Ainsi, Laure Miller, députée de la Marne, entend-elle mettre sur pied une task force anti-RN. Marine Le Pen doit en trembler à l’avance. Quoique. Cité par Le Journal du dimanche, « un cadre lepéniste rappelle qu’une task force similaire avait été lancée par les Marcheurs en 2019. […] Elle n’a pas dû durer longtemps, car je ne m’en souviens même pas. » Quant à Edwige Wiaz, la pétulante députée RN qu’on sait, elle se contente, toujours selon la même source, de cette réaction plus que taquine : « Chiche ! Qu’ils viennent nous chercher ! »
Petite précision : Laure Miller vient de l’UMP. Tour à tour sarkozyste, pécressienne et macroniste, elle donne corps à cet adage voulant qu’avec une telle droite, la gauche n’a plus guère de raison d’être. Sa feuille de route ? « Faire sortir le Rassemblement national du bois pour montrer ce qu’il est réellement. » Ce que confirme l’un de ses anciens amis, Xavier Bertrand, qui, interrogé par BFM TV, confirme : « Personne ne débusque le Front national. » Comme quoi cette chasse à courre désormais très peu en cour pour cause d’écologisme millénariste peut encore retrouver ses lettres de noblesse, dès qu’il s’agit de traquer le dahu lepéniste en nos villes et nos campagnes.
Pour autant, en appeler au vocabulaire de la vénerie n’empêche pas non plus celui de la psychologie : « Il faut qu’on soit persuadés que notre adversaire politique, c’est l’extrême droite », confie un ministre, sous couvert d’anonymat, au JDD. Dans le même journal dominical, Jacqueline Maquet, députée (LR) du Pas-de-Calais, en rajoute dans l’introspection maladive : « J’ai beau réfléchir jour et nuit, je n’ai pas la solution. »
À ce stade d’obsession morbide, il convient sûrement d’aller consulter ; quitte à voter ensuite, même à majorité parlementaire relative, le remboursement à 100 % par la Sécu de l’anti-lepénisme compulsif. Les mêmes troubles du comportement paraissent d’ailleurs persister lorsque Laure Miller regrette le manque de dynamisme de son groupe quant aux propositions du Rassemblement national consistant à « doper la natalité » et à mieux dénoncer « leurs modèles : la Hongrie et la Pologne ».
Voilà un assez bel exemple de raisonnement à l’envers, pour ne pas évoquer des dysfonctionnements psychiatriques patents. De deux choses l’une : soit les propositions du RN en la matière sont pertinentes, soit elles ne le sont pas. Mais qu’elles aient pu être inspirées des politiques natalistes menées dans tel ou tel pays n’a finalement que peu à voir avec un sujet finalement pas si anodin qu’il n’y paraît. Surtout en pleine réforme des retraites, débat dans lequel la place des cotisants issus des générations futures est susceptible de remettre en cause notre système de répartition.
Dans le même registre, il est assez baroque de voir les mêmes reprocher à Marine Le Pen de possibles emprunts aux politiques hongroise et polonaise, adopter une langue n’ayant plus rien d’européen ; surtout depuis le Brexit et, en l’occurrence, directement importée des USA : la task force. Ces gens-là regardent décidément trop de séries et de films hollywoodiens.
La « task force »… et puis quoi, encore ? Les Expendables, la bande à Rambo ? Les Navy Seals et autres SWAT, unités d’élite américaines ? En attendant les Sept Mercenaires ? Par simple galanterie vis-à-vis de Laure Miller, on n’évoquera pas les Douze Salopards ; même en écriture inclusive. Mais on aurait pu.
Il est envisageable, pour les forces de progrès, que cette Septième Compagnie au clair de Lune ne vienne pas troubler plus que de raison le sommeil de Marine Le Pen et de ses députés.
Nicolas Gauthier
https://www.bvoltaire.fr/plus-fort-que-rambo-la-task-force-antimariniste-des-deputes-macronistes/
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