« J’ai indiqué que je souhaitais me rendre au quartier de l’isolement où est incarcéré le policier, non loin du meurtrier d’Yvan Colonna, Franck Elong Abé, raconte Romain Baubry. On m’y a conduit. » Cette visite impromptue a, apparemment, suscité une certaine ébullition dans l’enceinte de la prison où on appelle les plus hautes autorités. Pour gagner du temps, on fait visiter au député les quartiers d’isolement, la bibliothèque, une cellule vide…
Impossible de le voir
Ce quartier, qui abrite notamment plusieurs détenus radicalisés, est un bâtiment à part : les cellules d’isolement sont au deuxième étage d’une des ailes. L’administration pénitentiaire a l’habitude de ces visites surprises mais, cette fois, elle refuse d’ouvrir la cellule du policier, en dépit d’un appel à la chancellerie. Le policier est sous les verrous en détention provisoire, il y reste, explique-t-on au député.
Mais Romain Baubry a déjà pu avoir accès à des détenus en détention provisoire, sans aucun problème, dans d’autres établissements et d’autres circonstances. « Une note de service du ministère stipule qu’un élu peut rester seul à seul avec un détenu, précise-t-il. Cette fois, c’est appliqué de manière différente. Je me suis retrouvé devant sa cellule fermée. Impossible de le voir, de connaître son état psychologique. » Le député RN a pu vérifier que le policier se trouvait bien à trois cellules d’écart du détenu extrêmement dangereux Franck Elong Abé et qu’il était soumis aux mêmes conditions de détention qu’un détenu pour terrorisme. À BFM TV, l'avocat de Florian M., maître Laurent-Franck Liénard, a confié l'état de son client : « C'est un tsunami dans sa vie, il est frappé comme quelqu'un qui a connu un traumatisme majeur, il est encore dans un état de sidération. »
Romain Baubry n’a pas de contacts avec la famille du policier mais cette affaire résonne pour lui de manière particulière. Il a en effet mis entre parenthèses sa carrière dans la police en juin 2022, au moment de son élection à l’Assemblée nationale. Il a conservé des liens avec ses anciens collègues. « Dans les milieux policiers, on a du mal à prendre son service en sachant qu’on couchera peut-être en prison le soir même, explique-t-il. Il y a, en France, un refus d’obtempérer toutes les vingt minutes, cela peut concerner jusqu’à 70 policiers par jour. Ces pratiques les mettent en danger. » Il a fait le calcul : dans sa carrière et malgré son jeune âge, il a essuyé une centaine de refus d’obtempérer. Des faits généralement peu punis. « Je n’ai jamais vu un délinquant incarcéré après un refus d’obtempérer, assure l’ancien flic. Ces faits ne sont jamais jugés à la hauteur de leur gravité. »
Il se souvient de cette voiture, par exemple, qui, en 2018 à Vitrolles, refuse d’obtempérer, manque d’accrocher des piétons et roule en sens interdit sur le terre-plein central. « J’ai fait usage de mon arme dans les mêmes conditions que le policier incarcéré, témoigne Romain Baubry. Dos au mur, j’ai tiré sur le véhicule qui me fonçait dessus. J’ai impacté la porte, mais le véhicule a pris la fuite. Il avait déjà commis des refus d’obtempérer… Cette auto n’a jamais été retrouvée. »
« Le motif d'incarcération ne tient pas »
Face aux gendarmes, peu de Kevin et de Matteo, comme les appelle le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. « Sur Marseille, 80 % des interpellés le 3 juillet (soit 40 personnes sur cinquante) portaient des prénoms à consonance étrangère, précise le député RN. Des gens qui ont pour beaucoup une haine de la France. »
Le succès de la cagnotte lancée par Jean Messiha pour défendre ce fonctionnaire montre qu’une partie de la population le soutient, constate le député. Il réclame la libération rapide du policier. « On a condamné ce policier avant le début de l’enquête, constate Romain Baubry. Mais son incarcération n’a pas empêché les troubles à l’ordre public. » Elle est donc sans objet désormais, plaide Romain Baubry. « Le motif ne tient pas. »
Derrière le sort de ce policier embastillé, une guerre entre la France de l’ordre et celle du chaos, sur fond d'émeutes, de pillages et d'incendies, tandis que la NUPES réclame à grands cris le désarmement de la police. A-t-on touché le fond ?
Marc Baudriller
https://www.bvoltaire.fr/la-visite-surprise-du-depute-romain-baubry-aupres-du-policier-de-nanterre/
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