Les royalistes maurrassiens ont beaucoup fait parler d’eux ces jours derniers, à leur corps défendant et, en définitive, bien défendu… Les interdictions préfectorales de se réunir pour son colloque annuel et de défiler en hommage à Jeanne d’Arc dont le mouvement d’Action française a été la cible ont été levées par la justice administrative qui, de plus, a condamné l’État à verser à l’organisation royaliste deux fois la somme de 1.500 euros !
Cela n’a pas été du goût de l’actuel ministre de l’Intérieur, deux fois désavoué en moins de deux jours et qui a dénoncé, sur les réseaux sociaux, le caractère « nauséabond » (c’est le qualificatif employé) des slogans entendus dans les rues de Paris dimanche, en particulier « à bas la République », formule qui n’est pas totalement surprenante dans la bouche de royalistes qui pensent que la République n’est pas le meilleur régime pour la France... Il est amusant de constater que cela intervient après l’apostrophe de M. Mélenchon dans son discours du 1er Mai : « à bas la (mauvaise) République », façon de distinguer les Républiques entre elles et, donc, de « désessentialiser » la République en tant que telle, ce qui peut être, il faut bien le reconnaître, tout à fait intéressant pour les opposants à celle-ci…
En tout cas, M. Darmanin avait effectivement quelques motifs d’être mécontent au crépuscule du dimanche quand il a dû se résoudre à constater (sans le reconnaître) que les démonstrations de l’Action française avaient eu lieu sans les désordres et incidents que la préfecture, dans sa grande méconnaissance de l’histoire même et des traditions du mouvement monarchiste, avait annoncés et, peut-être, espérés. Sans négliger aussi le fait que les images retransmises par la chaîne BFM-TV en direct du cortège royaliste d’hommage à la Sainte de la Patrie, démentaient très clairement les phantasmes médiatiques d’une « ultradroite » (sic) vêtue de noir et cagoulée : les banderoles étaient bleues, jaunes, rouges ; elles étaient constellées de lys, d’hermines ou de lions des provinces de France et agrémentées de citations que nombre de téléspectateurs pouvaient s’approprier ou, du moins, lire sans filtre et sans caricature : « Les libertés ne s’octroient pas, elles se prennent » ; « Pour le roi, souvent ; pour la patrie, toujours ! »… On était bien loin des « images d’illustrations » fort inquiétantes qu’une partie de la presse avait complaisamment relayées les jours précédents !
Ma jeunesse militante était « Action française », et je m’en suis éloigné sans la renier ni la dénier : il m’arrive d’en critiquer quelques aspects ou des éléments de langage qui ne me semblent pas opportuns dans une stratégie royaliste de long terme, et je ne me sens pas concerné par certaines des idées et certains des engagements anciens de l’AF de Maurras, me retrouvant alors plus du côté de Pierre Boutang ou de Georges Bernanos, voire de Thierry Maulnier, que de celui de l’AF officielle de l’époque. Mais lorsqu’elle est attaquée de façon injuste, je veux me tenir à ses côtés, dans la tradition des Camelots du Roi à laquelle je reste, en esprit comme en pratique, profondément attaché. Et, le reste du temps et en toute liberté d’esprit et de parole, je n’ai aucune hésitation à parler dans ses réunions ou à écrire dans les colonnes de sa presse, la fleur de lys toujours vissée au cœur… N’est-ce pas, tout compte fait, la meilleure réponse à faire à M. Darmanin et à tous ceux qui caricaturent l’Action française faute de pouvoir la comprendre ?
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