RÉCIT – Depuis le 13 mars, les trois étages de ce bâtiment sont occupés illégalement. Les serrures ont été changées. Le propriétaire, qui ne peut plus y accéder, est sous le choc.
Le rendez-vous a été pris en bas de son immeuble squatté. Son propriétaire, Alain Senand, aurait dû être présent mais la situation qu’il vit lui cause des problèmes de santé. Ce lundi après-midi, l’homme âgé de 75 ans est hospitalisé pour cause de malaise cardiaque. «Il ne dort plus qu’une heure par nuit», s’inquiète son frère Jean-Paul, qui le représente devant le bien immobilier occupé illégalement depuis le 13 mars.
Dans le quartier de la Madeleine-Champ de Mars, à Nantes, notre interlocuteur n’en revient toujours pas. Devant la porte d’entrée dont les vitres ont laissé place à des plaques soudées et sur laquelle un digicode remplace la serrure, il revient sur la chronologie des faits. Il explique en préambule que le rez-de-chaussée est loué par une école nantaise d’arts appliqués. Le premier étage est mis à disposition de son frère qui y passe régulièrement pour gérer ses dossiers administratifs, ou pour ses nièces vivant aux États-Unis qui repassent en France de temps à autre. Les deuxième et troisième auraient dû subir une cure de jouvence à partir du 1er mai. Les cloisons et peintures auraient dû être refaites pour une remise en location.
Serrure changée, vitre cassée
«Mon frère vient tous les jours sauf le samedi et le dimanche. Lundi 13 mars, il est venu voir son logement comme d’habitude. Il n’a pas pu rentrer», raconte le retraité, sous le regard provocateur des occupants. «Bonjour Monsieur», lui lance l’un d’entre eux depuis le balcon recouvert d’un tag et de mobilier recyclé. «Bonjour», répond Jean-Paul Senan. «Nous vivons un cauchemar ! Vive la France !… Des étrangers squattent un bien ne leur appartenant pas en cassant des vitres de porte et en changeant la serrure , et ils sont chez eux !, écrivait-il dans un échange de mails quelques jours auparavant pour exposer le calvaire familial. Par contre, vous faites la même chose pour rentrer chez vous et là vous êtes hors la loi… »
Quoi qu’il en soit, Jean-Paul Senand a déjà eu l’occasion d’échanger avec les familles qui se sont approprié les lieux : «Ils disent que le propriétaire a assez de pognon. Nous, on paye des impôts en conséquence pour occupation d’un logement vide. On paye leur eau, leur électricité… Et quand nous allons récupérer le bien, je ne vous explique pas… Un mur comme ça, il y en a pour 5000 ou 6000 euros pour le repeindre», anticipe-t-il en montrant une façade taguée et des montants peints en vert par les nouveaux habitants. «On est issu d’une famille modeste. Mon frère a bossé dur. Cet immeuble n’est pas tombé du ciel».
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