourrait donc rassembler un consensus Macron-LR-RN ! Inédit !

Mais s’il y a un vaccin efficace, c’est bien celui administré par le macronisme à une opinion publique définitivement prévenue contre la naïveté et la crédulité. Derrière les rodomontades de Darmanin, la politique politicienne n’est jamais très loin. Pourquoi cette déclaration et faut-il y croire ?

Il faut se poser la question. D’abord parce qu’une large part de l’opinion est ulcérée de lire et d’entendre la succession des crimes et délits commis par des étrangers en France, de la délinquance à haute intensité (et à fort degré de mensonge étatique) du Stade de France jusqu’au terrorisme pur et dur abordé lors du procès de Salah Abdeslam.

En politique roué, Darmanin a perçu le procès populaire dénonçant un pouvoir déconnecté des réalités vécues par les Français sur l’insécurité, l’ensauvagement ou l’immigration incontrôlée

Il a aussi saisi le contexte politique. Zemmour est monté jusqu’à 17 à 18 % d’intentions de vote durant la campagne sur ces thèmes. Quant à Marine Le Pen, elle n’a jamais abandonné ce créneau, avec un succès manifeste lors des derniers scrutins.

Darmanin sait qu’il doit répondre à l’inquiétude des Français sur ce thème. L'homme qui « veut parler au tripes des Français » (toujours Le Monde) connaît aussi le risque politique pris par le pouvoir s’il ne répond pas. Et il le dit clairement dans cet entretien : l’objectif, c’est de ne pas laisser le champ libre aux extrêmes qui pourraient s’en servir pour préparer une alternance.

Le ministre macronien révèle ainsi son jeu en une phrase. Alors, volonté politique ferme ou opération de communication politique pour contenir la poussée actuelle de Marine Le Pen dans les sondages ?

Un gouvernement se juge sur ses actes. Or, ce gouvernement a décidé de rapatrier les familles de  de la zone irako-syrienne en faisant prendre des risques immenses aux Français. Surtout, le ministre a le verbe haut mais le geste faible. Lorsque nos juges ont prononcé pour des étrangers une obligation de quitter le territoire français, les fameuses OQTF, après un parcours judiciaire souvent homérique, le taux d’exécution de ces décisions est tout simplement… ridicule : ce taux n’a jamais dépassé les 15 % depuis l’accession au pouvoir de Macron en 2017, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur lui-même.

Mais il a en outre franchi un record à la baisse à moins de 8 % sur les six premiers mois de 2020, selon les derniers chiffres connus. Donc, entre 85 % et 92 % de ces étrangers condamnés à l’expulsion par la justice française restent en France, en bravant la loi ! Un désastre pour notre sécurité, pour notre justice et pour l’autorité de l’État ! Enfin, la tâche est immense : un prisonnier sur quatre en France est d'origine étrangère, sans parler des binationaux !

Avant d'applaudir le courage de Darmanin, les Français jugeront les actes et regarderont les chiffres. Aujourd’hui, soyons clairs, personne ne croit à cette reprise en main.

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